Femmes en colère
Lamorlaye, les auxiliaires de vie de l’ADCSRO en grève
mercredi 11 avril
On compte sur elles, elles sont indispensables pour accompagner la vieillesse de nos parents ou la nôtre. Elles assument le quotidien de ceux qui ont perdu leurs forces. Elles cuisinent, nettoient, rangent, font les courses, elles habillent, déshabillent, lavent, parlent, rient, rassurent, soutiennent. On les attend, elles sont parfois la seule visite de la journée. Auxiliaires de vie, pour aider à vivre, quand justement la vie est devenue pénible à vivre.
Bien payées ? Le SMIC. Alors ce mercredi matin, devant le Centre social de Lamorlaye, les auxiliaires de vie ont fait grève. Banderoles, casquettes orange de la CFDT et tee-shirt à slogan « NON A LA DELOCALISATION ».
Grève devant les grilles. Un sitting rythmé gaiment par les klaxons de tous ceux qui saluent au passage. Les tracts circulent, on les tend à l’automobiliste qui ralentit, intrigué. Elles sont une bonne vingtaine, de tous les âges. Contentes de se retrouver solidaires, ensemble pour dire NON. Délocalisation ? Mais où ? A Villers-sur-Thère, près de Beauvais, soit à 56 kms de Lamorlaye. Elles racontent :
Depuis janvier 2010, leur service dépend administrativement de l’Association Départementale des Centres Sociaux et Ruraux de l’Oise, dont le siège est à Villers-sur-Thère. Mais le bureau d’accueil restait au Centre Social de Lamorlaye. C’est là que se rendent tous ceux qui, venant de Lamorlaye, Coye-la-forêt, Gouvieux, Chantilly et Orry-la-ville, souhaitent une aide à domicile. C’est là que la responsable de secteur, Céline Gutierrez, et son adjointe, Stéphanie Barck, organisent et coordonnent les services des auxiliaires de vie, assurent les transmissions de consignes, remettent les clés des particuliers. Elles sont les référents, un pôle indispensable pour cette équipe de 40 personnes qui savent qu’elles peuvent compter sur elles en cas de problème. Elles sont aussi les premières interlocutrices des familles, celles que l’on joint et rencontre facilement puisque leur bureau est tout proche et accessible en dix minutes.
Mais en mars, sans aucune concertation avec les employées ni avec les usagers eux-mêmes, et sans doute pour une meilleure rentabilité, l’ADCSRO décide de fermer l’antenne de Lamorlaye, met fin à la convention d’hébergement au Centre social et délocalise le service à Villers-sur-Thère. Céline Gutierrez et Stéphanie Barck assureront leurs fonctions à distance avec les usagers et les employées. Pour les rencontrer, il faudra donc faire près de 60 km.
C’est ce qui révolte les auxiliaires de vie : « On aime notre travail, on aime aider ceux qui ont besoin de nous. Mais l’ADCSRO nous traite comme des pions, on n’a aucune considération pour nous. Leur but, c’est faire un maximum d’argent. Nous, on a juste le SMIC. Pas la plus petite prime, même pas un chocolat à Noël. Et pour aller d’une habitation à l’autre – on s’occupe de plusieurs personnes dans une journée – le temps de trajet ne sera pas comptabilisé. On nous a même obligées à changer de mutuelle et à prendre la mutuelle CCMO de l’employeur. Céline et Stéphanie seront envoyées à Villers-sur-Thère sans dédommagement pour leurs frais de transport. Elles sont pour nous et les familles des interlocutrices formidables, humaines, compétentes. A qui s’adresser maintenant ? Il faudra faire 60 kms pour leur parler ? »
Vous avez un jour ou l’autre eu besoin de Claudine, Josette, Sandrine… Vous êtes allé au Centre Social de Lamorlaye et vous avez été content parce qu’on vous a bien accueilli, que l’excellente Mme Bomy – aujourd’hui à la retraite – ou Mme Gutierrez ont trouvé tout de suite une réponse à votre demande. Vous avez été content le lendemain quand Nathalie, Françoise ou Céline sont arrivées chez votre mère pour l’aider à se lever ou lui préparer son repas.
Alors maintenant, c’est à vous de bouger. Elles ont besoin de votre signature au bas de leur pétition, mise à votre disposition au 87 avenue de la Libération à Lamorlaye.
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1 commentaire
Commentaire de: dominique Visiteur
Bonjour, ce que vous décrivez dans votre article au sujet des auxiliaires de vie est très exact. Moi même ayant exercé ce métier il y a quelques années je peux témoigner que c’est un métier méconnu, un métier de l’ombre, éprouvant, qui utilise à la fois nos ressources physiques et psychiques. On doit à la fois savoir aller vite, bien nettoyer, être psychologue, promener, faire la toilette, les courses et bien d’autres choses et ensuite passer à une autre situation.(je ne sais si ce sont les mêmes taches dans votre région)
Grace à nous les personnes peuvent rester à domicile, symbole de toute une vie et éviter le déracinement. Je pense que cette profession permet des moindre couts par rapport aux maisons de retraite. Métier passionnnant où l’on reçoit tant de choses des êtres humains mais qui n’est pas reconnu à sa juste valeur et pas assez payé.