Bonnes raisons et fausses excuses
A la fin de « Téléphone-moi », j’ai pleuré et communié dans le silence de la dernière scène avec la salle entière. Le lendemain, j’ai jubilé durant toute la pièce « Je te pardonne, Harvey Weinstein » et j’ai défendu la pièce auprès de personnes qui avaient eu des échos de sa « vulgarité gratuite ». J’ai admiré la scénographie, le jeu des acteurs et le texte de Pierre Notte dans « L’homme qui dormait sous mon lit », sans entrer complètement dedans. Par la voracité verbeuse de l’homme et son emprise sur la femme, « La Fragilité des choses » m’a dévastée… « Désir » m’a donné des ailes et l’envie de lire « La Princesse de Clèves »…
Pourtant, que j’adore la pièce ou que je l’apprécie simplement, qu’elle m’insupporte ou que je m’ennuie, je ne reste pas après les spectacles pour échanger avec les comédiens et leurs partenaires. J’ai essayé de comprendre mes réticences et je vous livre quelques unes de mes réflexions : fausses excuses ou bonnes raisons, à vous de juger.
Demain je travaille et le temps de rentrer, il est déjà 23 h (ou minuit…). Et moi, si je ne dors pas mes sept heures…
Là, je suis trop submergée par l’émotion. J’ai envie de rester dedans le plus longtemps possible, de prolonger le spectacle dans un temps suspendu. Alors, avoir quelque chose à dire sur la pièce qui m’a enchantée, sortie de mon quotidien, ou entrer dans son analyse ne m’intéresse pas.
Si le spectacle m’a mise mal à l’aise, je veux quitter au plus vite cette atmosphère délétère. J’aimerais bien avoir la confirmation que le comédien n’a pas cette voix affreuse et cette laideur inquiétante dans le civil, mais je ne me sens pas de taille à affronter la possibilité qu’il soit « à la ville comme à la scène ».
Pour être honnête, j’ai déjà participé à des bords de scène après une représentation. J’ai souvent été déçue. Pas par les acteurs (j’entends par là non seulement les comédiens, mais aussi les metteurs en scène, auteurs, ou autres personnes qui ont travaillé à la pièce), c’est le public qui me dépite. Moi en premier ! « Quelle performance ! Combien de temps avez-vous mis pour arriver à ça ? Comment est né ce projet ? » Les acteurs ne sont-ils pas blasés, fatigués de répondre toujours aux mêmes questions ?
La scène se répète. Il y a les regards béats d’admiration des uns qui se contentent d’écouter, trop heureux d’être proches des artistes. Il y a les questions techniques des autres, qui veulent qu’on nous révèle tous les artifices mis en œuvre. Sans oublier les envolées savantes de celles ou ceux qui ont déjà tout lu de l’auteur, vu toutes les mises en scène, et veulent le montrer.
Pour corroborer ces souvenirs en vue de cet article, je me suis forcée à rester à une rencontre dans le hall du centre culturel. Ça a mis du temps à démarrer. Le temps de tirer des chaises et des bières. Puis les remerciements du directeur du festival. Puis le silence gêné avant que quelqu’un se lance. Et puis, il faut l’avouer… j’ai passé un très bon moment ! Du coup, je suis allée à une deuxième rencontre et je me suis régalée. Et pas seulement de bière !
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