Le cauchemar vélorutionnaire des rues de Paris...
Va-t-on rater aussi la vélorution ? Le rêve de révolution verte grâce à l’usage intensif du deux-roues deviendrait-il un cauchemar ? Est-ce l’angoisse de la pluie qui ne vient pas ? Est-ce l’anxiété ambiante, avec ce Covid qui se remet à tuer tranquillement dans les antres vert-clair des réanimations inhospitalières ? Ou la possible réélection de Trump, ce mafieux barbare, comptant bien sur l’aide poutinienne ? Mais une fureur vélocipédique s’est abattue sur la France. Tels des sauterelles ou des criquets sur des échasses roulantes, la jeunesse, toujours imbue d’elle-même, triomphe à toute allure sur les voies piétonnes, les trottoirs citadins, les files des bus, les chemins de traverse, les voies sur berge, les allées cavalières, les grands boulevards, les ruelles étroites, jusqu’aux moindres GR forestiers et aussi bien sûr sur les pistes cyclables.
On sent qu’il y a de la rage sous la pédale. Le gouvernement leur a rabâché de ne pas polluer, de faire de l’exercice, de ne pas prendre leur voiture, de rester à la maison, de mettre leurs masques au travail, de ne pas sortir en bandes organisées, de ne pas aller voir leurs belles-mères, de ne pas se contaminer dans les transports en commun, de relancer l’économie en achetant une nouvelle voiture, de ne pas défiler contre le gouvernement, de ne pas croire les scientifiques qui s’engueulent à la télé, de ne pas avoir peur des dérèglements du climat, de dire merci quand on reçoit des cacahuètes en guise d’aide de l’État, de payer plus d’impôts, de partir en vacances tranquilles pour aider le tourisme, de s’en laver les mains plusieurs fois… On sent de la colère dans ces tourbillons suicidaires des deux roues de nos villes et de nos campagnes. Les messieurs vindicatifs portent élégamment leurs masques sur la barbe et les dames agacées de se voiler le visage fusillent les gens de regards méprisants. La révolution des vélos qui devait accompagner une nouvelle société frugale et responsable, la démocratie sous le règne de la petite reine, c’est raté. Ce n’est plus que batailles de bicyclettes contre trottinettes, de vespas contre scooters, de motos contre autos… Il ne viendrait plus à l’esprit de personne de promener une grand-mère, une poussette à bébé, un chien ou un fauteuil roulant. Handicapé. es ou vieillard.es fragiles, rentrez chez vous ! Place aux impérieux combats des gladiateurs à roulettes ! De combien de morts et de blessés encombrent-ils nos hôpitaux surchargés ? Pas de statistiques quotidiennes au journal parlé.
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4 commentaires
Commentaire de: Jacqueline Chevallier Visiteur
Commentaire de: francoise Membre
C’est un cauchemar uniquement car rien n’est pensé en France pour donner toute sa place au vélo.
Dans bien d’autres villes de pays nordiques où l’on pratique le vélo massivement et depuis fort longtemps, et pas seulement les jeunes imbus d’eux-mêmes, les hôpitaux ne sont pas plus surchargés qu’ailleurs.
Commentaire de: Serge V. Visiteur
bravo pour ce texte. j ai quitte la France et donc Coye et je suis heureux de lire que Coye29 continue à porter des valeurs saines. Bravo et bonne lutte pour le vélo!
Commentaire de: Serge V. Visiteur
mon message s’adresse à Madame Chevallier, bien sûr.
Je ne peux pas être d’accord avec ce billet : quels que soient l’incivisme de certains cyclistes et parfois même leur agressivité (il y a sans doute là, comme dans toutes les autres catégories de la population, la même proportion de frustrés, d’imbéciles et de prétentieux) le vélo fera toujours moins de morts que la voiture, moins de particules fines, moins de gaz à effet de serre – aussi bien à la fabrication qu’à l’usage – moins de bruit, moins de dégâts et moins d’encombrements.
Tout est excessif dans ce propos : parler de “cauchemar” à propos de l’usage actuel du vélo, c’est connaître des nuits somme toute assez paisibles, et comparer la multiplication des vélocipédistes à l’invasion des criquets, c’est n’avoir pas vu les photos terrifiantes des Africains se débattant au milieu des nuées d’insectes. Quoi qu’il en soit, c’est d’emblée discréditer le propos. Dire que la jeunesse est “toujours imbue d’elle-même", c’est glisser au passage un propos anti-jeuniste qui pourrait donner envie de qualifier son auteur de vieux … (ce que vous voudrez). Pas de doute que l’auteur se laisse emporter par sa plume en un “tourbillon” de mots quasi “suicidaire". On pourrait rétorquer que les promeneurs de chiens très souvent ignorent le caniveau et il arrive qu’ils soient eux aussi responsables d’accidents, notamment sur les “vieillard•e•s” (je connais au moins deux cas) et sur les promeneurs pacifiques à vélo (j’en fus moi-même victime l’année dernière). Pour autant faut-il lancer des invectives sur la totalité de l’engeance ? On pourrait également faire observer qu’on rencontre parfois des handicapés violents et des vieilles personnes hargneuses. Les généralisations ne peuvent que provoquer l’amalgame et la confusion, elles sont le contraire même de la réflexion.
Le jour où l’on aura complètement inversé la tendance et où l’on aura accordé au vélo la place que l’on donne actuellement à la voiture (en termes d’espaces, d’investissements, d’aménagements mais aussi de valorisation sociale), je suis certaine qu’on pourra vivre en paix avec ce mode de déplacement qui ne demande qu’à être doux.