Grisélidis
d’après les textes de Grisélidis Réal
Théâtre de Suresnes
Mise en scène et interprétation de Coraly Zahonero
Dans la série « portraits de femmes », le festival de Coye nous a gâtés, ce mercredi 17 au soir ! Coraly Zahonero, sociétaire de la Comédie-Française, a fait découvrir, par son texte et son jeu, Grisélidis Réal à un public nombreux, attentif d’abord, ému ensuite et enfin transporté.
Grisélidis a écrit (un roman, de très nombreuses lettres, des poèmes), Grisélidis a peint et illustré, Grisélidis s’est prostituée, Grisélidis a parlé et milité, Grisélidis est allée en prison, Grisélidis a été mère de quatre enfants.
Coraly Zahonero nous la montre comme une courtisane, avec un langage de courtisane, parfois poétique, parfois… technique, dans un décor intimiste, lumières tamisées et Chateauneuf-du-Pape (pouvant être considéré comme seule exception à sa haine de toute religion). Elle nous la montre surtout comme prostituée-humaniste, sensible aux misères humaines, désireuse de les soulager.
C’est cette sensibilité qui a séduit bon nombre d’entre nous, spectateurs un peu voyeurs (aïe : pléonasme !), qui nous a amenés exactement à l’endroit voulu par Coraly-Grisélidis : absence de jugement, bienveillance et tolérance. Nous avons vécu un moment de paix. Merci.
La prostitution comme « un Art, un Humanisme et une Science », voilà ce pour quoi Grisélidis a milité jusqu’à la fin de sa vie, en 2005.
Galerie photos :GRISELIDIS D'après les textes de Grisélidis Réal
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2 commentaires
Commentaire de: Maurice Delaigue Visiteur
Commentaire de: Ghislaine Bockhoff Visiteur
Très beau texte, puissant, dans une langue crue et sauvage.
Réhabilitation de la prostituée au grand cœur qui accueille le bourgeois frustré, l’immigré esseulé, le nain rejeté avec la même magnanimité.
Coraly Zahonero qui maîtrise chaque geste, chaque émotion est remarquable.
On me reproche parfois d’avoir la critique facile à l’égard des pièces présentées au Festival. C’est sans doute vrai. À mon âge je peux passer pour un vieux con qui tient à se faire remarquer.
Mais je peux aussi aimer. Par exemple GRISELIDIS, j’ai tout aimé : le sujet, l’interprétation, la mise en scène, la musique. Pas le moindre interstice pour passer un peu de fiel. Puis-je ajouter qu’après la représentation, Coraly a su expliquer avec beaucoup d’humanité et une certaine tendresse pourquoi elle avait conçu cette réalisation. Bravo pour le Festival.