BUILDING
De Léonore Confino
Atelier Théâtre Actuel
Mise en scène : Catherine Schaub
S'il est des pièces qui ne laissent pas indifférent, Building est bien de celles-ci.
Que l'on fasse partie ou non du monde de l'entreprise, on entre avec voyeurisme et une certaine délectation dans « l'univers impitoyable » de Consulting Conseil.
Le thème de la pièce raconte le quotidien banal d'une entreprise dont les bureaux sont situés dans un building de 13 étages.
Conseiller les conseillers et coacher les coachs, telle est la mission de cette société.
Nous sommes transportés dans les méandres de l'entreprise au gré de l'ascenseur, véritable colonne vertébrale, tantôt chahutés quand celui-ci s'arrête brusquement et parfois surpris lorsqu'il finit sa course en douceur.
Plus on monte dans les étages du building et plus on ressent la déshumanisation et l'absurde se tutoyer et cohabiter.
Ici, l'habit fait le moine : l'hôtesse d'accueil doit être outrageusement maquillée et le comptable doit étouffer dans son costume étriqué afin de pouvoir coller au modèle imaginé par le Chef !
Dans l'entreprise, au fond, tous les employés se ressemblent et doivent se rassembler sous la houlette du PDG qui orchestre ses vérités et ses objectifs de rentabilité dans un charabia désopilant.
Cinq comédiens : Léonore Confino (auteure de la pièce), Miren Pradier, Bruno Cadillon, Olivier Faliez et Yann de Monterno remplissent à eux seuls tous les rôles à merveille, changeant simplement un petit détail vestimentaire afin de nous emmener avec eux au plus profond de l'absurde. A intervalles réguliers, des pigeons viennent s'écraser sur les vitres du building. Représentent- ils les clients pigeonnés par les beaux discours ou les salariés proches du burnout ? Certainement les deux ! Qui sera la prochaine victime ?
On rit beaucoup, souvent jaune car ce building est le miroir de notre société dite moderne mais en réalité de plus en plus déshumanisée dans laquelle beaucoup d'entre nous ne s'épanouissent pas dans leur quotidien professionnel entre brimades et ennui ...mortel. Certains drames récents qui se sont déroulés dans des entreprises d'envergure nationale nous reviennent subitement et furtivement à l'esprit et nous mettent mal à l'aise.
La dernière scène, au treizième étage laisse un goût étrange et amer, celui d'une existence gâchée, nue, plutôt glauque. Hauteur et décadence....
GALERIE PHOTOS : BUILDING De Léonore Confino
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Légère, superficielle, un regard moqueur, acide, telle est l’intrigue proposée aux spectateurs ce soir !
La salle rit, d’elle même, croit se reconnaître ou pointe du doigt son voisin. Dans une société ressemblant à notre quotidien, on assiste avec un rien de mépris, sur un ton badin et moqueur, à l’agitation frénétique d’idées par trop éculées…
Le spectacle est enjoué, rythmé, farandole de bon mots acerbes, rapide, sans temps mort. On court d’un bout à l’autre de la pièce, comme dans la vie pour ne pas rater son train, métro ou de passer prendre le petit dernier…
Le temps passe inversement plus vite que celui de la journée, et le jeu des acteurs n’y est pas pour rien. Jolie performance d’ensemble, fait de ruptures et de liaisons, ou chacun enfile tour à tour les habits supposés du quotidien.
Vision glauque du monde du travail représentée, performance oblige, par des intermittents ! On rit beaucoup, surtout de soi même, avec le détachement naturel que le coté superficiel des propos souligne.
C’est déjà la fin, on s’est amusé à se brocarder, on a ri, on a pris du plaisir, et les rappels donnent la mesure de l’adhésion de la salle au spectacle…
J’avoue avoir été plus sensible aux mots, à la profondeur du texte de Diderot, qui m’avaient séduit mardi soir et habitent encore un peu mon esprit ! Suis-je chagrin pour autant, non pas du tout. La soirée touche à sa fin et ce léger festin fut un moment agréable…