d’Alain-René Lesage
par le Théâtre de la Lucarne
Mise en scène : Claude Domenech
Le Festival se termine en comédie, de quoi mettre chacun de joyeuse humeur. Pourtant il n’y aurait pas de quoi. La pièce de Lesage présente un tableau très sombre du début du XVIII° siècle, une satire sans concessions de toute la société, des valets aux maîtres, bourgeois ou petits nobles. Mais les personnages sont caricaturaux – marionnettes qui s’agitent, mues par la cupidité – l’action est vive comme les reparties… et l’on en rit !
Dans le décor XVIII°, représenté par des paravents à végétaux et arabesques dorées sur fond gris et bordeaux, se détache en jardin une petite table claire, qui fait office de secrétaire et sur laquelle, à côté d’un bougeoir, s’alourdit une grosse bourse rouge et or … assortie à la robe de la dame qui en tient le cordon ! L’accessoire donne le la. Il sera ici question d’argent, et uniquement d’argent. Ni amour, ni amitié, ni générosité. Uniquement de la concupiscence, d’abord pour les biens matériels qu’on amasse, vole et cache, ensuite pour les femmes dont on lorgne les rondeurs. Le tout assorti de cynisme, de flagornerie, d’hypocrisie, de duplicité. Quelle liste ! A l’inverse des comédies de Molière, qui avaient aussi ridiculisé les fourbes, les arrivistes et les pingres, aucun des personnages de « Turcaret » n’attire la sympathie.