L’Affaire Calas (2)
Ils avaient la rage au cœur, les oiseaux moqueurs.
Ce soir-là, les saltimbanques jonglaient
Avec les mots d’horreur, les anathèmes, les fanatismes,
Les blasphèmes et les obscurantismes.
Les saltimbanques jonglaient si bien
Que des foules avides
Se mettaient à peupler des tas de chaises vides.
C’était alors un siècle si sombre
Qu’il a bien fallu Voltaire pour allumer une petite lumière.
C’était un siècle d’idées nouvelles
Mais de coutumes terriblement cruelles.
Ce soir, les saltimbanques chantaient les louanges
De l’intolérance de toutes les intolérances.
L’être humain devenait son maître, ni démon, ni ange
Avec la découverte de la vérité vivante dans l’humanité des gens,
Et dans l’observation quotidienne de la réalité des choses.
Il fallait que la couleur rouge-sang ne soit plus que celle des roses.
Il fallait que la foi meure pour que les gens acceptent d’avoir peur.
En lançant contre un fauteuil Voltaire les chaises entassées sur la piste,
Les saltimbanques rappelaient à nos mémoires simplistes
Que nous descendons tous de massacreurs intégristes.
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Oh non! nos ancêtres ne furent pas tous des massacreurs et des intégristes. Il y eut aussi gens pacifiques et raisonnables. Il y eut des ancêtres Montaigne, des ancêtres Voltaire, des ancêtres Hugo, Prévert…
Ce que soulignait bien la représentation, c’est la puissance de Voltaire, sa rage, son obstination pour vaincre le fanatisme et faire triompher la raison et la justice. Bien sûr, le triomphe n’est jamais définitif. Le combat est donc à recommencer…