Concert Solidarité Coye
Association Le Cœur et La Plume
Samedi 28 septembre
Un public chaleureux et attentif était au rendez-vous musical (le 4e depuis 2015) proposé au profit des personnes réfugiées à Coye-la-forêt par l’association caritative Le Cœur et La Plume. En prologue, Paul et Véronique Uzan, ses fondateurs, ont rappelé que les personnes migrantes et leurs enfants manquent en général de l’essentiel : se loger, se nourrir, se soigner, s’instruire. L’association apprécie l’aide de la municipalité coyenne pour trouver des réponses matérielles à ces détresses, en accueillant les enfants dans les écoles de la commune. D’autre part elle fait appel à la générosité du public pour soutenir l’activité des nombreux bénévoles, en particulier auprès des enfants – fournitures scolaires, aide aux devoirs, goûters – et permettre à ceux des résidents du centre d’hébergement qui ne bénéficient pas d’une couverture médicale de recevoir soins et médicaments.*
Nous retrouvons dans l’organisation du concert la compétence de Marina Chamot-Leguay qui a su une nouvelle fois rassembler quelques-uns de ses amis musiciens professionnels autour d’une cause qui fait honneur à la qualité d’accueil des Coyens.
La construction d’un programme musical attrayant pour tout public n’est pas chose aisée. La présence de Fuminori Tanada au piano et d’Annabelle Jarre à la harpe a permis d’accompagner les trois autres instrumentistes solistes : les flûtistes Liselotte Schricke et Marina Chamot-Leguay (la plupart du temps en duo), puis Cyril Bernhard au trombone basse.
Une heureuse inspiration a été de débuter le concert par le « trio des Ismaëlites ». Ce trio est tiré de l’Enfance du Christ, oratorio de Berlioz, créé en 1854, dans lequel le compositeur raconte à sa manière la fuite en Egypte de la Sainte Famille, forcée par les menaces de mort d’Hérode à l’encontre de l’enfant Jésus de se réfugier en pays étranger. Après bien des fatigues et des rebuffades, elle trouve enfin asile à Saïs (ville antique du delta du Nil) chez un père de famille ismaëlite (membre d’une tribu nomade ancêtre de futurs arabes), charpentier de son état, qui se propose de prendre Joseph comme associé et Jésus comme apprenti ! Pour parfaire cette conclusion heureuse, il propose aux migrants hébreux d’assister à la danse de ses enfants sur la musique d’un petit ensemble en trio formé d’une harpe et de deux flûtes.
On perçoit la relation de cette source à l’exode des actuels migrants. On peut donc y déceler aussi une morale. Hors de cette indication, il faut admirer la musique du trio des Ismaëlites, délicieusement nuancée et mise en couleurs par les trois interprètes Marina Chamot-Leguay, Liselotte Schricke et Annabelle Jarre.
Le public, conquis par cette atmosphère de grande classe artistique, assiste dans la même confiance à un solo élégant de harpe de Carl-Philip Emmanuel Bach. Suit un duo virtuose en variations pour 2 flûtes sur des airs du Rigoletto de Verdi, composé par les frères Doppler (19e siècle, nés en Pologne, mais actifs en Hongrie, l’un comme compositeur, l’autre comme flûtiste). S’ajoute un air pour trombone seul de Frigyes Hidas, (compositeur hongrois contemporain à l’œuvre abondante, décédé en 2007).
La soirée connaît ensuite des sommets, comme une mélodie d’Astor Piazzola interprétée avec subtilité par Liselotte Schricke et Annabelle Jarre, puis trois des sept chansons populaires de Manuel de Falla, d’origine vocale mais étonnamment transposées et jouées au trombone par Cyril Bernhard ; vient encore une belle sonate pour 2 flûtes et piano du compositeur japonais Akyo Yashiro (1929-1976). Il convient de citer ici au piano le talent de Fuminori Tanada, probablement responsable de ce choix.
Le concert se termine sur le plaisir de reconnaître la musique de « La danse des mirlitons », extrait de « Casse-noisettes », ballet célèbre de Tchaïkovski que les cinq musiciens, réunis enfin, interprètent avec l’entrain que leur apporte le succès artistique de leur entreprise. Les applaudissements nourris, puis les rappels immédiats les ramènent sur la scène où ils jouent en bis la chanson bien connue des Beattles, Hey Jude, qu’ils ont arrangée pour leur ensemble.
Le public applaudit encore longtemps, vigoureusement et à juste titre, les artistes, leur action humanitaire et culturelle, ainsi que l’association « Le Cœur et La Plume ». Et pour compléter la bienfaisance de cette soirée, un pot amical fut offert à tous, permettant de prolonger la fête par des échanges chaleureux.
* Informations sur la vie de l’association : http://solidaritecoye.over-blog.com/
PARTAGER |
Laisser un commentaire