OLEANNA
Confronté à la demande d'aide d'une de ses étudiantes, un brillant professeur d'université, John, ne se doute pas qu'elle le mènera à sa perte.
L'étudiante pleine d'incompréhensions, effacée (dominée ?), maîtrisant mal langage et savoir, finira par affronter le professeur en portant contre lui des accusations de plus en plus graves, accusations qui pour aussi absurdes qu'elles soient, l'anéantiront.
Renversement des rapports de pouvoir.
Dès lors, un engrenage implacable prend forme sous nos yeux, provoquant notre effroi, qui assistons à la chute du professeur (destitué pour harcèlement et agression sexuels) et à la prise de pouvoir totalitaire de la jeune femme.
Ce renversement est admirablement servi, habité, par les deux comédiens ; dans une mise en scène sobre, beaucoup repose sur leur gestuelle, leur occupation de l'espace. Le corps de la jeune femme, initialement tassé sur un siège, se redressera ; sa parole pauvre, heurtée, se libèrera en longues diatribes. Le professeur, mobile, ses déplacements soutenant l'aisance de son discours, perdra de son assurance, de sa superbe ; il sera petit à petit comme pétrifié, en perdra sa voix.
Lien vers la galerie photos : OLEANNA De David Mamet
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2 commentaires
Commentaire de: Jacqueline Chevallier Membre
J’ai trouvé la pièce et le jeu des acteurs absolument magnifiques. Ce qui est très fort, c’est que le propos n’est pas manichéen. Certes, il y a une montée dramatique qui nous fait ressentir le personnage de l’étudiante comme absolument diabolique, au bout du compte. Mais avant d’arriver à cette conclusion, il y a une phase intermédiaire où le professeur est mis à nu et la dénonciation (au sens moral, pas au sens judiciaire), la dénonciation tape juste : ce personnage très sympathique au demeurant, mais sûr de lui, plein d’autosatisfaction, contestataire tout en étant bien installé dans le système, ayant bonne conscience et se donnant des allures de générosité, ce personnage n’est-il pas le frère de Clamence, le juge pénitent de “La chute” ?
Commentaire de: Marie Louise Membre
Mon “coup de coeur” de ce festival. Un grand moment. Grâce à deux comédiens - et celui qui les a dirigés - exceptionnels. Ils nous accrochent et ils ne nous lâchent pas. On est fasciné par ce jeu du pouvoir. Faut-il que l’opprimé oppresse à son tour ? Pour faire le lien avec un autre spectacle de cette quinzaine, fallait-il que la Révolution décapite autant pour en finir avec les privilèges et l’absolutisme?