INAUGURATION DU 33° FESTIVAL THÉÂTRAL DE COYE-LA-FORÊT
Samedi 19 avril 2014
Ce qui remplit ce jour-là la salle de spectacle du Centre Culturel - salle qui porte désormais le nom de Claude Domenech -, ce n'est pas tant les discours qui ritualisent toute inauguration, que la présentation détaillée du programme du Festival qui débutera le jeudi 8 mai, après les matinées scolaires réservées aux élèves de maternelle et primaire.
Les dépliants sont dans toutes les poches, les réservations en cours, mais chacun n'a pas encore fini son choix, à l'exception des inconditionnels « amis du Festival » qui s'offrent le plaisir d'aller au théâtre tous les soirs. C'est pourquoi les futurs spectateurs attendent le récit des « choses vues » par l'équipe qui, tout au long de l'année, travaille à la programmation, de ceux qui vont au théâtre à Paris, en Avignon ou ailleurs, pour en rapporter ce qui se verra en mai à Coye.
Sur le plateau, Jean-François Gabillet, président du Festival, Isabelle Domenech, Sylvie et Jean-Claude Grimal. En arrière-plan sur écran, une photo de Claude Domenech rappelle que ce 33° Festival ne sera pas comme les autres et que son initiateur manquera cruellement. Pourtant, comme le dit Jean-François, le Festival doit vivre, et celui-ci se déroulera en mémoire de l?homme qui l'a fait naître et vivre, entraînant avec lui dans l'aventure une vingtaine de bénévoles et un public passionné.
Le programme
Et c'est à sa fille, Isabelle Domenech, d'ouvrir la présentation avec la pièce montée par le Théâtre de la Lucarne, que Claude avait choisi de mettre en scène pour ce Festival : « La Quittance du diable», d'Alfred de Musset. Pièce « à grand spectacle », dit-elle, et à la dimension onirique. Une fable pour laquelle ont été créés quelques « effets spéciaux » qui entraînent dans un monde imaginaire, loin de tout réalisme. Ajoutons que Thierry Charpiot a repris la mise en scène pour faire aboutir le travail entrepris par Claude Domenech. Représentations le 8 et 9 mai.
« Les Tribulations d'Harold », ciné-concert-spectacle le samedi 10 mai sur une idée et une musique de Vincent Boisseau, auquel collabore Jean-Hervé Appéré.
Une soirée pour toute la famille, annonce Sylvie Grimal, faite pour les amateurs des courts-métrages de Harold Lloyd, de jazz, de mime, de comédie burlesque. « Une franche rigolade » qui donne au cinéma une dimension de spectacle vivant.
Le lundi 12 mai, le ton est plus grave avec « Qui es-tu Fritz Haber ? » Une pièce très forte, émouvante, dit Sylvie, adaptée du « Nuage vert », de Claude Cohen et mise en scène par Xavier Lemaire, qui a obtenu le prix du Festival Off d'Avignon pour l'adaptation de la pièce et son interprétation. Un affrontement tragique, un corps à corps prodigieux entre le chimiste qui vient d?inventer, en 1915, un gaz toxique et sa femme, horrifiée par ses travaux.
Mardi 13 mai : « Le Neveu de Rameau », de Diderot. Jean-Claude Grimal dit son coup de coeur pour le spectacle mis en scène par Jean-Pierre Rumeau. La conversation entre le philosophe et le neveu du musicien, fantasque, impertinent est servie par deux comédiens remarquables, Nicolas Vaude, et Gabriel Le Doze, et accompagnée au clavecin par Olivier Baumont, de renommée internationale.
Pour rire de ce qui consterne et afflige, voir « Building », de Leonore Confino, le mercredi 14 mai. Dans un building, une entreprise. Dans le monde du travail déshumanisé, une scène se joue à chaque étage l'ascension vers la perte d'identité et des idéaux. Scénographie astucieuse, passage musicaux et chorégraphiés pour cinq acteurs qui incarnent tous les rôles.
Partir ailleurs, le lendemain, avec Sylvie, de Gérard de Nerval. « Le narrateur quitte Paris et remonte le temps en traversant les villages du Valois, qui sont autant de nuances du sentiment amoureux. C'est un enchantement, dit Sylvie Grimal, notamment grâce à la voix claire, mutine de Véronique Bettencourt, qui a mis en scène le spectacle avec Yves Charrenton. Si vous êtes gourmet, venez rêver avec nous. »
Avec les « 7 jours de Simon Labrosse », de Carole Fréchette, auteure québécoise, le public retrouvera, vendredi 16 mai, la Compagnie Cavalcade et ses comédiens fortement applaudis l'an dernier dans « Le baiser de la veuve » d'Israël Horowitz.
