Une xénophobie honteuse
Ainsi la ville de Paris a décidé de fermer l'école et le pensionnat des Trois Châteaux dès la rentrée prochaine. Pourtant au fil des ans ces châteaux dont ils n'osaient même pas rêver ont pu devenir une réalité pour un certain nombre d'enfants perdus à qui tout espoir d'avenir semblait refusé. Nous avons donc dit combien cette décision nous paraissait consternante. On se console en pensant que si le domaine doit à l'avenir trouver une autre destination, dans tous les cas de figure il devrait rester dédié à une institution d'aide aux personnes en difficulté. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas à nous autres, Coyens, de choisir, entre trente-six misères, laquelle serait la mieux venue aux Trois Châteaux, quand cette décision est du ressort de la ville de Paris. Nous n'avons guère notre mot à dire dans cette affaire.
Pourtant dans La lettre de Coye-la-Forêt de juillet-août, notre maire dit clairement qu'il vaudrait mieux accueillir des enfants autistes que des réfugiés. Ah bon, pourquoi ?
« […] je crains », dit-il, « que la situation géographique, les moyens humains et financiers de notre village, ainsi que la configuration des lieux ne permettent pas un accueil dans des conditions satisfaisantes. »
Voilà qu'après nous avoir rebattu les oreilles pendant des mois et des mois avec le projet « cœur de ville », voilà que nous redevenons un village, un village avec son clocher, un village gaulois, avec ses petits enfants si ce n'est blonds de chevelure, du moins blancs de peau, un petit village paisible et traditionnel.
On aimerait que M. Deshayes soit plus explicite : en quoi « la situation géographique » de notre charmant petit village est-elle problématique ? On accueille des réfugiés à peu près partout en France, dans les villes et dans les campagnes, à l'est, à l'ouest, au nord comme au sud. L'air qu'on respire à Coye-la-Forêt n'est-il pas bon pour les migrants ? Est-il moins bon qu'à Grande-Synthe ou à la porte de la Chapelle ?
(Nombre d'initiatives citoyennes, partout en France, pour venir en aide aux migrants)
Est-il besoin de rappeler que le domaine des Trois Châteaux n'appartient pas à la municipalité de Coye-la-Forêt, et que s'il devient un centre d'accueil pour des réfugiés demandeurs d'asile, c'est sous la responsabilité de la ville de Paris et grâce aux moyens qu'elle mettra en œuvre à cet effet. Pas plus que jusqu'à présent où les Trois Châteaux accueillaient des enfants parisiens en difficulté familiale et sociale, il ne sera demandé à la mairie de Coye-la-Forêt de contribuer au fonctionnement du domaine et à ses activités ; les employés municipaux ne seront pas sollicités et le budget de la commune ne sera pas affecté.
Quant à « la configuration des lieux », c'est à la mairie de Paris de décider s'ils sont satisfaisants ou non et, si ce n'est pas le cas, à faire en sorte qu'ils le deviennent. Donc, que tout le monde ici se rassure, il ne nous sera rien demandé, « les moyens humains et financiers de notre village » peuvent être ce qu'ils sont, ils n'entrent nullement en ligne de compte.
Et cela, quelle que soit la vocation future de l'établissement.
Si ce sont des migrants qui finalement sont provisoirement hébergés près de chez nous, et bien que l'institution communale, très égoïstement, ne veuille pas s'impliquer dans cette affaire (alors que d'autres municipalités en France se sont montrées exemplaires en la matière), il se trouvera à Coye, notamment par le biais del'association Solidarité Coye, des femmes et des hommes de bonne volonté (dans d'autres circonstances on les a appelés « les Justes ») qui continueront leur devoir en s'attachant à récolter bénévolement les « moyens financiers » et à mobiliser les « moyens humains » pour accueillir dignement des personnes en extrême détresse.
Accessoirement, je souligne que dans cette configuration, le commerce local de proximité et notamment la supérette tant souhaitée en cœur de ville ne pourraient que se trouver dynamisés par la présence de cette population nouvelle.
