La fin de l'été
Tombe la pluie, coule le temps, monte la haine. Le ciel rougeoyant se charge de vapeurs inflammables. L’incendie pourrait s’étendre à toute l’humanité. Les écrans médiatiques pleurent leurs couleurs en recensant les morts. La démocratie est en danger. Le commerce des armes ne s’est jamais aussi bien porté. Les mafieux du monde se frottent les mains. On a laissé tomber les vieux préceptes républicains. Qui voudrait encore de cette Liberté qui laisse les tueurs des rues massacrer les gens ? Qui parle encore d’Égalité devant les hordes de migrants imbus de culture machiste ? Et la Fraternité ? Comment être frère de ceux qui ne pensent qu’à laver le sang dans le sang ?
Nos riches n’ont pas d’argent pour tous ces détails agaçants. Alors on aimerait encore quelques jours de beau temps et faire durer le soleil sur la plage. Ne rentrons pas tout de suite à la maison et laissons les enfants manger encore une glace sur la promenade. Encore un peu de vacances, messieurs, s’il vous plaît ! Encore un peu de vide d’esprit, d’oubli des soucis et de déni des horreurs. La rentrée nous brisera les oreilles du bruit des foules d’enfants dans les escaliers des écoles et des lycées, du bruit des pieds des manifestants sur les pavés mouillés, du bruit des godillots cloutés des flics aux matraques enragées, du bruit des bottes des fascistes revanchards, le bras tendu, en rangs serrés, du bruit des guerres, des bombes et des mères qui hurlent en tenant le corps de leurs bébés. Alors encore une petite trêve, un instant de temps arrêté sur les horizons d’azur de fin d’été. Ô temps suspends ton vol… J’ai trop peur d’avoir peur. Vagues amères, mortes montagnes ! Déjà, les nuages sur la mer me donnent le cœur serré. Ce dont j’ai le plus peur, c’est le silence des chaussons de feutre, l’entêtement des mules à pompons et l’indifférence des charentaises. La démocratie est en danger. Les dictatures ont envie de guerroyer. Il va falloir réveiller les gens avant.
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