Entre parenthèses : Réfugiés, associations, centre culturel …
Conseil municipal du 25 septembre 2015
Cinq conseillers municipaux sont absents. Public limité à deux personnes.
Monsieur le maire annonce qu’un point supplémentaire sera ajouté à l’ordre du jour et qu’une question sera posée en fin de conseil par Alain Mariage et son groupe d’opposition de gauche.
Avant l’approbation du compte rendu du conseil précédent, Guy Decamps fait observer une inexactitude à propos de la mise en location du pavillon Savouret, impasse aux Cerfs (point 7 du Conseil du 26 juin), le montant de la location avait été fixé « dans la limite d’un loyer mensuel de 1 600 € ». Or La Lettre de Coye indique un loyer de 1 700 €.
Il s’agit, répond le maire, d’un manque de précision dans le libellé du compte rendu. La limite dont il était question était une limite basse : si l’on peut louer plus cher, pourquoi pas ?
Rectification sera donc faite dans le compte rendu.
Ndlr : Le compte rendu est maintenant sur le site de la mairie. Et aucune rectification n’a été apportée. A quoi sert donc le vote d’une approbation de compte rendu ?
Décision modificative : achat d’un terrain Chemin des loups
Patrick Lameyre, maire-adjoint en charge des finances, donne lecture de la notice explicative remise à chaque conseiller.
Dans le Débat d’Orientation Budgétaire la somme de 50 000 € avait été prévue pour l’acquisition d’un terrain de 2 500 m2, Chemin des Loups. (Terrain noté dans le PLU comme non constructible. Aucun projet précis pour le moment, avait dit le maire en février, mais pourquoi ne pas y faire plus tard des logements sociaux ?)
Or, il est demandé au conseil de voter une décision modificative de 30 000 € supplémentaires : 22 000 pour le terrain et 8 000 pour les frais.
François Deshayes donne quelques précisions sur cette augmentation des coûts : la somme initiale de 50 000 concernait l’achat de 2 parcelles. Il s’agit maintenant d’acheter une parcelle supplémentaire pour 22 000 €. La surface totale des terrains ainsi acquis serait d’environ 3 500 m2. Cette dépense figurera à la ligne des dépenses imprévues.
Guy Decamps demande pourquoi ne pas avoir à un recours à un prêt plutôt que d’imputer la dépense au budget fonctionnement ?
— Nous avons déjà emprunté 1 700 000 €, dont les 50 000 initialement prévus pour cet achat. On ne va pas faire un crédit pour 30 000 €, répond le maire.
Le conseil accepte à l’unanimité cette décision modificative.
Amélioration de l’orgue
Nathalie Lambret, maire-adjointe en charge des associations, lit la notice sur le sujet et commente.
L’association NOTe, les Nouvelles Orgues en Thève, pour fêter les 10 ans de l’orgue souhaite parfaire l’esthétique de celui-ci, en ajoutant sur les côtés de l’instrument des jouées sculptées en chêne, et le préserver par des portes en chêne qui fermeront la console.
L’association a fourni un devis de travaux de 14 262 € TTC. Elle dispose déjà de 4 585 € grâce à différentes actions (concerts, brocante, mécénat…). Pour aboutir elle sollicite plusieurs subventions, de la commune, du département, de la Région, et peut-être la réserve parlementaire d’un élu. (Le sénateur Marini avait accordé, il y a dix ans, une subvention pour l’orgue sur sa réserve parlementaire.)
François Deshayes propose de voter une participation de la commune à hauteur de 1 500 €, à laquelle il faut ajouter 504 € de TVA. Il ajoute que la commune est propriétaire de l’orgue et doit donc être le maître d’ouvrage. Par ailleurs, aucune subvention ne pourra être demandée au Département ou à la Région si la commune elle-même ne subventionne pas les travaux. Suite à la question de Pascal Fontaine, il précise que la dépense fera également partie des dépenses imprévues.
Le projet est adopté à l’unanimité.
Rénovation des vitrines et des façades
Patrick Lameyre donne lecture du texte de la notice.
Les commerçants ou les artisans qui souhaitent rénover et moderniser leur entreprise peuvent demander des subventions dans le cadre du FISAC (Fonds d’intervention pour les services, l’artisanat et le commerce). La fleuriste de Coye-la-forêt souhaite rénover la façade de son magasin pour un montant de 3 808 €. Elle sollicite une subvention que lui a accordée le comité FISAC, soit un montant de 1 142 €. La participation de la commune sera d’un même montant.