À la formule « Je ne suis pas raciste, mais…» – mais quand même les Juifs, mais quand même les Noirs, les Arabes… et aujourd'hui, mais quand même les migrants –, à cette formule hypocrite qui autorise en fait à décharger quelques saloperies l'air de rien, à cette formule précautionneuse et chafouine, j'avais un copain qui en préférait une autre, beaucoup plus courageuse et plus honnête. Il disait : « Je suis raciste, bien sûr, comme tout le monde, mais…» – mais je le sais et je le combats, je ne me laisse pas aller à cette pensée molle, je regarde la réalité en face, je ne mens ni à moi-même ni aux autres, je ne m'abandonne pas à cette prédisposition peureuse, égoïste et facile qui nous fait redouter ce et ceux que nous ne connaissons pas et qui fait rimer étranger avec danger. Je sais au fond que je suis raciste, mais je sais aussi que c'est inadmissible et donc je ne l'admets pas, je ne l'admets ni chez moi ni chez les autres, et je lutte contre.
Ce qui vaut pour le racisme vaut bien évidemment de la même manière pour la xénophobie. Honteux : le mot a ce double sens en français, il désigne ce qui est scandaleux, véritablement ignoble et qui doit être dénoncé ; il désigne aussi ce dont on a secrètement honte et qu'on n'ose pas avouer, ce qui donc ne s'affiche pas comme tel.
Or il nous faut le reconnaître, nous sommes assez spontanément xénophobes et racistes, par anxiété obscure, par égoïsme inavouable, par ignorance, par indifférence, par paresse, par lâcheté, par bêtise. Si nous devons rester vigilants, c'est vis-à-vis de la résurgence sournoise de ces sentiments négatifs. Nous avons beaucoup de préjugés et d'idées fausses au sujet des réfugiés, et il ne s'agit pas insidieusement de les répandre et de les conforter, mais au contraire de les combattre, de les réprimer, de les autocensurer. Car le racisme et la xénophobie ne peuvent que mener à des catastrophes, alors que l'accueil, la rencontre et la connaissance mutuelle nous enrichissent les uns les autres.
Est-ce que ces migrants retourneront chez eux ? Si vous leur posez la question quand ils arrivent la plupart vous répondront : Oui, bien sûr, dès que ça sera possible. Ce n'est jamais de gaité de cœur que l'on s'arrache à sa terre, à ses amis, à sa famille ; l'immense majorité de ces exilés ne souhaitent qu'une chose, retourner vivre en paix dans leur pays. Pourtant certains s'installeront définitivement chez nous, car ils auront adopté nos modes de vie, notre langue, nos principes, et leurs enfants seront français. La France s'est construite comme ça : il y a un peu moins d'un siècle, les Espagnols fuyant le franquisme traversaient les Pyrénées, les Italiens les Alpes, et les Juifs d'Allemagne et d'Europe centrale émigraient en France. C'étaient les réfugiés de l'époque. Certains sont retournés, d'autres sont restés. Si la France ne s'était pas enrichie de tous ces apports nouveaux, elle serait aujourd'hui un vieux pays dépeuplé et sans vitalité.
Quant au domaine des Trois Châteaux,initialement racheté par une association caritative suédoise pour y accueillir des enfants orphelins victimes des conséquences de la guerre de 39-45, il n'y a ni à « craindre » ni à « souhaiter ». Pourvu qu'il garde sa vocation première de générosité et d'humanité, nous n'avons pas à exprimer une préférence quant à la nature des souffrances qui devront y être soulagées.
Pour en savoir plus :
- «Qui sont les migrants ?»: on démêle le vrai du faux (La voix du Nord)
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9 commentaires
Commentaire de: Azerty Visiteur
Commentaire de: Chevillard Sylvain Visiteur
Quels propos puants, Azerty !
