Les nuages qui passent...
21 juin 2014 LA FÊTE DE LA MUSIQUE A COYE-LA-FORÊT
Je ne veux pas attendre que ma griserie s’estompe. Alors j’écris tout de suite combien cette année la fête de la musique a été belle au village de Coye-la-Forêt. Les rues principales ont été barrées pour donner à tous le droit d’exister, de rire, de courir et de crier. Il y régnait une petite nuée de gens, doucement populaire, comme on aime, quand le peuple, c’est des personnes, des mamans, des enfants, des petites bandes de sauterelles aux cheveux longs et aux jambes de faons, et des groupes de criquets à casquettes, avec leur planches à roulettes et leurs vélos. Et puis la musique…
Attablés devant les bars, la petite foule débordait sur la chaussée. Des assiettes de frites dorées aux saucisses-sourires circulaient bravement entre les chaises. On s’appelait par nos prénoms. On s’interpellait sans pouvoir entendre nos réponses en sirotant des bières et du vin blanc. On tendait vainement l’oreille au-dessus des cris des enfants et du feu roulant des enceintes grondantes, nourries du roulement des batteries et des battements affolés des guitares basses. Au-dessus des toits, un ciel d’été, « si grand, si large, » balayé par les hirondelles, et là-haut, encore plus haut, incrusté des traînées d’or des avions de Roissy. Une vraie soirée de joie d’été. Du vin blanc dans mon verre, généreusement servi par les amis Isabelle et David. Attention ! Pas trop ! Du vin blanc qui grise et permet de dire de jolies folies et quand même quelques belles bêtises que déjà Claude, Agnès, Michèle et Nathalie pardonnent à mes cheveux gris. Il y a eu de la musique. L’orchestre de jazz manouche donnait de la vie jusqu’aux petites fourchettes en plastique sur le bord des tables, jusqu’aux pieds qui battaient le pavé de la Place de la Mairie. Et puis encore un peu de vin blanc, pas trop, pas trop, pour lutter contre la soi-disant fraîcheur du crépuscule. Et encore de la musique. Des mains qui battent la mesure chaloupée qui déhanche la chanteuse de blues à la voix velours. Et puis des jolies femmes légères, des hommes qui leur donnent la main, portant sur leur dos leur enfant. Et puis encore un peu de vin blanc. Un tout petit peu, une larme, ou plutôt ce soir, un sourire. Il était bougrement temps de rentrer dans la nuit orange du village encore encombré de voitures mal garées. En quittant les flonflons des derniers orchestres de rock des jeunes, je me remémorais le poème de Maurice Delaigue, notre ancien de Coye-la-Forêt, si joyeusement vieux. Avec sa nostalgie bonhomme, il venait de me le glisser dans l’oreille. On lui a tellement demandé son âge qu’un jour, à la fin, il l’a donné. Alors il dit qu’il n’en a plus mais que son âge s’est fait nuage. Sombre et plombé les soirs d’orage désespéré, doux et lumineux les jours joyeux. Et puis un jour, tout s’effilochera et se dissipera dans le ciel bleu.
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Mmm… C’est beau, ça donne envie d’habiter là!