La mort d’un arbre
Dans la vaste forêt qui nous entoure, qu’est-ce que la mort d’un arbre ? Il en meurt tous les jours, mais voilà, cet arbre n’est pas une figure anonyme : Coye vient de perdre un genre d’empereur des bois de plus de trois siècles d’existence, avec cet énorme tronc de plus de huit mètres de circonférence.
Il était très accueillant notre chêne du carrefour du Bois Brandin, que l’on appelait familièrement « les trois frères », il permettait aux enfants de jouer avec lui et de grimper jusqu’à la fourche des trois branches. Là-haut, en sécurité, les pieds bien calés dans un creux, ils étaient les rois du monde !
Une photo de 1985, prise en hiver, le montre encore dans sa forte charpente. Mais le mal est à l’intérieur, il rongera les éléments les plus actifs de sa vie.
Deux « frères » sont ainsi tombés… J’ai suivi avec peine cette dégradation, comme on suit la maladie d’un proche. Je souhaitais qu’on mette fin le plus vite possible à l’agonie, car on voyait bien que le vieux chêne souffrait. Je suis de ceux qui pensent que les arbres, comme les plantes, ont leur propre langage pour communiquer entre eux. Peut-être un jour saurons-nous communiquer aussi avec eux …
Trois siècles ! Notre chêne a dû voir les Coyens agités par la Révolution de 1789, ses branches ont-elles servi de fourches patibulaires pour y pendre des malfrats ou de pauvres citoyens ? L’arbre est comme un livre d’histoire qui nous ramène loin dans le passé.
Je suis retourné une dernière fois au carrefour, maintenant largement éclairé. Il reste le bas du tronc encore fortement enraciné, mais déchiré, la chair à vif, amputé de la troisième branche qui gît maintenant en travers du chemin. Mon souhait serait de planter là un nouveau chêne pour les générations futures.
Adieu l’ami.
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Cet arbre a aussi laissé sa marque sur la toponymie : “Carrefour des trois frères", “Route des trois frères".
Dans quelque temps, qui saura d’où vient ce nom ?