Une soirée entre amis & autres histoires...
A l’affiche samedi 7 au soir, Harold Pinter par LA COMPAGNIE, avec un montage composé de neuf courtes pièces de cet auteur britannique jamais joué à Coye-la-Forêt (ou alors il y a bien longtemps !). Au centre culturel, il y avait du beau monde dans le hall, des dames en bijoux et des messieurs en costume qui nous offraient le champagne. Oui, dès le hall, il nous était rappelé qu’il s’agissait d’Une soirée entre amis, puisque tel était le titre de la première pièce qui devait être représentée et qui donnait ainsi son nom à l’ensemble du spectacle.
A la fin de cette première pièce, le sentiment d’inconfort et d’inquiétude dans lequel est plongé le spectateur est renforcé quand la salle et la scène sont entièrement plongées dans l’obscurité et que seules s’agitent dans le noir des lampes de poche qui, bien loin de nous éclairer, nous éblouissent au contraire et nous empêchent de voir.
Il est procédé au changement de décor et les meubles sont « déshabillés » : en fait, il est inexact de parler de décor : la scène est nue, avec juste quelques accessoires aisément maniables (un guéridon, un banc, deux chaises…) en fonction des besoins.
Huit autres courtes pièces se succèdent, évoquant des situations et des personnages très différents de l’une à l’autre (deux tortionnaires discutant linguistique autour de leur victime, une folle mythomane à l’arrêt du bus, un central téléphonique essayant d’établir la liaison avec un chauffeur de taxi perdu dans la nuit, etc.) avec, constamment, des relations de domination ou d’oppression, des situations absurdes et décalées, et par dessus tout un sentiment de solitude, omniprésent, y compris et peut-être même surtout, au sein du couple, comme le démontre la dernière pièce.
Rien d’anecdotique dans la mise en scène ; toute la place est laissée aux textes de Pinter et au jeu des comédiens qui passent aisément d’un registre à l’autre, tour à tour ironique, franchement drôle parfois, puis cynique, inquiétant, grinçant, autoritaire, désespéré…
…et jamais tendre
Site de la Compagnie : http://www.lacompagnie.asso.fr
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4 commentaires
Commentaire de: posson Visiteur
Merci beaucoup pour ce commentaire, c’est appréciable de constater qu’on a été compris, et que le travail a payé. Merci aussi d’avoir employé les mots appropriés pour décrire l’ambiance de PINTER.
Commentaire de: claire vigier Visiteur
je n’ai pas vu la pièce, mais ma copine Marie-Louise jouait: je ne pouvais que lire la critique! et je me dis “ces situations d’oppressions, ce serait super interessant de les traiter à la manière du théatre de Boal, avec les spectateurs qui interviennent, montent sur la scène et remplacent un acteur pour essayer de sortir de cette situation d’oppression”
on appelle aussi le théatre de Boal, le théatre de l’opprimé….
et qd on essaie, on s’aperçoit que c’est pas si facile, d’orienter le cours des choses pour sortir de là!
en tout cas, bravo à tous les acteurs et bon courage à Patrick!
claire
Commentaire de: Marie Louise Membre
Dans la vie non plus ce n’est pas simple “d’orienter le cours des choses et de sortir de là.” Ce serait donc un bon entraînement de le faire sur les planches. Au moins on essaierait… quitte à réussir.
Bonjour à toi, Claire, qui nous suis depuis ton île lointaine… Et merci de prendre le temps de mettre un petit mot.
Commentaire de: Patrick BRETON Visiteur
De retour à mon domicile après cinq semaines d’hospitalisation, je re-découvre (Marie Louise Barnier me l’avait lu)votre article et visionne les photos que vous avez eu la gentillesse de faire paraître sur votre blog.
Tout d’abord, en tant qu’ancien Coyen, je tiens à vous féliciter de faire ainsi vivre un tel outil d’information et de lien social ; signe supplémentaire, s’il en était besoin, de la vivacité du réseau associatif dans cette commune, et de l’engagement actif d’un nombre certain de ses habitants !
Ensuite, je souhaite vous dire combien j’ai été sensible à la façon dont vous avez été réceptives à notre travail, et heureux de voir que le sens des textes de Pinter a été perçu au-delà des mots polissés, qui ne sont bien souvent que les masques d’une vérité crue, violente, archaïque.
Enfin, bravo pour vos qualités littéraires et photographiques ! Votre article (au-delà des appréciations positives qu’il développe, et qui sont narcissiquement agréables à entendre !)est un vrai petit bijou journalistique, pour ne pas dire littéraire.
Soyez-en remerciées !
Au passage, en tant que co-metteur en scène du spectacle, je profite également de cet espace pour remercier à nouveau vivement Claude DOMENECH et le Théatre de la Lucarne, ainsi que l’équipe municipale de nous avoir une fois de plus permis d’utiliser cette salle magnifique et si agréable, pour présenter notre travail.
A bientôt, je l’espère, pour un prochain spectacle !
Patrick BRETON