Un spectacle émouvant, un regard poétique pour parler de la réalité quotidienne qui n'est pas rose pour Simon au chômage. Et pourtant l'homme est optimiste, fantasque, plein d'imagination et ne nous ménage pas ses surprises.
Attention ! Arriver en avance car le spectacle est partout. « C'est vivant, on est ému, on rit, on pleure. »
Samedi 17 mai, rendez-vous avec Shakespeare et « La mégère apprivoisée », cette comédie dans laquelle on joue à se cacher pour mieux attraper l'autre. Vivacité, gaieté, truculence.
Venir en famille, conseille Jean-Claude Grimal, car le spectacle de la Compagnie des Têtes de bois est monté dans l'esprit du théâtre de tréteaux, très expressif. Les costumes sont magnifiques, l'accompagnement musical prend un relief particulier grâce aux échanges entre le musicien et les comédiens.
Oh, boy !, par le Théâtre du phare, lundi 19 mai, reprend un grand succès de la littérature de jeunesse, le roman de Marie-Aude Murail paru en 2000. C'est l'histoire d'une fratrie : Barthélémy devient le tuteur de demi-frères et demi-soeurs qu'il ne connaît pas. « La mise en scène est superbe, l'adaptation excellente et l'interprétation parfaite ».
Mardi 20 mai, « Mangez-le si vous voulez », par le Fouic Théâtre, adapté du roman de Jean Teulé paru en 2009, se joue avec un grand succès depuis janvier à Paris au théâtre Tristan Bernard. Pour notre bonheur, la troupe fait un détour par Coye.
L'argument reprend ce fait divers épouvantable qui s'est déroulé en Dordogne en 1870 : les habitants d'un village torturent et mettent à mort un jeune homme. Et pourtant rien de sordide, dans ce « spectacle électro-rock et culinaire. La ménagère dans sa cuisine mitonne et décortique les mots. Les musiciens sur scène échangent, expliquent, et le moment de grâce de la fin réconcilie avec la vie. Quelle maîtrise incroyable de la mise en scène pour parler de l'insoutenable », commente Sylvie.
« Regardez mais ne touchez pas », la comédie de cape et d'épée de Théophile Gautier et Bernard Lopez attend le public mercredi 21 mai pour une soirée très joyeuse et animée. Se succèdent quiproquos, duels, rendez-vous amoureux, tous les lieux obligés du genre dont se sert avec brio Jean-Claude Penchenat, - metteur en scène co-fondateur du Théâtre du Soleil, créateur du Théâtre du Campagnol - qui se réjouit d?accentuer le côté parodique de la pièce.
Pas de théâtre sans Molière, bien sûr. Le jeudi 22 mai, « Monsieur de Pourceaugnac » nous attend, ce provincial venu à Paris pour se marier et que tous cherchent à berner et à ridiculiser. Le sujet se prête parfaitement à la mise en scène de Jean-Hervé Appéré - dont on avait vu à Coye « La Flûte enchantée » - qui aime les travestissements et la folie de la commedia dell'arte. Le rythme est endiablé, le spectacle coloré, les comédiens vifs et assez talentueux pour composer plusieurs personnages.
Le Théâtre de La Lucarne fera la clôture du Festival avec « Virage dangereux » de John Boynton Priestley, cet auteur anglais de la première moitié du XX° dont Claude Domenech avait déjà présenté « Un inspecteur vous demande ».
On retrouve, dit Isabelle, la même ambiance liée à la recherche de la vérité. Dans une soirée trois hommes, trois femmes, et un auteur extérieur au cercle. Peu à peu chacun se retrouve sur le gril et se dévoile, montre ses failles. Mais la vérité n'est sans doute jamais atteinte. Lucy Samsoën, comédienne, a repris la mise en scène de Claude et permis que le spectacle soit présent au Festival.
Et maintenant, jouons !
Le décor peint de brumes bleutées où l'on devine entre les branches nues le clocher de l'église de Coye est en place depuis la veille sur la scène. Il a avantageusement servi la présentation du programme et s'adapte on ne peut mieux à la courte pièce qui suivra. Il a été créé pour la conférence donnée par Jean-Marc Vasseur sur « Le Valois recomposé de Gérard de Nerval dans Sylvie ». Jacques Bona en est le concepteur, Karine Payet le peintre.
