BONUS
Facile à expliquer. Prenons deux traders : on dirait que l’un s’appellerait Kerwin alors que l’autre Kerloose. Kerloose fait perdre cinq milliards de dollars à sa banque, il ne touche rien, sauf son salaire de base, 20 000 euros par mois. Kerwin, plus malin, a fait gagner un milliard de dollars à sa banque ; il réclame légitimement son petit bonus bien que sa banque, au final, perde effectivement quatre milliards. Evidemment, ça marche tant que la banque peut payer ou que l’Etat remplit ses caisses avec l’argent des contribuables.
Cela a quand même conduit les patrons des banques à se poser des questions. L’Institut de l’entreprise, think tank patronal que préside Michel Pébereau, président du conseil de surveillance de BNP Paribas, vient ainsi d’admettre dans un rapport interne que des « incitations discordantes » ont joué un rôle néfaste dans la crise. Traduit en français normal : qu’on a poussé les traders à faire des bêtises en leur accordant des bonus indexés sur leurs résultats immédiats, sans qu’aucune sanction ne soit prévue quand ces opérations se soldaient par des pertes colossales. Il faut donc de bonnes incitations. Nul ne doute que Michel Pébereau saura les inventer. Un type qui s’est vu accorder 800 000 euros de retraite annuelle par la banque qu’il préside doit tout de même être sacrément compétent.
Source : « Petit dictionnaire des mots de la crise » de Philippe Frémeaux et Gérard Mathieu, édition Alternatives Economiques.
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