Le vestiaire de Sofie
Qui a dit que le cœur de la ville était sans vie et devait être "redynamisé" ? Il y a là, dans la Grande rue, à deux pas de la place de la mairie, un lieu unique de rencontre et de partage, un lieu si peu ordinaire qu'il a fait l'objet d'un article dans Le Parisien*, sous la rubrique Ils nous ont fait du bien, avec ce titre Le dépôt-vente solidaire de Sofie Miedel ne désemplit pas. Il s'agit en effet de cette boutique singulière qui a pour enseigne Le vestiaire de Sofie. Au début on n'y trouvait guère que de la fripe, d'où ce nom de vestiaire, et puis peu à peu, on a vu apparaître d'autres choses : de la mercerie, des livres, de la vaisselle, toute sorte d'objets que les gens donnent et qui seront revendus à très petit prix. Vous auriez bien aimé avoir une nouvelle robe pour cet été ? Votre enfant a besoin d'un pull-over ? Il vous manque une gigoteuse pour le petit dernier ? Le chemisier en vitrine vous fait envie ? N'hésitez pas ! : il vous en coûtera quelques euros à peine et vous ferez une bonne action.
Car la générosité s'exprime à toutes les étapes : d'abord les gens apportent les vêtements ou les objets dont ils n'ont plus l'usage. Mais contrairement aux traditionnels dépôts-ventes, celui qui dépose ne perçoit rien, ni fixe ni pourcentage : il donne. Ensuite le local est tenu par des bénévoles ; elles sont plusieurs à se répartir les plages horaires d'ouverture du magasin au fil du jour et de la semaine. Elles donnent de leur temps et de leur énergie.
Et pour finir, le produit des ventes revient à une association de soutien aux malades de la sclérose en plaques. Les invendus sont cédés aux Emmaüs et autres recycleries qui viennent régulièrement les chercher afin d'assurer la rotation de l'achalandage. Car c'est bien cela qui contribue fortement à l'animation du lieu : ce sont les apports nombreux et incessants. Il faut réceptionner, trier, ranger, exposer…
Quand vous passez par là, vous jetez un œil dans la vitrine et vous pouvez toujours entrer, même si vous n'achetez rien, juste pour donner un coup de main ou discuter un brin. Le lieu est ouvert et convivial.
Oui, mais voilà … Le vestiaire va être obligé de s'exiler. Place au commerce lucratif ! Le vestiaire est actuellement installé dans des locaux appartenant à la municipalité qui doivent être vendus (on pourrait presque dire bradés *) avant la fin de l'année, pour permettre la construction de la supérette, la fameuse supérette "tant attendue" selon le mot du maire de janvier 2017. Exit donc le vestiaire de Sofie qui va se retrouver déporté dans le bâtiment du Sauteur sur la route des Étangs. Oh, bien sûr, il ne va pas être supprimé, mais la situation ne sera plus du tout la même. Excentré, enfermé, privé de passage et de visibilité puisqu'il n'y aura plus de vitrine, il y a fort à parier que le vestiaire aura du mal à survivre. Car, hormis les riverains, qui va faire un saut au Sauteur ? Nous serons nombreux à regretter ce lieu extrêmement dynamique en plein cœur de ville.
* Le Parisien du 19 décembre
http://www.leparisien.fr/espace-premium/oise-60/le-depot-vente-solidaire-de-sofie-miedel-ne-desemplit-pas-19-12-2016-6471516.php
* Les locaux des 44 et 46 Grande rue, comprenant le rez-de-chaussée, le premier étage et des combles, assortis d'une parcelle de terrain de 55 mètres carrés prise à l'arrière sur la cour de l'école, seront vendus 400 000 Euros dans la dernière semaine de décembre.
Rappel : la commune avait acheté les bâtiments en février 2015 pour un coût de 431 937 €.
Les Domaines ont récemment estimé le bien à 470 000 €.
Nous reviendrons plus en détail sur ce sujet dans notre compte-rendu du dernier conseil municipal du 15 décembre 2016.
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5 commentaires
Commentaire de: Tatlo Visiteur
Commentaire de: Marie Louise Membre
Il faudrait une idée pour garder Le vestiaire au centre du village.
Depuis qu’il est question du projet coeur de ville, il a été dit plusieurs fois par la municipalité que les locaux de la poste étaient trop grands et que l’on pourrait installer un nouveau commerce dans la partie inoccupée. Et bien la voilà la place du Vestiaire, sur la place de la mairie.
Et comment financer? Avec le legs de madame Delvigne bien sûr. Souvenez-vous, en 2011 je crois, sa générosité a légué tous ses biens aux oeuvres sociales de la commune, soit 700 000 euros. C’est au conseil municipal qu’il appartient de choisir pour quelles oeuvres le legs sera utilisé. Il l’a fait en partie. 100 000 euros ont été versés au CCAS pour aider les personnes en difficulté. C’est une oeuvre sociale. 200 000 ont été utilisés pour la rénovation du centre culturel, notamment la réfection de la salle 2. Peut-on dire qu’il s’agit d’une oeuvre sociale? Pas vraiment.
A l’inverse, personne ne peut contester que le Vestiaire de Sofie est une oeuvre sociale. Les articles ci-dessus le démontrent clairement.
Il n’y aurait donc pas une meilleure utilisation du legs, parfaitement conforme aux voeux de madame Delvigne. Le Vestiaire serait ainsi intégré au projet coeur de ville sur lequel la municipalité réfléchit encore.
Commentaire de: francoise Membre
Les lieux qui ont du coeur devraient être à l’honneur au coeur de ville. Le Vestiaire y mérite amplement sa place.
Commentaire de: claud(ette) Visiteur
Quelle bonne idée Marielouise: le vestiaire de Sofie à la place de la poste.
Cette boutique, lieu si convivial resterait au cœur du village.
J’aime aller dans cette caverne d’Ali Baba où
l’on trouve toujours son bonheur: un vêtement un livre, un jouet …….tout en parfait état. On discute, on cherche ensemble et les enfants en partent tout content avec un petit cadeau.
Merci à ces dames bénévoles qui sont formidables de gentillesse et d’humanité.
Commentaire de: Nmc Visiteur
Ca merite une demande officielle
Nous sommes très nombreux à profiter du vestiaire de Sofie, à aimer cet endroit et les personnes qui l’animent. Bravo, merci et bonne année à elles.