Le chaman et moi
De Sophie Forte
Les Passionnés du rêve et Atelier Théâtre Actuel
Mise en scène : Eric Bouvron
Des regrets...Peuvent en avoir ceux et celles qui n'auront pu venir assister ce soir à un spectacle désopilant teinté d'aventures et de poésie.
L'histoire: une femme en quête de maternité part à la recherche d'un chaman "caché" quelque part en Amazonie. Et nous voilà partis, avec divers moyens de locomotion, sur le fleuve, à travers la jungle, croisant diverses créatures plus ou moins effrayantes, mais qui généralement déclenchent le rire.
Ceci est fait avec un décor minimaliste et un simple objet devient bateau, lit, maison ou gouvernail, rame etc. accompagné de subtils bruitages effectués par les comédiens eux-mêmes : hilarant.
Venus d'horizons différents, les comédiens (Sophie Forte: radio, télévision, chant, écriture... Didier Constant : théâtre privé… Philippe Martz : mime et clown) nous prouvent l'étendue de leurs talents et apprécient de ne pas être "coincés dans une case" (dixit Sophie Forte).
Mêlant humour, tendresse, dynamisme, comédiens et public ont partagé plaisir et joie du spectacle vivant.
Conversations après spectacle
Depuis quelques années, après le spectacle, le Festival réunit dans le hall les comédiens et leur public. Moment très agréable où les échanges se font en toute liberté. Sophie Forte, Philippe Martz et Didier Constant se sont prêtés au jeu. Occasion pour eux d’entendre les spectateurs dire leur joie d’avoir ri pendant plus d’une heure et de parler de la manière dont le spectacle a été conçu.
Didier Constant — le fameux guide Eduardo — rappelle leur expérience étonnante avec le metteur en scène : lui-même venait du Théâtre de boulevard, habitué à ce que les décors soient importants, meubles, vases, miroirs, etc. Et le voilà ébahi devant Eric Bouvron qui lui montre un banc sur le plateau et lui dit : « Tu vois ce banc ? C’est la pirogue qui te mènera en Amazonie. Puis il avise deux tapettes à tapis en osier : voici tes rames. L’Amazonie, pourquoi pas, ose faire remarquer le comédien, mais il faudrait quand même une bande-son assez riche pour le faire croire. Pas du tout, répond le metteur en scène, il n’y aura pas de musique, vous ferez le bruitage». Ce qui fut fait.
« Notre rôle, dans cette pièce, ajoute Sophie Forte, est presque écrit comme une partition, il n’y a pas d’improvisation, chacun sait quel son il doit produire et à quel moment. Cela a été une belle expérience de nous retrouver tous les trois. Je connaissais Philippe Martz puisque nous avions suivi le Cours Simon ensemble, mais nous ne nous étions pas revus. C’est un clown et un mime étonnant. Allez voir son spectacle qui se produit dans le monde entier : BP ZOOM. C’est extraordinaire. » S’il est un clown, comme les spectateurs viennent de le voir à Coye, capable de mimer le toucan et le serpent, Philippe Martz est un homme discret et presque silencieux. Délicatesse et stature de géant. Il laisse à ses deux amis le soin de parler de lui.
La soirée se termine autour du buffet encore bien garni de La Sylve, et l’on se sépare… dans l’attente de la prochaine soirée de fête, lundi avec Parfums des sons.
BP ZOOM – Mélange 2 temps :
BP Zoom - Mélange 2 Temps - BP Zoom par levenementspectacle
LE CHAMAN ET MOI De Sophie Forte
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1 commentaire
Commentaire de: Christian Ganne Membre
Spectacle extraordinaire — le spectateur est emporté d’un univers à un autre, d’une civilisation à une autre.
Nous voilà sur un bras de l’Amazone avec un guide aux petits soins pour la dame travaillée par le désir d’avoir une descendance, et un piroguier motorisé — un géant qui préside au pilotage de la pirogue(un banc de bois) avec pour auxiliaire du moteur deux pagaies (joncs tressés autrefois destinés à battre les tapis).
Drôlerie à jet continu, trois comédiens pour jouer de multiples rôles - drôlerie des échanges. Le géant (futur chaman) est blanc, il sera aussi la mère de la jeune femme, et une vieille amazonienne, et une souche d’arbre à un autre moment. Le guide, de couleur, montre que sa peau est bien celle d’un Indien. Ce guide est dès l’abord douteux, sympathique certes, mais déjà corrompu par les touristes : il possède un téléphone portable… et sait très bien s’en servir au fin fond de la forêt.
Cette forêt est vivante, cela vit, cela hurle et cela terrifie. Le géant — Philippe Martz — est chargé des cris sauvages après avoir accompli sa tâche de bruiteur du moteur à explosion qui a rendu l’âme, encore que la panne semble un peu douteuse… Le ciel est magnifique, plein d’étoiles. C’est la magie du théâtre : avec rien, on montre tout. Il y a même un prodige : deux étoiles tombées du ciel dans le fleuve. Non, ce ne sont pas des effets de miroir, simplement les yeux d’un caïman qui attend son heure…
Et puis toute la ménagerie de la forêt ! Nous y croyons : l’araignée tueuse, le singe hurleur, le boa constrictor, les piranhas qui vous boufferaient la main si vous la laissiez pendre en dehors de l’esquif, sans compter des Indiens féroces.
Mais où est le fameux chaman ? Qu’à cela ne tienne, le géant à tout faire se coiffe d’un chapeau indien couronné de plumes — authentiques, les plumes. Il s’ingénie à sauver le guide, devenu entre temps traitre gémissant. Après la cérémonie chamanique, le moribond sera sauvé in extremis. Malgré les imbroglios, le spectateur s’y retrouve ! La troupe de comédiens est extraordinaire au même titre que la mise en scène, sans guère de matériel, mais habilement menée et rythmée. Aucun point faible, tout pour charmer les sens. Un plaisir qui justifie les nombreux rappels à la fin de la pièce. Très forts, le metteur en scène, les acteurs, et bien sûr l’auteure « acteure » très Forte.