Claude Lebret demande si la fleuriste souhaite que son commerce reste Place Blanche : au cas où le centre ville serait réaménagé, elle pourrait peut-être envisager de changer d‘emplacement. François Deshayes répond que la commerçante préfère rester sur le même lieu. Elle aurait voulu modifier les grilles, mais cela lui a été refusé par l’Architecte des bâtiments de France.
Le Conseil vote à l’unanimité l’attribution d’une subvention communale de 1 142 €.
Redevance d’occupation du domaine public (RODP)
Patrick Lameyre lit la notice dans laquelle il est dit que les opérateurs de télécommunications doivent verser une redevance aux communes dont ils occupent le domaine routier, calculée, notamment, en fonction des kilomètres d’artères installées. (Une artère est un tube dans lequel sont installés des câbles ou autres ouvrages). François Deshayes précise qu’à Coye-la-forêt il y a 25,265 kms d’artères en souterrain, 14,304 en aérien et 2,5 m2 d’emprise au sol.
La redevance sera calculée en fonction des tarifs déterminés par décret : environ 40€/km en souterrain, 53€/km en aérien et 26€/m2 au sol.
Le Conseil vote à l’unanimité l’instauration de cette redevance.
Pass associatif
Cette disposition avait été adoptée en conseil municipal le 26 septembre 2015 et il est proposé de la reconduire à l’identique.
Nathalie Lambret procède à la lecture de la notice qui fixe les modalités de l’obtention de ce pass. La première année, par manque d’information, les familles avaient été très peu nombreuses à demander à en bénéficier. Il semble que depuis cette rentrée des demandes plus nombreuses aient été formulées. C’est le péri-scolaire qui délivre les cartes dites de quotient familial grâce auxquelles les familles peuvent obtenir des réductions de tarifs, entre 60 et 240 euros, pour les activités des enfants. Car cette aide est exclusivement réservée aux mineurs. Cette année, 22 cartes de quotient familial ont été délivrées. On peut supposer, dit Nathalie Lambret, que ce seront 22 demandes de pass. Les Très Riches Heures de la Thève ont déjà déposé 4 demandes de contrepartie financière à la commune. Elle ajoute enfin que le financement de cette mesure est assuré par le legs Delvigne.
Alain Mariage demande que les élus réfléchissent à des conditions moins restrictives pour la délivrance du pass. Isabelle Domenech poursuit dans cette direction : Pourquoi ne pas rendre le pass accessible aux étudiants, aux personnes en recherche d’emploi ou en difficultés ? François Deshayes répond que cela pourra être étudié l’an prochain.
Le Conseil vote à l’unanimité la reconduite du pass associatif.
Parenthèse
Enfin ! Enfin, on entend que le legs Delvigne sera utilisé pour une œuvre sociale, conformément aux vœux de la donatrice. C’est une grande première. D’habitude, il s’agissait de financer un parking souterrain, une rénovation de centre culturel ou la construction d’une supérette. Le Conseil municipal comprendrait-il parfois le sens des mots « œuvres sociales ». En progrès ! Poursuivez, vous êtes sur la bonne voie.
Création d’un poste d’adjoint technique de 2° classe
François Deshayes explique que la création de ce poste permettra à l’agent de surveillance de la voie publique (ASVP), qui remplace le policier municipal, d’être titularisé. Après une année à Coye-la-forêt, la période d’essai de cet agent a été concluante et Monsieur le maire se dit satisfait autant par la personne elle-même que par ses qualités professionnelles. Le Conseil à l’unanimité vote la création de ce poste.
Guy Decamps demande quelle différence il y a entre un policier municipal et un ASVP. François Deshayes lui répond : « Ҫa coûte moins cher. » Explication succincte, c’est le moins que l’on puisse dire… et assez désobligeante.
Le Conseil vote à l’unanimité la création de ce poste.
Financement de la réhabilitation du Centre culturel : Fonds de concours
Ndlr : Le Débat d’orientation budgétaire de février 2015 fait apparaître un investissement de 551 424 € pour cette réhabilitation. Il mentionne une subvention possible du Conseil général à hauteur de 133 260 € et une contribution du legs Delvigne pour un montant de 150 000 €.
Par le biais d’une opération complexe appelée « fonds de concours », la Communauté de communes de l’Aire cantilienne sera autorisée à financer le projet pour un montant de 87 916 €.
Il s’agit en fait d’une opération comptable par laquelle la CCAC remboursera à la commune le montant du FPIC (1) que la CCAC prenait les années précédentes directement en charge (cela n’a pas pu être le cas cette année pour cause d’absence de délibération de la commune pour l’accepter en temps et en heure).