Respiration entre commentaires et discours, le théâtre reprend donc sa place sur la scène avec un intermède inattendu et humoristique, extrait d'une pièce de Rémi De Vos « Laisse-moi te dire une chose » interprété avec conviction par deux comédiens du Théâtre de la Lucarne, Claude Samsoën et Geoffroy Poncelet. Jacques Bona en a fait la mise en scène assisté de Patrick Chevillard. La mise en place des éclairages a été confiée à Rémy Chevillard.
Claude Samsoën, dans un long monologue plaintif, joue la mère éplorée, accablée par un fils (qui reste caché jusqu'au final, le spectateur n'entend que ses gémissements) auquel elle reproche d'avoir causé le désespoir de la famille par son choix de profession. « Tu nous as pourri la vie ! » Comment ? Il a voulu faire du théâtre ! Si l'on dit que l'actrice est habillée d'un peignoir bleu ciel, que cette Mère se drape la tête d'un châle noir, qu'elle se prosterne et s'agenouille, que le spectacle a lieu la veille de Pâques (pure coïncidence, dit pourtant le metteur en scène), il est facile de voir combien la chute de la scène a surpris, fait rire (ou pleurer, c'est selon). Geoffroy Poncelet, le Fils, est magnifique dans son pagne blanc !
L'inauguration
Le théâtre continue sous une autre forme. C?est au tour des officiels de dire leurs textes sur scène. Eric Woerth, président de la Communauté de communes, n'a pu dire le sien. Après avoir assisté à la présentation du programme, appelé par d'autres obligations, il n'a pas eu le temps de monter sur scène.
Jean-Paul Douet, vice-président du Conseil Général chargé de l'action culturelle, souligne l'intérêt du programme et assure que le Conseil Général est fier de participer à cette manifestation.
Patrice Marchand, conseiller général, se dit intéressé par de nombreuses pièces - c'est la première fois qu'il assiste à la présentation du programme - et félicite tous ceux qui donnent leur temps pour faire vivre le Festival.
Enfin, François Deshayes, nouveau maire de Coye-la-forêt, fait connaissance avec les inaugurations ; il remercie Jean-François Gabillet et son équipe pour leur travail, assure que la municipalité ainsi que la Communauté de communes continueront à soutenir le Festival.
Le dernier mot revient à Jean-François Gabillet. Il souligne le caractère exceptionnel d?un festival de cette ampleur dont la durée s'étend sur trois semaines et qui pourtant ne fonctionne qu'avec un budget de 120 000 €. « Ce résultat n'est possible, dit-il que grâce aux bénévoles. »
Il se réjouit des partenariats culturels qui créent des liens avec d'autres lieux, comme Le Festival Off d'Avignon, La Scène au jardin, de Chantilly, le Printemps du théâtre amateur d'Orry-la-ville. Par ailleurs, ajoute-t-il, le partenariat avec France3 Picardie se poursuit, comme celui d'entreprises privées de la région. Et cette année encore le Festival a fait appel à une volontaire du service civique, Stéphy Rogier. Elle assiste Laura Lambois maintenant membre du Festival et chargée de la communication.
Tout est donc en place. Les affiches fleurissent dans les rues, les bénévoles s'activent à la billetterie, l'équipe technique de Franck Martin a déjà investi le Centre culturel avec une cohorte de projecteurs. Pour que s'ouvre, lundi 5 mai, le 33° Festival avec les enfants, premiers spectateurs qui viendront à la rencontre de « Comment Narvalo trompa le diable et autres contes tsiganes »
¹ Jacques Bona explique : « J'ai choisi un passage quasi instantané dans une vidéo d'un ami artiste plasticien, Rémi Boinot, puis je l'ai mis à l'échelle des panneaux. Il y a longtemps que j'aimais cette vidéo "snowwhere" qui traite un paysage d'une façon sensible et intemporelle (http://vimeo.com/81597292 à l'instant précis 1'31''). Karine Payet l'a très bien redessinée et réalisée en couleurs. »
GALERIE PHOTOS : INAUGURATION DU 33° FESTIVAL
PARTAGER |
1 commentaire
Commentaire de: David-OFF Visiteur
Règle d’or pour ce 33ème Festival : « sauf empêchement, y aller tous les jours »
(Devinette, pour les amis - ou les fidèles - du Festival : qui a énoncé cette règle ?
Pour connaître la réponse, retournez votre écran ! )