CAPITAL
Capitalisme. En voilà un mot qui peut dire merci à la crise ! On l’avait presque oublié. C’était devenu un gros mot. Tout juste bon pour Olivier Besancenot. Même à Alternatives Economiques, on n’osait plus trop l’utiliser. Et voilà que, deux jours après la chute de Lehman Brothers, le Figaro le met à la une. Un sacré choc car, jusqu’à l’automne 2008, « capitalisme », ça sentait tout de même les années 1960, le grrrand capital cher à Georges Marchais (les plus vieux d’entre vous s’en souviennent).
Jusque là, donc, on disait « économie de marché". Ça fait plus chic, ça ne renvoie pas aux inégalités, à l’idée que certains ont tout tandis que d’autres n’ont rien. Le marché, c’est juste un mécanisme, un machin qui fait que l’économie fonctionne de manière efficace. Pas toujours parfait, certes, mais le moins mauvais des systèmes. On était tous d’accord là-dessus. Et ceux qui ne l’étaient pas n’avaient qu’à aller vivre en Corée du Nord ou à Cuba, ils verraient ce que c’est qu’une économie sans marché. Bon, quand on était de gauche, on disait tout de même qu’il ne fallait pas tout laisser au marché : l’éducation, la santé, la police, mieux valait que la collectivité s’en occupe… Quelques économistes marginaux rappelaient même timidement, notamment dans les colonnes d’Alternatives économiques, que le marché, ça ne marchait pas toujours parfaitement, qu’il fallait le réguler, l’encadrer. Mais au final, on avait un peu oublié que, tapi dernière le marché, c’était le bon vieux capitalisme qui menait la danse.
Source : « Petit dictionnaire des mots de la crise » de Philippe Frémeaux et Gérard Mathieu, édition Alternatives Economiques.
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