Dis Mamie, c'est quoi un handicapé ?
« Ça veut dire quoi HANDICAPÉ ? – Ma chérie, tu vois, c’est comme Papi : toi, tu entends, lui, il entend pas. C’est un handicap – Oui mais, il fait rudement bien la cuisine. C’est bon avec Papi ! » Le handicap se définit comme quelque chose qu’on ne peut pas faire. Dans ce sens, tout être humain est un handicapé. À l’inverse, il n’y a pas d’être humain qui soit incapable d’apporter quelque chose à la communauté. Alors pourquoi y a-t-il une catégorie de gens en situation de handicap, mis nettement à l’écart de notre société, faisant partie des invisibles, des intouchables, des assisté.es qui devraient s’estimer content.es, garder le sourire et dire merci à la dame. Comment comprendre si on ferme les yeux sur le « validisme » ? Il y a les femmes et les hommes, les riches et les pauvres, les blancs et les non-blancs, mais il y a aussi les valides et les invalides. « - Dis Mamie, ça veut dire quoi VALIDE ? » Serait-ce quelqu’un à qui il ne manque rien ? Mais c’est quoi tout avoir ? Le nec plus ultra du VALIDE, c’est l’homme de Vitruve, encadré par la quadrature du cercle que Léonard de Vinci a si bien croqué. Il a tout, dans l’harmonie du corps, la peau blanche, la maturité des traits et la certitude du regard. Il coche toutes les cases des exigences du conseil de révision : apte au champ d’honneur. Si Léonard avait dessiné une femme dans la même symbolique, n’eut-il pas couché sur le parchemin la fringante silhouette en sablier d’une Barbie blanche, gros « boule » cambré, taille de guêpe, grosse poitrine qui tient en l’air toute seule, l’archétype de la femme prête à l’emploi et à la fécondation masculine, ce genre de blonde lumineuse qui fait cligner les phares des camionneurs même dans le brouillard ? Vaut-il mieux être le valide au combat social ou la valide à la maternité arrangée, ou bien être l’invalide à tout ça ? Les handicapées profondes, sont-elles « utiles » ? Si leur utilité se mesure à l’amour, l’empathie, l’adresse, la précision, l’expérience, la formation, mais aussi l’énergie, la force, la patience, l’endurance, à toutes ces qualités nécessaires pour leur permettre une vie heureuse de communications émotionnelles aussi gratifiantes que tout un chacun, alors chacune de ces invalides profondes sont les seules vraies batailles à livrer dans une société du « care ». Ayant banni le validisme et le sexisme, balayé la compétition et ses luttes de pouvoir, la société nouvelle construira ses jeux olympiques autour de ces championnes du quotidien, ces héroïnes des histoires des autres, celles qui construisent la puissance de la vulnérabilité comme paradigme de l’amour.
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4 commentaires
Commentaire de: Geneviève Visiteur
Commentaire de: Jacqueline Chevallier Visiteur
Il y avait mardi soir (le 7 mars 2023) au centre culturel une réunion publique à propos de l’avenir des Trois châteaux. Si les personnes à mobilité réduite pouvaient assister et participer à cet événement (il existe un plan incliné pour accéder à la salle 2), il n’en était pas de même pour les personnes à audition réduite, dont je suis. Il y a des handicaps qui se voient et dont on tient compte, et d’autres qui ne se voient pas et qu’on méprise – quand on ne s’en moque pas.
La loi fait obligation de rendre accessibles les lieux publics aux PMR (comme on dit dans ce jargon technocratique bien déshumanisant), il faudrait veiller à les rendre également accessibles aux malentendants. Pourquoi organiser dans la salle 2 – une salle à plat dont l’acoustique est notoirement déplorable – une réunion à laquelle doivent participer plusieurs dizaines de personnes, alors que nous disposons de la salle Domenech, en gradins, et que l’on peut utiliser des micros ? Même si la salle Domenech est régulièrement occupée, notamment pour les cours de théâtre, il conviendrait d’établir des priorités pour son utilisation, afin qu’elle soit d’abord réservées pour les conférences, les spectacles, les concerts… Les réunions publiques doivent bien sûr être prioritaires si l’on veut avoir une politique inclusive également vis-à-vis des malentendants (qui sont plus nombreux qu’on ne croit).
Car il faut savoir que si la cécité coupe du monde, la surdité coupe des hommes.
Commentaire de: MANCERON Olivier Visiteur
Complètement d’accord ! merci pour nous les malentendants et de plus les projections sur le mur étaient pour moi, en déficit visuel, complètement illisibles.
Le stéréotype du "valide" a la vie dure. Et la devis:" Si tu ne peux pas, tant pis!" reste bien coyenne. Il serait nécessaire d’installer une boucle acoustique dans chaque salle consacrée au recueil de réunion publique. Mais bon…
Commentaire de: Jacqueline Chevallier Visiteur
Faisons déjà avec ce dont nous disposons : salle en gradins, micros, vidéoprojecteur et grand écran approprié (ce que n’est pas un mur, effectivement aussi neutre fût-il).
J’ai quitté la réunion au troisième intervenant, et n’ai donc pas pu juger de la qualité des projections, mais de surcroît la disposition en arc de cercle ne devait pas aider à une bonne vision.
Une de mes amies handicapée de Toulouse, Claire, qui participe à énormément d’activités avec des bénévoles qui la portent en montagne, au bord de la mer, etc… m’a envoyé une vidéo de JOSEPH "PMR-NRV" avec Neurodiversity Band
https://www.youtube.com/watch?v=caxmxdcmMaA&ab_channel=HumanDiversity
Extrait du concert de neurodiversity Band à Carcassonne organisé par Harmonie Mutuelle.
Human Diversity,: une web-série sur le thème de l’Inclusion..
je n’ai pas besoin de vous dire ce que veut dire PMR ‘’¨Personne à Mobilité Réduite", quant à NRV !