Brassens à ma sauce
Afin de finir joyeusement la saison, le samedi 7 juin, au centre culturel, l'association Tous en Scène annonçait un "double concert pour le prix d'un" : en seconde partie "Le p'tit commerce", groupe débonnaire de musique électro-acoustique, que nous connaissions déjà pour l'avoir applaudi il y a deux ans dans cette même salle. Mais que nous réservait Arnaud en première partie avec un "Brassens à sa sauce" ?
À vrai dire, Arnaud on le connaissait aussi puisque nous l'avons déjà vu à l'œuvre au sein du groupe "Scoliose" où il tient le rôle du petit bonhomme sautillant et souriant, gratteur de cordes diverses et frappeur de percussions variées, bizarres et improvisées ; nous le savions donc excellent musicien et chanteur loufoque. Mais quelle allait être la sauce dont il voulait assaisonner Brassens ? Car le danger lorsqu'on s'attaque à Brassens qu'on aime tous et qu'on connaît trop bien (quand je dis "attaquer", c'est bien sûr sans agressivité mais bien plutôt comme on s'attaque à une montagne), le danger, c'est soit de le copier platement – et s'agissant d'une montagne, la platitude est plutôt vouée à l'échec –, soit de le dénaturer, de le transformer tellement qu'on ne s'y retrouve plus.
Or précisément, Arnaud, quittant le registre bouffon et déjanté du groupe "Scoliose" pour aborder celui tout en poésie et en tendresse du grand Georges, concocte une sauce bien à lui, en mêlant aux airs qu'on connaît bien des rythmes latinos et des accents exotiques. Accompagné par Élisabeth à la guitare basse, qui, discrète et charmante (encore un peu trop timide peut-être), joue subtilement et donne ce qu'il faut de corps et de charpente à l'ensemble. Tous deux ont su nous régaler. Les produits étaient d'excellente qualité, au point qu'Arnaud s'est même permis parfois de les dissocier afin de nous les servir séparément (pour "Le verger du roi Louis", nous avons d'abord eu les paroles – il s'agit rien moins que d'un poème de Théodore de Banville –, puis la musique avec une variation à la guitare seule sur le thème inoubliable composé par Brassens), ou au contraire il n'hésite pas à les mélanger pour la surprise finale, accommodant les paroles d'une chanson avec la musique d'une autre.
Bref tout cela était succulent, inattendu et savoureux. Bravo au chef cuisinier et à son marmiton !
Un seul regret : nous sommes restés sur notre faim. C'était trop court, il faudrait mijoter encore quelques chansons, augmenter le répertoire et élaborer un vrai beau repas de fête qui dure toute la soirée.
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