Et quelle ignorance sur la réalité de la fuite ! Les “illettrés", rassurez-vous, n’ont, hélas pour eux, pas les moyens de parvenir jusqu’à votre petit chez vous pépère. Entreprendre un tel voyage demande des moyens financiers importants pour payer les “passeurs". En outre, la maîtrise de l’anglais est une quasi nécessité . Les “migrants” sont des gens éduqués faisant partie de la classe moyenne, au minimum. Les illettrés, crèvent sur place et ne viendront pas troubler votre sommeil.
Votre façon d’appeler “xénophiles", comme une injure, ceux qui essaient de faire preuve de solidarité vous classe sans ambiguïté dans la catégorie des xénophobes. Et à choisir entre deux émotions, l’amour me semble toujours préférable à la peur.
Enfin, et paradoxalement votre argument “habiter l’une des communes les plus privilégiées et les moins hétérogènes socialement…” me conduit à la conclusion exactement contraire à la vôtre : … et venir expliquer que la situation géographique, ainsi que les moyens humains et financiers de Coye-la-Forêt ne permettront pas d’accueillir des migrants dans de bonnes conditions, voilà qui relève d’un égoïsme certain, lorsque, ailleurs, des communes moins fortunées, moins équipées, ont depuis longtemps pris leur part.
Soyez heureux, je vous retourne votre mépris.
Commentaire de: Azerty Visiteur
“La classe moyenne anglophone".
Hahaha, quelle blague. Qui croyez-vous tromper en affirmant de telles inepties ? On ne doit pas avoir les mêmes sources ni voir les mêmes images.
Continuez à vous astiquer l’ego entre belles âmes. Et épargnez-nous cette rhétorique de curé sur l’amour et l’accueil de l’autre.
Il faut être diacre ou socialiste pour professer ainsi constamment son amour de l’Humanité.
Mais on sent bien que vous ne subirez jamais personnellement les conséquences sociales, économiques, civilisationnelles de votre “charité".
La charité n’a jamais fondé une politique.
Comme dirait l’autre, le monde est plein d’idées chrétiennes devenues folles.
Calais, c’était 1% de réfugiés syriens.
Vos migrants, ce sont à 97% des réfugiés économiques majoritairement musulmans.
Et la source est infinie.
L’Australie et heureusement quelques pays d’Europe de l’Est l’ont bien compris.
Je vous laisse entre bienfaiteurs de l’Humanité.
Commentaire de: Jacqueline Chevallier Visiteur
Il est vrai que ma comparaison avec « Les Justes » de la deuxième guerre mondiale était excessive. Les époques ne sont pas comparables. On ne risque aujourd’hui ni la torture ni la déportation à venir en aide à des personnes pourchassées et en danger de mort.
Il faut cependant rendre hommage à ceux qui, de nos jours, viennent au secours des migrants, il faut saluer leur courage et leur humanité, car ils y risquent à tout le moins les injures, les intimidations et les menaces, les agressions verbales et physiques et, de la part de l’État, ils s’exposent aux interpellations, gardes à vue, mises en examen, condamnations, à savoir amendes et peines de prison, comme le montrent par exemple les habitants de la vallée de la Roya dans les Alpes Maritimes.
Car dans notre douce France et notre belle République, il est fait obligation à chacun de porter assistance à personne en danger mais, « en même temps », ce devoir élémentaire est réprimé et la solidarité est qualifiée de délit.
Oui nous connaîtrons les conséquences de nos actes, et nos enfants après nous, car il n’y a pas trente-six solutions pour notre avenir. Soit les Hommes cohabitent (c’est ce qu’on appelle « vivre ensemble ») sur cette petite planète dont l’espace habitable va encore rétrécir du fait du réchauffement climatique, soit ils s’entretuent. Il faut essayer d’œuvrer pour que prévale la raison sur la violence, et pour que le réalisme et l’humanité l’emportent sur l’aveuglement, la peur et l’indignité.
Commentaire de: Françoise Visiteur
Chacun se débrouille avec ses peurs et ses fantasmes.
Pour moi, le danger ne vient pas des immigrés, fussent-ils musulmans et illettrés.
Commentaire de: Caillou Visiteur
Bravo Françoise, quelle sagesse en si peu de mots !
