THÉÂTRE ET MODERNITÉS
« J'étais seul, l'autre soir, au Théâtre Français,
Ou presque seul ; l'auteur n'avait pas grand succès.
Ce n'était que Molière, et nous savons de reste
Que ce grand maladroit, qui fit un jour Alceste,
Ignora le bel art de chatouiller l'esprit
Et de servir à point un dénoûment bien cuit.
Grâce à Dieu, nos auteurs ont changé de méthode,
Et nous aimons bien mieux quelque drame à la mode
Où l'intrigue, enlacée et roulée en feston,
Tourne comme un rébus autour d'un mirliton. »
Alfred de Musset
Etonnant, vous ne trouvez pas ? De plus, écrit par Alfred de Musset !
Ce texte, je l’ai retrouvé dans un de mes cahiers de collège, j’avais quinze ans, je ne comprenais pas.
Peut-on être un très grand auteur au XVII° siècle et moins que rien deux siècles plus tard ?
Le monde avait changé, emportant le théâtre classique pour une forme nouvelle d’expression, le romantisme vibrant aux mouvements du siècle, lyrique, passionné, coloré. Le drame de Victor Hugo, « Cromwell », en 1827, marqua le début de cette « révolution ».
Cette mode allait passer, comme toutes les modes dont le caractère est l’éphémère, mais il en resterait quelques chefs-d’œuvre que le Théâtre National Populaire avec Gérard Philipe reprendrait après la libération, comme Lorenzaccio, de Musset.
Et l’on retrouverait Molière plus actuel que jamais car les chefs-d’œuvre ne meurent pas, qu’ils soient du XVII° ou du XIX° siècle.
Ce long aparté pour en venir au 34° Festival de Coye qui vient de s’achever.
Comme les années précédentes, j’ai aimé certaines pièces, moins d’autres. Un de mes amis dit que certaines pièces serviraient de repoussoirs pour en faire briller d’autres. Je ne pense pas. Il est très bien que des sujets prêtent à débat. Certes, dans ce monde en convulsion on pourrait attendre autre chose des auteurs. Quant aux metteurs en scène, ils se réfugient souvent dans des adaptations qui manquent de moyens pour être efficaces. L’absence de décor me gêne, l’audiovisuel n’est qu’un pis-aller.
Mais ce vieux bonhomme que je suis ne manquerait pour rien au monde la quinzaine de spectacles offerts, ne serait-ce que pour en faire ensuite la critique.
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