La tortue de Darwin
De Juan Mayorga
Théâtre de la Lucarne
Mise en scène : Isabelle Domenech
Impressions d’un spectateur
La lumière de la salle s’éteint et sur la scène la pièce commence dans le bureau du professeur (joué par Jean Truchaud), caricature de l’enseignant-chercheur universitaire débordé et ambitieux, doublé d’un macho qui traite sa femme (jouée par Isabelle Jacquet) comme une bonne à tout faire.
Soudain apparaît cette petite femme d’apparence si singulière qui, dès ses premières paroles, crée une ambiance mystérieuse qui « accroche » les spectateurs.
Bien vite, le professeur comprend ce que cette vieille femme peut apporter à ses travaux et lui fait des promesses qu’il n’a aucune intention de tenir. Dès lors, il n’aura de cesse de la « pressurer » à l’extrême.
La puissance du récit d’Harriet (La tortue, jouée par Claude Samsoën) de ses deux cent ans d’existence et de son vécu d’événements, la plupart dramatiques, nous touche car ils font partie de notre histoire. A tel point que nous partageons parfois avec l’actrice les larmes qui nous viennent aux yeux. Harriet s’est « adaptée », allusion la théorie de Darwin sur l’évolution qui sélectionne les êtres forts.
Harriet fait un malaise et c’est alors qu’entre en jeu le sinistre « docteur » (joué par Pierre Debert), froid et cynique, prêt à tout, même à sacrifier sa victime pour se venger du rejet de ses travaux et de sa personne en atteignant la gloire. Il nous effraye car il n’est pas sans rappeler les médecins qui officiaient dans les camps de concentration de triste mémoire.
Même Betty, la femme du professeur, va imaginer Harriet en bête de foire!
La fin de la pièce est une surprise qui nous laisse sous le choc, bien pessimiste sur l’évolution de la race humaine. Heureusement, après un moment, tous les spectateurs se libèrent par leurs applaudissements enthousiastes.
En résumé, une mise en scène (Isabelle Domenech) et des costumes très réussis, surtout le costume de la tortue bien maquillée et très crédible ; les acteurs sont tous les quatre très bons, mais depuis deux jours, je repense souvent à la performance de Claude Samsoën qui était réellement « habitée » par son texte dans le rôle central de cette pièce dont le texte est très riche.
Spectacle à voir ou revoir.
LA TORTUE DE DARWIN De Juan Mayorga
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Au centre de la pièce un étonnant personnage issu de la légende qui a suivi Darwin et sa tortue rapportée des Galapagos.
Pour incarner un tel personnage,tortue devenue très vieille dame, il fallait une comédienne particulièrement talentueuse.
Ce qu’a été Claude Samsoën. De la finesse pour éviter la caricature grotesque, une grande sensibilité pour exprimer la variété de sentiments qui agitent le personnage, du charisme pour s’imposer et occuper la scène. Elle étonne, elle amuse,elle émeut avec sincérité. Bravo Claude!