Commentaire de: Reset Visiteur
Vivement la fin de cette génération égoïste, immature et trop gâté qui nous aura apporté communautarisme, destruction de la nation et le chef d’oeuvre final, la guerre civile.
Merci pour votre enfer…
Commentaire de: yann Visiteur
Comme il est facile de donner bonne ou mauvaise conscience en généralisant le terme “migrant",en faisant appel aux souvenirs plus ou moins glorieux de la période sombre de la seconde guerre mondiale, en évoquant le fameux “vivre ensemble” prôné par des gens qui n’en connaissent que le côté intellectuel mais ignorent ce que vivent les familles à qui on a imposer cette “mixité sociale” dont la majorité ne veut pas.
Il y a un gouffre entre les bonnes intentions et la réalité.
Il y a une différence entre les grands sentiments égalitaires et fraternels et la réalité du terrain. Il a une énorme différence entre se frotter à quelques instants choisis aux différentes cultures et immigrés économiques, réfugiés politiques ou français d’origines étrangères et vivre au quotidien avec sa famille au milieu de ces ghettos multiculturelles.
Faire référence aux immigrés européens de l’après guerre pour démontrer que tout se passe bien est de la malhonnêteté intellectuelle.
Autour du terme “migrant” on regroupe tout et son contraire sans discernement.
On mélange flux migratoires économiques, réfugiés politiques ou suite à des catastrophes naturelles ou situation de guerre. On y ajoute les problèmes de délinquance, de religions, la situation économique de notre pays et les problèmes posés par les secondes ou troisièmes générations d’immigrés. Quelques politiciens jouent plus ou moins habillement sur ses différents ressorts pour exister. Et on obtient un joyeux mélange permettant à chaque groupe de traiter l’autre de raciste ou de traître dès l’instant où il pense différemment. Chacun ayant le bon exemple pour argumenter.
La réalité est un peu plus complexe et il suffit de s’informer ailleurs qu’en suivant les journaux télévisés pour s’en rendre compte.
A titre personnel je ne pense pas être raciste, l’histoire de ma famille, mon éducation, la composition de mes proches amis peuvent en témoigner.
Par contre je pense être lucide sur ce qui se passe en France actuellement, sur les problèmes posés par la religion, sur le renoncement programmé de la laïcité, de notre culture qui s’étiole et sur ce qui nous pend au nez à plus ou moins brève échéance.
Il ne s’agit pas d’être bêtement pro ou anti migrant mais bien de savoir dans quelle société nous souhaitons vivre et transmettre aux générations futures.
A titre personnel ce n’est certainement pas celle que l’on nous dessine actuellement par petites touches plus ou moins dissimulées.
Ne s’attacher qu’à une infime partie du problème en occultant la réalité qui compose la totalité est réducteur.
Accueillez, aidez des migrants si vous le souhaitez. Mais n’imposez rien à ceux qui ne pensent pas comme vous et évitez de donner des leçons car il y a de grandes chances pour que vous n’assumiez pas vos choix quand la société explosera.
Commentaire de: Azerty Visiteur
Cette vidéo de Bricmont pour donner raison de façon très argumentée aux deux derniers commentaires
https://www.youtube.com/watch?time_continue=1417&v=9O6WOMap03I
Les dames-patronnesses avaient jadis leurs pauvres, elles ont aujourd’hui leurs migrants. Convaincues de leur supériorité morale, elles traitent de racistes, voire de fascistes, tous ceux qui trouvent assez déplaisant le vivre-ensemble qu’on veut nous imposer à toute force. D’ailleurs, le maire devrait vous attaquer en diffamation.
Habiter l’une des plus communes les plus privilégiées et les moins hétérogènes socialement et ethniquement du département et se lamenter sur le mauvais accueil que l’on ferait aux “réfugiés” est une tartufferie sans nom.
Comparer quelques préretraités xénophiles aux Justes de 39-45 est une dégueulasserie.
Continuer à croire que nous allons recevoir un quelconque enrichissement de hordes de subsahariens musulmans illettrés est une folie.
Avec tout mon mépris.