La France, empire - Nicolas Lambert
Le 44e festival démarre très fort avec La France empire, la France dans ce qu'elle a de pire. Tout au long de notre scolarité, dans les discours politiques et journalistiques, on ne cesse de nous vanter les valeurs républicaines et notre belle devise ternaire issue de la Révolution. C'est l'image flatteuse que nous aimons avoir de notre pays. Nicolas Lambert, dans un seul-en-scène virtuose, nous invite à regarder la France en face, sans détourner les yeux, à dévoiler ses mensonges et briser ses silences. Dans les livres de l'Histoire qu'on nous raconte, il manque des pages, nombreuses, sanglantes, honteuses, toutes celles qui concerne l'après-guerre, c'est-à-dire encore et continument la guerre, en Indochine, au Cameroun, à Madagascar, en Syrie, en Algérie... L'ensemble des guerres de démantèlement de l'empire auront fait des morts qui se comptent par dizaines et dizaines de milliers parmi les peuples colonisés. On s'est bien gardé de nous l'enseigner. Les Français, avec leur belle devise républicaine, tout en prétendant aller porter les bienfaits de la civilisation auprès des peuples réputés primitifs et arriérés, sous des régimes de gauche comme de droite, ont commis massivement des atrocités qui relèvent souvent de crimes contre l'humanité. Les chambres à gaz ont été inventées par l'armée française quand on enfermait les Algériens, indifféremment hommes, femmes, enfants, dans des grottes naturelles et qu'on les enfumait jusqu'à ce qu'ils soient tous morts asphyxiés. Le spectacle se termine par une réflexion sur Mayotte, on pourrait également s'interroger sur la façon dont est traité le peuple kanak.
Le texte de Nicolas Lambert est très précisément documenté et il énonce quelques vérités nécessaires. On ne peut que regretter que ce discours salutaire ait été réservé aux premiers rangs, le comédien ne prenant jamais la mesure de la salle. Aussi bien dans les regards que dans la voix, il a ignoré, du début à la fin, la moitié des spectateurs présents. Souvent les salles à Avignon sont des petits espaces où l'on peut ainsi jouer quasiment dans l'intimité ; les programmateurs devraient prendre cela en considération quand ils arrêtent leur choix. Ou alors, dans une grande salle comme à Coye, il serait nécessaire que le comédien s'équipe d'un micro, même si c'est moins confortable pour lui ; ce n'est quand même pas compliqué et ce serait faire preuve du plus élémentaire respect à l'égard du public.

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1 commentaire
Commentaire de: francoise Membre
De ce que j’ai perçu, le comédien s’adresse alternativement aux premiers rangs et à la salle entière. On ne perd donc qu’une partie du texte ce qui reste quand même bien frustrant.
Et peut-être à cause de cela, la pièce semble trop longue et l’ennui peut s’installer.
Mais soudain Nicolas Lambert nous offre des imitations de N. Sarkozy ou C. De Gaule tellement savoureuses qu’on voudrait applaudir en plein milieu du spectacle. Heureusement, certains qui avaient envie de le faire se sont retenus.
À d’autres moments, la sidération vient au récit de tant d’atrocités.
Alors, malgré des réserves, j’ai trouvé ce spectacle bouleversant.