Le Conseil municipal vote à l’unanimité cette opération.
Parenthèse : Quand on sait que depuis quelques mois le Centre culturel est devenu une entreprise commerciale au détriment des associations, on se dit que décidément le legs Delvigne est détourné de son objectif. Car il s’agit bien maintenant de vendre l’usage des salles, au point que des associations coyennes ont dû modifier leurs jours de réunion pour faire de la place à ceux qui paient, même s’ils viennent de l’extérieur de Coye-la-forêt. Les Compagnons de la Reine Blanche, par exemple, ne peuvent plus s’y réunir le vendredi, comme ils le faisaient depuis des années. Ils doivent venir le jeudi, car la salle 3 doit être louée et vérifiée avant occupation. Tant pis si certains membres de l’association ne peuvent être présents le jeudi !
Autre exemple, la grille des tarifs indique que la salle Claude Domenech pourra être louée 900 € à une association non coyenne (tarif social ?).Et tant pis, si entre temps, ce jour-là, une association coyenne veut y donner, de manière un peu impromptue, une conférence, un concert ou une représentation théâtrale.
Enfin, quand dans la salle 3 on fête les 80 ans de Léon ou le baptême de Kevin, le concertiste, le comédien ou le conférencier qui s’apprête à entrer au même moment sur le plateau de la salle Claude Domenech doit être doué d’une exceptionnelle capacité de concentration pour ne pas entendre les vivats et les cavalcades des voisins.
Un Centre culturel n’est pas une salle des fêtes. C’est un lieu qui a été construit pour les associations, pour que, grâce à celles-ci, la culture appartienne à tous les habitants, sous de multiples formes, peinture, théâtre, jeux de cartes, musique, échecs, histoire, environnement, etc. La liste est longue à Coye-la-forêt, et si elle l’est, c’est que depuis plus de trente ans ce lieu existe. Un lieu qui rassemble. Les habitants de tous quartiers, de toutes conditions, de toutes opinions, de tous âges s’y retrouvent ensemble pour un moment et partagent le plaisir de jouer, d’écouter, de voir, d’apprendre et de découvrir. Un lieu à préserver. A ne pas dénaturer.
Point ajouté à l’ordre du jour :
Les immeubles des 44 et 46 Grande rue
La commune souhaite racheter à l’EPFLO, Etablissement Foncier Public Local de l’Oise, les deux immeubles dont celui-ci avait fait l’acquisition en février 2012 pour une convention de portage sur 5 ans. Au terme de la durée de portage la collectivité s’engageait à racheter les biens. Monsieur le maire propose un rachat par anticipation pour limiter les frais.
Le remboursement de 425 937 € fait partie de la ligne d’emprunt du budget.
L’objectif de l’opération est l’installation d’une supérette dans les années à venir.
Le Conseil municipal vote le rachat à l’unanimité.
INFORMATIONS ET QUESTIONS DIVERSES
Le terrain « Champagne »
François Deshayes informe le Conseil que la proposition de 35 000 € pour l’achat de ce terrain a été acceptée par les héritiers et que la signature de l’acte devrait intervenir prochainement. Le budget 2015 avait prévu une somme de 40 000 €.
Périmètres des intercommunalités
Quelques explications de Monsieur le maire :
La CDIC, Commission Départementale de Coopération Intercommunale, revoit actuellement les périmètres des intercommunalités. Voir la loi NOTRe (Nouvelle Organisation Territoriale de la République) dont l’objectif est de favoriser la coopération entre collectivités.
Les intercommunalités inférieures à 15 000 habitants devront se rattacher à d’autres. C’est le cas de Cœur Sud Oise. Des rapprochements doivent être possibles pour faire de plus grands ensembles, des communautés d’agglomération (ensemble de plus de 50 000 habitants). Dans l’Oise, il y a déjà : Creil, Compiègne, Beauvais. La CCAC a environ 45 000 habitants, et Senlis 22 000. Il pourrait y avoir un rapprochement.
Quand une intercommunalité atteint un certain nombre d’habitants avec en son sein une ville d’au moins 15 000 habitants, elle doit construire davantage de logements sociaux(2). Mais toutes les communes de plus de 3 500 habitants doivent déjà respecter le quota de 25% de logements sociaux. A Coye, nous n’en avons que 13%. (Il reste 160 à 271 logements à construire. Voir le DOB dans le conseil municipal de février 2015). A Gouvieux il en faudrait 600, et 800 à Lamorlaye. Pour cette raison il y a blocage. Senlis a 25% de logements sociaux, et ils ont un projet de 300 autres logements. Luzarches, Chaumontel sont aussi demandeurs pour rejoindre la CCAC.
