Céline, derniers entretiens
D’après les derniers entretiens de Louis-Ferdinand Céline
Mise en scène de Gérard Bénech
Avec Stanislas de la Tousche
Si Céline pouvait se réveiller …
Ah, Monsieur Destouches, Louis-Ferdinand, comme vous nous avez surpris ! Comme vous nous avez fait voyager dans vos souvenirs tout au long de la nuit !
Enfermé dans votre ermitage de Meudon, bien gardé par vos chiens aboyant à la moindre intrusion dans votre intimité, bercé par la musique lointaine au service des entrechats des jeunes élèves de votre compagne, évoluant au-dessus de votre tête, sirotant votre thé bouillant au fond d’une chaise qu’il vous coûtait parfois de quitter, vous nous avez fait, de votre voix chevrotante de vieillard désabusé et décati, bien des confidences !
Nous avons été amusés, choqués, fascinés par la théâtralité de votre personnage.
Ce que vous ignorez sans doute, à moins que quelques anges bien attentionnés ne soient venus vous le susurrer à ce qui reste de vos oreilles au cimetière des Longs Réages où vous reposez depuis bien des années, c’est qu’un certain Stanislas de la Tousche (ma foi, oui, il y là quelque ressemblance avec votre patronyme, un hasard, direz-vous !) est entré avec brio dans votre vie pour nous livrer vos plus profonds secrets, de vos années d’études de médecine, à votre engagement en période de guerre, de votre soif d’écriture, de votre vie en Afrique et en Amérique, de votre penchant coquin pour les danseuses, à votre analyse clairvoyante d’une société matérialiste et consumériste. Oh, vous n’avez guère épargné nos grands écrivains. Si Madame de Sévigné peut se réjouir de quelque compliment, vous avez perdu votre temps à nous dénigrer Proust, quant à Sartre vous ne l’avez pas épargné.
Certains ont dit que vous étiez un génie, d’autres vous ont envoyé au pilori. Vous n’avez pas toujours donné dans le vernis et avez pris parfois posture obscure. Nous oublierons vos égarements pour ne retenir que l’écrivain de talent que vous fûtes.
Mais de quel droit dites-vous « Moi, je travaille, les autres ne foutent rien ! » ? Vous ne sauriez imaginer le travail qu’a dû fournir Stanislas pour entrer dans votre personnage, reproduire votre voix, vos intonations, voire physiquement vous ressembler. Il fut tellement brillant, que dis-je génial, que l’espace d’une bonne heure, nous avons vraiment cru que ce n’était pas un acteur devant nous, mais que c’était bien vous !
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