Claude et Roxane…
…quand la passion du théâtre se transmet…
Sur la scène de la salle Claude Domenech, samedi 14 mai, c’était la dernière soirée du 41° Festival théâtral. Le Théâtre de La Lucarne y donnait « Les Pas perdus » de Denise Bonal. Dix comédiens et un pianiste pour faire résonner sur le plateau les pas de voyageurs dans un hall de gare et les mots qui se disent là. Parmi eux une petite fille de dix ans en robe rouge, avec des couettes brunes qui volent ou des nattes très sages. C’est Roxane. Elle n’était pas là pour faire de la figuration, traverser la scène en courant, par exemple, ou rester muette et plantée à côté de ses parents de scène. Non, elle avait deux vrais rôles. Et elle les a assumés, forte, présente et assurée, un visage expressif, une bonne diction claire. C’était ses débuts au théâtre dans une vraie pièce, avec des adultes, au Festival théâtral de Coye-la-forêt…
L’écoutant des coulisses, attendant de rentrer elle-même en scène, il y avait Claude sa grand-mère dans la vraie vie, partageant la même aventure théâtrale.
Comme ce n’est pas si courant, j’ai eu envie de les entendre toutes les deux parler du théâtre et de leur expérience dans cette pièce. Il faisait beau, nous étions dans le jardin toutes les trois bavardant joyeusement…
Coye29 : Claude, en tant que comédiens, qu’avez-vous pensé à La Lucarne de la pièce choisie par Isabelle pour ce Festival ?
Claude : Nous avons été réticents au début, ces petites scènes sans lien, on voyait ça un peu comme des exercices pour une école de théâtre… Les enchaînements, entrées, sorties… cela nous a semblé difficile. Et puis petit à petit nous avons aimé nos personnages et le plaisir du jeu. Isabelle a beaucoup travaillé pour résoudre les difficultés liées à cette pièce.
— Quelles scènes as-tu préférées ?
— Dès le début je savais que je jouerais une vieille femme ! Je me suis attachée à « La chômeuse », à « La femme âgée ». Dans « Le tableau perdu », il y avait du dynamisme, un rythme plus enlevé, et avec « Bastory », nous étions dans un registre plus drôle, avec ce nom de lieu imaginaire vers lequel nous devions partir, et des costumes extravagants qui m’amusaient.
— Et toi, Roxane, comment s’est passée cette année de répétitions ?
— J’ai appris mon rôle très vite, et je me sentais bien. Avec Nathalie, quand on avait fini notre scène « La Nature », on se faisait un check ! (« La nature », c’est la scène où Roxane joue la petite fille qui fatigue sa mère par une succession de «pourquoi ».)
— Quand as-tu commencé le théâtre ?
— Le théâtre, j’ai commencé dans le ventre de ma maman !
Sa grand-mère ajoute : c’était pendant « La Flûte enchantée » avec Comédiens et Compagnie. Son prénom de Roxane est bien sûr lié au théâtre, il vient des personnages de Racine (dans Bajazet) et d'Edmond Rostand (dans Cyrano)...
Roxane a été la plus jeune spectatrice de toute l'histoire du Festival Théâtral de Coye-la-forêt puisqu'elle a assisté à la représentation de « La Nuit des Rois » par Comédiens et Compagnie (31e Festival) à l'âge de 24 jours!
Quand sa maman partait en tournée, elle allaitait encore et je les accompagnais.
Dès son plus jeune âge, deux ans peut-être, elle est venue chaque semaine aux répétitions de la Lucarne. Elle était l’une des plus assidues, et assistait à toutes les répétitions du vendredi soir et souvent le dimanche. Peu à peu elle a même su nos rôles !
Roxane : Ce que j’aimais, c’est quand je pouvais aussi monter sur scène. J’ai adoré la pièce « Klaxon, trompettes… et pétarades » (de Dario Fo au 38e Festival). A la maison, je faisais répéter ma grand-mère. Pour cette pièce, c’est mon frère qui m’a fait répéter.
Je suis aussi les cours que donne maman à l’école de théâtre de La Lucarne.
Coye29 : Le théâtre est donc devenu une affaire de famille pour les Samsoën. Quand as-tu commencé, Claude ?
Claude : Il y a très longtemps… J’ai commencé à l’école de théâtre avec le père d’Isabelle, Claude Domenech. Et puis j’ai intégré la troupe dans « 1789 » — représentée en 1989 pour le 8e Festival. Mes deux filles, Lucy et Marieke, ont joué avec moi cette année-là. Mais c’est ma mère qui m’a donné envie de faire du théâtre, elle-même et ma tante auraient voulu pouvoir le faire. Déjà quand j’allais à l’école, ma mère apportait un soin tout particulier à me faire réciter mes poésies, elle voulait que la diction et le ton soient parfaits. (Ndlr : Je me souviens de Paulette, la maman de Claude, présente chaque soir au Festival.)
A partir de 2001, j’ai aussi suivi un atelier théâtre à La Faïencerie avec Analia Perego. Par la suite, nous avons monté une troupe — Atelier Acte II — dont elle a été metteuse en scène. Je faisais donc du théâtre à Coye-la-forêt et à Creil ! Tous mes week-end étaient pris par le théâtre et mes filles ont suivi (Elles sont maintenant comédiennes professionnelles). Le théâtre est devenu la passion de toute la famille, de ma mère et ma tante à ma petite fille.
— Dans quelles pièces as-tu préféré jouer ? Qu’est-ce que tu aimes au théâtre ?
Claude : J’ai beaucoup apprécié « L’Atelier » de Grumberg, « La Tortue de Darwin », « Les Dames du jeudi », « Kiki l’Indien » de Joël Jouanneau, entre beaucoup d’autres… Difficile de faire un choix.
Au théâtre, j’aime bien l’ambiance… apprendre les textes… donner vie aux rôles… J’aime surtout quand c’est fini ! Je peux enfin lâcher prise et laisser les bonnes émotions m'envahir, je me sens « vidée » et heureuse.
J’ai un stress énorme quand approche la représentation, au moins quinze jours avant. Il ne faut plus me parler les deux jours qui précèdent … je suis dans mon personnage, je ne peux penser à rien d’autre. Ma petite fille m’a bien aidée pour « Les Pas perdus », elle faisait mon coach ! Elle a de l’assurance et je n’ai pas eu à m’occuper d’elle pendant la représentation, elle était très autonome, savait comment se préparer en coulisses, assurait ses changements de costume.
Mais nous avons eu une grande peine cette année, Jean Truchaud nous a quittés brutalement. Pendant de nombreuses années il a été notre compagnon de théâtre, d’humeur égale, bienveillant, il préparait cette pièce avec nous. Ce fut un moment très douloureux. Il a fallu le remplacer et nous sommes allés au bout, malgré les difficultés, jusqu’à la représentation.
Le mot de la fin : en dépit du stress dont tu viens de parler, Claude, pourquoi fais-tu du théâtre ?
—Parce que je change de personne, je ne suis plus moi.
Roxane : Quel rôle j’aurai l’année prochaine ?
Voir liens vers articles et photos dans coye29 :
La flûte enchantée en 2009 : http://coye29.com/blogs/blog2.php/2009/05/22/la-flute
La nuit des rois en 2012 : http://coye29.com/blogs/blog2.php/2012/05/21/la-nuit-des-rois
Les dames du jeudi en 2017 : http://coye29.com/blogs/blog2.php/2017/05/14/l
La tortue de Darwin en 2018 :
http://coye29.com/blogs/blog2.php/2018/05/30/la-tortue-de-darwin
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