En conclusion : Pour l’instant, pas de bouleversement pour nous, conclut François Deshayes. Le préfet a proposé le statu quo.
Question diverse : Accueillir à Coye des réfugiés de guerre
Monsieur le maire lit la question d’Alain Mariage qui lui avait été remise deux jours auparavant.
Parenthèse : C’est ce qui se pratique à Coye-la-forêt, mais c’est contraire à ce que prévoient les textes. Rien ne peut empêcher le conseiller qui pose la question de la lire lui-même.
« Notre pays est confronté à un afflux sans précédents de réfugiés de guerre. Un appel a été lancé aux communes de France par le Ministère de l'Intérieur pour aider à leur accueil.
Quelle est la position de la municipalité ?
Ce sujet a-t-il été abordé au sein de la communauté de communes ?
Une réponse ou action commune est-elle envisagée ? »
Monsieur le Maire prend son temps avant de répondre. On sent qu’il pèse ses mots.
« C’est un sujet compliqué, on en parle depuis plusieurs semaines et j’ai moi-même écrit quelques lignes sur le sujet dans mon éditorial de La Lettre de Coye du mois d’octobre.
En tant qu’homme, on ne peut pas rester insensible à ce problème, à la situation de ces gens qui fuient la guerre…
On m’objectera : oui, mais ce n’est pas nouveau, et chez nous il y a aussi des gens qui sont dans des situations très difficiles.
Il faut relativiser. Il ne faut pas exagérer le phénomène. L’État dit vouloir accueillir 24 000 réfugiés sur deux ans. Savez-vous combien il y a en de demandes d’asile par an ? 400 000 (2). Dans l’Oise il n’y a pas de demande.
Quels moyens pour aider ? L’hébergement ? Mais il faut voir les conséquences.
Comme maire, je suis plus embêté pour répondre. Cette situation relève de la compétence de l’État. Ces gens-là n’ont pas le statut de réfugié. Pour l’obtenir, le délai jusque-là était de 24 mois. L’Etat veut le réduire à 9. Entre temps ils sont en demande d’asile. Et s’ils ne l’obtiennent pas ? Comment gérer ? Il faut les nourrir, les habiller, les intégrer, leur apprendre le français... Repartiront-ils ?
Nous avons parlé de ce sujet avec les maires-adjoints. Nous n’avons pas les moyens humains et logistiques pour assumer ce genre de chose.
Un autre point avec lequel je ne suis pas très à l’aise. Il ne s’agit pas de dresser un tel contre un tel, mais il y a une réalité. En tant que maire, je rencontre des gens de Coye qui vivent des situations difficiles et qui me demandant une aide. Et je réponds : Je ne peux rien.
Et celui qui arrive de je ne sais où, on va l’aider ?
Un particulier a le droit de choisir qui il héberge. Moi je ne peux pas faire un choix.
Ce n’est pas simple.
D’autres moyens existent, comme soutenir des associations. Un groupe à Coye a créé un collectif. Trente personnes se sont dit : On peut aider. Deux familles ont dit vouloir héberger. La mairie peut-elle apporter un complément ? Pourquoi pas ? Mais à condition qu’on ait vérifié les besoins. On pourrait peut-être avoir un logement…
J’ai discuté avec le sous-préfet. Certes l’Etat donne 1 000 €, mais lorsque ces personnes sont hébergées par une commune, elles relèvent de la responsabilité pleine et entière de la commune qui doit tout gérer, les difficultés de voisinage, etc. Il faut être très prudent dans le fait d’accueillir des gens qui sont en situation irrégulière.
Isabelle Domenech rectifie : « Ils ne sont pas en situation irrégulière pendant l’instruction de leur demande du statut de réfugié car un titre de séjour leur est délivré provisoirement. »
Quant à la CCAC, il n’y a pas d’action commune envisagée. Un maire l’a suggéré, mais sans proposer quelque chose de précis.
