Aime comme Marquise
De Philippe Froget
Mise en scène de Chloé Froget
Elle a du charme, est fort belle, ambitieuse, et ne manque pas d’audace. Elle en aura fait tourner des têtes ! On l’AIME Marquise ! Marquise avec un grand « M ».
« Vos beaux yeux me font mourir d’amour ! » Plus d’un homme de son époque se laissera envoûter et ne se privera pas de le lui dire, que ce soit Corneille, Molière, La Fontaine, D’Artagnan, le Roi Louis XIV ou Racine. À l’exception de ce dernier, elle restera indifférente aux uns et aux autres, profondément attachée à un mari adoré mais trop tôt disparu.
Dans une pièce de Philippe Froget, mise en scène par sa fille, Chloé Froget, entourée de trois autres talentueux acteurs, Aurélie Noblesse, Xavier Girard et Christophe Charrier, nous font revivre l’incroyable destin de Thérèse de Gorla dite Marquise Du Parc.
Nous sommes en 1668, Marquise est dans sa loge s’apprêtant à jouer Andromaque quand elle reçoit la visite de Gabriel Nicolas de la Reynie, venu enquêter au nom du Roi sur la paternité des écrits de Molière. Voilà qui va être pour elle prétexte à raconter au lieutenant général de police sa vie depuis 1653, date à laquelle elle intégra la troupe de Molière.
Dans une foire, Thérèse, fille d’un saltimbanque italien, danse. René Du Parc dit Gros René, comédien de l’Illustre Théâtre, en tombe aussitôt amoureux. Elle lui confie son désir de jouer la comédie. Quelques mois plus tard il la présente à Molière et l’épouse. Il ne lui restera plus qu’à apprendre le métier et user de ses atouts pour convaincre.
Aussi ravissantes l’une que l’autre, excellant dans l’art de s’habiller et de se déshabiller, avec une élocution parfaite et une présence sur scène remarquable, Aurélie Noblesse et Chloé Froget se partagent le rôle de Marquise. Aurélie est l’actrice accomplie et adulée de 1668, Chloé celle de 1653 qui fait ses débuts sur les planches, « incomparable » tout autant qu’« ingérable ».
Évoluant à des époques différentes, elles évoluent aussi sur des niveaux différents dans un décor à deux étages, savamment conçu par Jean-Yves Perruchon. Sur une estrade on trouve la loge de Marquise à l’Hôtel de Bourgogne. Le niveau inférieur se plie et se déplie au fil du spectacle laissant apparaître tantôt une bibliothèque, tantôt des miroirs dans lesquels se reflète le jeu des acteurs. Tentures et tréteaux nous rappellent aussi les débuts du théâtre itinérant.
Xavier Girard et Christophe Charrier interprètent à eux deux et avec brio, sept personnages, et semblent maîtres dans l’art de changer de costumes rapidement.
Ainsi Philippe Froget et les comédiens nous font-ils voyager au XVIIème siècle parmi les plus illustres de notre belle littérature dont ils nous servent quelques fameuses tirades, dans les coulisses de la vie de comédien où tout n’était pas rose à être toujours sur les routes, sans manger à sa faim et bannis par la religion… et dans les querelles et jalousies, d’auteurs, de comédiennes mais aussi du Roi lui-même, son humiliation ressentie devant la magnificence de Vaux-le-Vicomte.
Un spectacle magnifique, drôle, rythmé, servi par un texte original en alexandrins et en prose, avec de splendides costumes de Viollaine de Merteuil.
Un excellent moment de théâtre !
Merci à l’équipe du Festival de Coye- la-Forêt de nous l’avoir sélectionné !
Galerie photo :
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Magnifique de bout en bout, mais pourquoi avoir affublé Andromaque d’une robe dans laquelle elle est si mal à l’aise qu’elle n’ose pas bouger (notamment au moment des saluts) ?