Solidarité au Festival
La solidarité, on peut dire qu'elle est présente dès l'origine du Festival, tout au moins dans l’un de ses objectifs. Le passionné qu'était Claude Domenech a voulu il y a 37 ans créer une fête du théâtre à Coye-la-forêt avec l'objectif de le promouvoir, de rassembler ses habitants autour de celui-ci, et donc de le rendre accessible au plus grand nombre. Avec lui, six associations ont été assez solidaires et audacieuses pour tenter l'aventure… et la réussir.
Une programmation solidaire
Pour cette 38e année, la programmation s'est tournée vers les 180 nouveaux habitants de Coye-la-forêt, femmes, familles, enfants qui, dans l’impossibilité d’y vivre dignement et en sécurité, ont quitté leur pays pour la France. A Coye-la-forêt, l’Etat leur permet une halte. Pour les gens de théâtre, pas question de les oublier. Le Festival a ainsi présenté deux spectacles qui concernent leurs parcours et leurs vies : « Étranges étrangers » (lien), et « De Pékin à Lampedusa ». Il leur a également donné le droit d’être spectateurs en offrant des places à ceux qui souhaitaient venir un soir goûter au théâtre et oublier leurs inquiétudes.
La première de ces représentations a été une lecture théâtralisée de textes sur le thème de la migration, à la suite de poème de Jacques Prévert, « Étranges étrangers ». L’une des lectures a été extraite de l’essai paru en octobre 2018 : « Des Actes à Calais et tout autour ». On y décrit avec simplicité comment les gestes généreux et modestes des habitants ont aidé ceux qui survivaient dans ce que l'on a appelé la jungle. Le Festival a édité un petit livret de cet extrait à la suite duquel il a ajouté un court paragraphe sur des habitants de Coye qui, depuis l'hiver 2018, venaient aussi en aide à leurs voisins « étrangers » hébergés en urgence au domaine des Trois châteaux. Ce sont les Actes de Solidarité Coye.
Solidarité Coye
L'association Solidarité Coye a été créée en septembre 2015, quand la Méditerranée était devenue un cimetière pour ceux qui avaient eu l'espoir qu'ailleurs ils pourraient enfin vivre. De nombreuses actions ont été menées (concerts, représentation théâtrale, brocante) pour recueillir des fonds et les remettre aux associations engagées auprès de réfugiés.
En décembre 2017, au moment où arrivèrent les premières personnes au domaine des Trois châteaux devenu Centre d'hébergement d'urgence, tout naturellement Solidarité Coye s'est investie au mieux pour leur apporter un peu plus de bien-être : une "classe sauvage" pour que les enfants attendent le plus gaiement possible, et en apprenant, le moment d'entrer dans les écoles du village. Puis quand tout le monde fut à l'école, une classe d'éveil pour les petits de 2 à 4 ans. Puis, une après-midi de théâtre, de peinture et de jeux, le mercredi. Puis un atelier où les femmes purent tricoter et coudre, et parler, et passer une après-midi joyeuse en partageant un thé et un gâteau.
Parallèlement une équipe de bénévoles s'engagea dans l'enseignement du français, tous les résidents du domaine ne connaissant pas la langue. Quatre fois par semaine, les enseignants interviennent diversement, s’adaptant aux besoins et aux demandes de chacun.
Au long des mois la ruche des bénévoles s'active : les uns cherchent des vêtements ou en apportent, d'autres les rangent, on part à la recherche de poussettes, on coud des couettes pour les enfants, on fait des gâteaux pour les goûters, on aide les grands à faire leurs devoirs, on cherche des jouets pour Noël, on organise une après-midi de sport, une partie de crêpes ou une promenade aux étangs, on prête et on répare des vélos, on conduit au laboratoire, chez le docteur et à l'hôpital, on conduit à la gare ; on fait des pansements, de la kinésithérapie... , on cherche un dentiste solidaire, et on le trouve, on va à la piscine, aux étangs ou au club équestre, on invite chez soi pour dîner... et on emmène au théâtre !
Et c’est ainsi que des liens se sont créés entre ceux qui aident et ceux qui sont aidés, des amitiés. Une vraie réciprocité, chaleureuse, réconfortante, qui donne le sourire et rend heureux.
Solidarité Coye au Festival
Il y a bien sûr des besoins matériels que l'on ne peut couvrir qu'avec un peu d'argent. Il manque parfois du lait, des couches... il faut des fournitures scolaires à la rentrée… il faut de quoi acheter des médicaments, payer une consultation, plusieurs habitants du domaine n'ayant aucune couverture médicale.
Alors, le soir du très beau spectacle "De Pékin à Lampedusa" qui racontait le parcours de la jeune athlète somalienne Samia Yusuf Omar, le Festival a permis que Solidarité Coye explique ses objectifs et sollicite la générosité des spectateurs. Et elle fut grande. Comme une réponse à ce que la comédienne Malyka R. Johany avait donné d'elle-même pour incarner celle qui avait représenté son pays aux jeux olympiques de Pékin en 2008 et qui voulait tant participer à ceux de Londres.
C’est un élan extraordinaire qui a mené la jeune fille de 17 ans de Somalie vers le rivage italien, une force qui a vaincu des obstacles insensés et donné un sens à sa vie. Sa course la menait vers la vie, même si elle a fini par la lui prendre. La solidarité est aussi cet élan, elle donne une direction, elle fait fi des peurs, des réticences, de l’indifférence, elle avance, elle ose. Et elle réussit.
Pour en savoir plus sur l’association Solidarité Coye, voir le blog :
http://solidaritecoye.over-blog.com/
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