Jean-François Gabillet, un capitaine dans son navire
En attendant les trois coups
Pièce en quatre actes
Acte 2
Jean-François Gabillet, un capitaine dans son navire
Interview exclusive pour coye29
Un homme discret, Jean-François, serein, qui n’est pas en quête de notoriété, mais qui s’est investi dans la commune depuis son arrivée dans les années 80. Il a présidé l’association de parents d’élèves, la FCPE, a participé à la création du Festival Théâtral de Coye-la-Forêt en 1982, festival créé à l’initiative de Claude Domenech, et en est devenu dès 1983 le Président. Très occupé par ses activités professionnelles qui l’ont fait voyager pendant des années à travers le monde et plus particulièrement en Asie, il était cependant toujours présent lorsqu’un coup de tempête s’annonçait - tensions dans le groupe, menaces sur les subventions. Plus disponible maintenant, sa présence montre à tous que le Festival est une institution dans Coye-la-forêt qui ne saurait vivre un printemps sans aller au théâtre.
Coye29 - Parle-nous des débuts du Festival.
Plusieurs associations nous ont donc rejoints. L’association des Familles avec Renée et Jacques Déduit, le Photo-club avec René Mariage, qui a été trésorier du festival, l’autre association de parents d’élèves, la PEEP avec Arlette Bec, le Club des Amphibiens avec Philippe Victorion, et les Très Riches Heures de la Thève avec Catherine et Jacques Bona. Nous avions tous un enthousiasme et un vrai désir de voir aboutir ce projet. A l’époque, il n’y avait pas de régisseur et d’équipe technique, pas de gradins, pratiquement pas d’équipement pour l’éclairage ou la sonorisation. Toute l’équipe travaillait presque jour et nuit : il fallait installer les projecteurs, - Philippe Victorion, Claude Domenech restaient juchés sur l’échafaudage jusqu’à une heure avancée de la nuit -, placer les chaises, balayer la salle après le départ des troupes, accueillir les compagnies au petit matin, aller faire les lits à La Sève pour en héberger quelques-uns, préparer des repas – c’est Renée Mariage qui était le chef cuisinier !
Coye29 -Comment se prépare le Festival aujourd’hui ?
La programmation doit être faite pour la fin décembre. La première réunion a lieu dès septembre. Les membres de l’association qui ont vu des spectacles intéressants présentent un document récapitulatif, assorti de leurs commentaires. De nombreuses pièces sont vues en Avignon pendant l’été, essentiellement par Claude, Michèle, Isabelle et Fabrice Domenech, Sylvie et Jean-Claude Grimal, ainsi que par Catherine Jarrige. D’autres personnes se spécialisent dans la recherche de spectacles pour enfants, Madeleine Rivé, Geneviève Trouillard, Michèle Delzenne et Ghislaine Marasca. D’autres encore rapportent leurs impressions sur des spectacles vus au cours de l’année.
Un grand tableau récapitule toutes ces données, on voit si des jugements se recoupent, et l’on arrive à une présélection de 20 à 25 spectacles qui tient compte des coûts évidemment, des commentaires de chacun, des contraintes techniques et de l’équilibre que l’on souhaite donner au programme. Il faut ensuite voir la disponibilité des troupes avant le choix final et enfin négocier les contrats.
Coye29 -Quel budget cela représente-t-il ?
Pour preuve, cette année, la DRAC, Direction Régionale des Affaires Culturelles, nous a informé le 23 décembre, merci pour le cadeau, que notre subvention, qui était de l’ordre de 15 000 euros, était définitivement supprimée. Suite à cette décision qui mettait le Festival en péril, nous avons monté un dossier et fait savoir nos difficultés aux compagnies. Nous étions déjà engagés avec plusieurs d’entre elles, des contrats étaient signés, la programmation faite. Ce qui a été vraiment réconfortant pour nous, ce furent les très nombreuses lettres de soutien que nous avons reçues de troupes prestigieuses de renommée nationale et même internationale qui ont appuyé notre demande. Avec ce nouveau dossier nous sommes allés à la DRAC pour rencontrer les responsables, le délégué au théâtre et le directeur adjoint. Après un dialogue opposant les chiffres à la culture, la DRAC est restée sur ses positions et a refusé la subvention…. Mais a fait un geste en acceptant de nous rembourser les coûts d’un spectacle régional.
Nous avons eu ensuite le soutien d’Eric Woerth qui a agi auprès de Christine Albanel pour qu’une aide exceptionnelle soit accordée au Festival. Ces aides ne sont pas suffisantes pour combler la perte de la subvention, mais des informations récentes nous laissent espérer qu’un effort supplémentaire pourrait-être fait. Nous attendons et nous préparons à utiliser si nécessaire notre fonds de roulement pour boucler le budget, ce qui nous mettrait dans une situation critique l’année prochaine, ce fonds de roulement contribuant à l’équilibre de notre trésorerie (la majorité des subventions n’arrivent que plusieurs mois après l’engagement de nos dépenses).
Des subventions privées s’ajoutent heureusement à l’aide publique, elles nous viennent de banques et d’entreprises comme l’imprimerie Mouquet, McDo de Lamorlaye, le cabinet d’assurances Cambrésy à Chantilly.
Coye29 -Et sur le plan logistique, matériel comment s’organise le Festival ?
Chaque jour il faut accueillir les troupes, veiller à ce qu’elles aient toutes facilités pour s’installer et monter leurs décors, faire le lien avec le régisseur, régler les problèmes de dernière minute, et il y en a souvent, réserver des chambres d’hôtels, leur faire livrer des plateaux repas à midi et le soir. C’est Dominique Ginelli qui les fournit. De la boulangerie Pluchart viennent pain et pâtisseries. Les acteurs en sont très satisfaits. Nous tenons à utiliser les ressources des commerçants de la commune.
Toutes les troupes que nous avons reçues à Coye-la-forêt sont reparties ravies de l’accueil qui leur avait été réservé, aussi bien des spectateurs que de l’équipe des bénévoles. Cela a toujours été ainsi, si bien que Coye-la-forêt s’est forgé une réputation en Avignon. Le nom de notre commune est devenu une sorte de sésame.
Coye29 -Le Festival vit donc exclusivement grâce aux bénévoles ?
D’ailleurs, depuis cette année, nous avons eu l’idée de valoriser le bénévolat en comptabilisant le temps passé par chaque personne. Un suivi est fait du travail fourni par chacun pendant l’année. C’est une incitation du Ministère des Finances, car le tissu associatif représente une part de la richesse française. Cette valorisation du bénévolat apparaît donc maintenant dans le bilan financier remis aux collectivités publiques pour un montant de plus de 35 000€ qui viennent s’ajouter aux 120 000€ de notre budget de base.
Coye29 -Que dirais-tu de l’évolution du Festival et du rôle que tu joues dans l’association depuis 27 ans ?
Quant à moi, je dirais que je fais partie du « canal historique » ! Pendant une période, mes activités professionnelles étaient très prenantes, j’étais souvent à l’étranger, si bien que je ne pouvais assister à toute les réunions de préparation. Mais j’ai toujours été là pour faire marcher le système, éviter les dérives, concilier les divergences d’opinions, coordonner et maintenir la cohésion du groupe. En somme, j’ai mis de l’huile dans les rouages du système pour qu’il fonctionne. Et il fonctionne.
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