Le sujet n’est pas simple. J’espère avoir été clair. Je me dois d’essayer d’imaginer les conséquences. Même si le sujet est grave et important, il faut relativiser par rapport à ces 12 000 réfugiés à accueillir dans l’année à venir. »
Parenthèse
Comme le règlement du Conseil municipal de Coye-la-forêt prévoit qu’une question diverse posée par un élu en fin de conseil (mais il faut quand même la transmettre au maire bien avant) et qui n’a donc pas été mise à l’ordre du jour, ne doit pas donner lieu à débat, c’est donc le silence qui « répond » au maire — une disposition illégale, mais c’est un autre sujet — et nous ne connaîtrons pas les opinions des conseillers présents. Cela aurait pourtant été intéressant et utile pour les Coyens.
Tout ce discours du maire, long et précautionneux, montre qu’il prend apparemment le sujet au sérieux et ne souhaite pas s’en débarrasser d’une formule lapidaire.
Mais c’est pour déboucher sur une contradiction. D’une part : « Nous n’avons pas les moyens humains et logistiques pour assumer ce genre de chose. » D’autre part : « On pourrait peut-être avoir un logement. » Comment faire coexister la négation et l’affirmation ? S’il y a un logement, c’est qu’il y a des moyens. S’il n’y a pas de moyens, ce n’est pas la peine de parler de logement.
François Deshayes, qui ne se cache pas de soutenir politiquement le parti d’Eric Woerth, s’inspire de la formulation prudente de ce dernier dans un article du Parisien : certes il faut de l’humanité, disait-il, mais « la capacité d’une petite ville comme Chantilly reste limitée ». Que dire alors de la capacité de Coye-la-forêt ? Et l’on retrouve le même discours chez Pascale Loiseleur, maire de Senlis, s’adressant à ses administrés. Tout le monde sait que les communes du sud de l’Oise sont les plus déshéritées. Quelle idée saugrenue donc que de demander à ces municipalités de penser à essayer de trouver un logement pour une famille… alors qu’elles n’ont pas de moyens ! Quand même, un maire de la Communauté de communes sur onze a osé le suggérer. Bravo ! Que ne se sont-ils associés, les onze maires des 45 000 habitants pour « avoir des moyens logistiques et humains » et pour faire aboutir la suggestion au lieu de dire qu’elle manquait de précision.
L’autre argument du maire est qu’il paraîtrait injuste d’apporter une aide à des réfugiés plutôt qu’à des Coyens dans le besoin, aide qu’il dit avoir déjà refusée, faute de moyens. Or, si Madame Delvigne a fait un don de 700 000 € à la commune — dont seulement 100 000€, rappelons-le, sont allés au Centre communal d’action sociale —, c’est bien justement pour qu’il permette d’aider les habitants. Que ne le fait-on ?
Le logement que Monsieur le maire mentionne est pourtant un point très positif de la réponse. On se dit que oui, Coye-la-forêt sera peut-être une commune solidaire. On se prend à espérer.
La déception arrivera quatre jours après le Conseil quand nous apprendrons du collectif « Solidarité Coye » que le logement en question est l’appartement de Creil généreusement légué par Madame Delvigne à la commune pour ses « œuvres sociales », mais qu’il ne sera pas question d’y accueillir des personnes réfugiées. Pourquoi, expliquera Monsieur le maire aux délégués du collectif venus le rencontrer sur ce sujet, y héberger des réfugiés plutôt que des Coyens en quête d’un logement accessible ? Mais pourquoi, Monsieur le maire, ces Coyens dont vous parlez et envers lesquels vous voulez être juste et généreux, pourquoi n’y vivent-ils pas déjà, puisque l’appartement est libre depuis bientôt trois ans ? Pourquoi l’avoir mis en vente au lieu de l’attribuer à des habitants dans le besoin ? Il n’est d’ailleurs pas trop tard pour le faire.
Quand La Lettre de Coye du mois d’octobre a été distribuée, une semaine après ce Conseil, on a pu lire la même argumentation, parfois au mot près. La compassion : « je comprends bien les souffrances… je ne peux que compatir à la douleur de ces familles… » La peur : « Il serait risqué de s’engager… des actions que l’on ne pourrait maîtriser… » Le pseudo-réalisme au final : « La municipalité n’a pas les moyens humains et logistiques d’assumer un accueil en nombre. »
Quelle phrase bien préparée pour servir en toute occasion et suffisamment abstraite pour qu’elle impressionne. « Assumer un accueil en nombre », sans doute pas. Coye-la-forêt n’est pas Cergy-Pontoise. Mais l’accueil d’une famille ? Que sont les « moyens humains » dont Monsieur le maire dit être dépourvu? Des hommes et des femmes. Or, le CCAS, Centre communal d’action sociale, comprend 14 membres élus ou nommés par le maire, en plus du maire qui en est le président de droit. Des habitants de la commune y sont également associés. Coye-la-forêt compte en outre une quarantaine d’associations que le maire ne manque pas de féliciter régulièrement pour le travail de leurs bénévoles. Si l’on fait une moyenne basse de 2 personnes par association, le chiffre des « moyens humains » à disposition devient intéressant.
Les « moyens logistiques » sont l’organisation matérielle d’une entreprise, l’organisation des opérations. Quand il s’agit d’accueillir une famille, ce sera la scolarisation des enfants, l’accueil au restaurant scolaire, au périscolaire, à l’étude, l’aide aux démarches administratives, les transports, l’enseignement du français… Toutes choses qui sont d’une grande banalité et déjà mises en œuvre pour la population coyenne. Reste le logement, le premier de ces moyens logistiques sans lequel les autres restent au point mort. Autant dire alors clairement que la municipalité et l’Aire cantilienne tout entière ne trouvent pas actuellement un seul logement à mettre à la disposition d’une famille de réfugiés sur 149,55 km2.
1. Le fonds national de péréquation des ressources intercommunales et communales (FPIC)
Le fonds national de péréquation des ressources intercommunales et communales (FPIC) a été mis en place en 2012. Il constitue le premier mécanisme national de péréquation horizontale pour le secteur communal. Il s’appuie sur la notion d’ensemble intercommunal, composée d’un établissement public de coopération intercommunal à fiscalité propre (EPCI) et de ses communes membres.
Le fonds national de péréquation des ressources intercommunales et communales (FPIC) consiste à prélever une partie des ressources de certaines intercommunalités et communes pour la reverser à des intercommunalités et communes moins favorisées.
(Source : collectivités-locales.gouv.fr)
2. La loi « Duflot » du 18 janvier 2013 modifie les obligations de construction de logements sociaux en portant le quota minimum de 20 % à 25 % pour :
- les communes de plus de 3 500 habitants (1 500 habitants en Ile-de-France)
- comprises dans une agglomération ou membre d’une communauté de plus de 50 000 habitants comprenant au moins une commune de plus de 15 000 habitants,
- dont le nombre de logements locatifs sociaux représente, au 1er janvier de l'année précédente, moins de 25 % des résidences principales.
Source : Assemblée des communautés de France.
3. Nombre de demandeurs d’asile en 2014 selon les chiffres du Ministère de l’Intérieur : 64 811. Nombre d’attributions : 14589
Nombre de demandeurs d’asile, 1° semestre 2015 : 29 832. Taux de rejet : 78.37%
Selon Eurostat (commission européenne chargée de l’information statistique) et UNHCR (Agence des Nations Unies pour les réfugiés)
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par rapport à ce compte-rendu
une question : il est écrit que le terrain acheté chemin des Loups est dans une zone classée “non constructible” d’après le Plan local d’urbanisme. Donc comment peut-on envisager d’y construire des logements sociaux ?
Au demeurant, si on doit construire des logements sociaux à Coye-la-Forêt, il faudrait précisément éviter que ce soit chemin des Loups, c’est-à-dire à proximité immédiate des HLM déjà existants. Il faut éviter la ghettoïsation et favoriser au contraire la mixité sociale en répartissant les logements sociaux sur tout le territoire de la commune.
et une remarque : le prélèvement de 150 000 € sur le legs Delvigne (dont nous ne répéterons jamais assez que la donatrice le destinait aux œuvres sociales de la commune), le prélèvement de 150 000 € pour la réfection des salles du centre culturel est d’autant plus choquant que le résultat en fin de compte, non seulement n’a aucun caractère social, mais bel et bien présente un caractère antisocial, puisque les associations coyennes ne sont pas prioritaires et que la préférence est donnée à une utilisation mercantile des salles. Particulièrement regrettable, le fait d’avoir interdit la salle 2 le vendredi après-midi aux Compagnons de la Reine Blanche : il s’agit essentiellement de personnes âgées, souvent modestes, parfois handicapées qui, depuis des années, se réunissaient ce jour-là pour passer l’après-midi ensemble ; elles sont désormais renvoyées dans leur foyer au motif qu’il faut permettre aux éventuels locataires de la salle le samedi de venir la visiter et de faire l’état des lieux. Ainsi la salle est désormais vide tout l’après-midi, au dépens d’une très ancienne association coyenne, et cela pour permettre une procédure dont on imagine qu’elle dure un quart d’heure tout au plus, en vue d’une opération commerciale le lendemain.