32° FESTIVAL THÉÂTRAL : LA FÊTE DE L’ILLUSION
Inauguration du Festival samedi 4 mai
Au mois de mai, c’est la fête à Coye. Depuis plus de trente ans ! Fête du spectacle vivant et de l’illusion. Pendant trois semaines, nous allons entendre des histoires, nous nourrir d’images et de musiques, entrer dans d’autres vies, rencontrer des personnages et nous autoriser toutes les émotions.
En prologue, l’association du Festival Théâtral a convié les futurs spectateurs, samedi 4 mai au Centre culturel, à une présentation détaillée du programme, déclarant ainsi ouvert le 32° Festival Théâtral de Coye-la-forêt.
C’est à Jean-François Gabillet, président de l’association, que revient l’honneur d’ouvrir la cérémonie. Occasion de rappeler de quelle manière s’organise une telle fête, le travail de préparation qui s’étale sur une année, assumé par une vingtaine de bénévoles. Pour la première fois, souligne Jean-François, le Festival s’est adjoint les compétences d’une étudiante en communication, Laura Lambois, la rémunérant dans le cadre d’un service civique. Le président se félicite de cette opportunité qui permet à un jeune d’acquérir une expérience professionnelle et à l’association de profiter de son savoir et de ses talents.
Les résultats d’une large campagne d’information – affiches, programmes, site internet du Festival – sont très encourageants puisque déjà 4 000 réservations ont été faites. Les spectacles pour enfants connaissent un tel succès qu’ils sont souvent réservés par les écoles une année à l’avance. Onze représentations attendent maternelles et primaires, et deux spectacles seront proposés en matinée aux collégiens et lycéens – La vie de Galilée, de Bertolt Brecht, et Zadig de Voltaire.
Le programme
Depuis plusieurs jours les futurs spectateurs ont en main le dépliant familier. Le programme leur est donc connu. Pourtant ils sont toujours impatients d’entendre le « ressenti » des membres de l’association qui ont aimé et choisi, parmi une centaine, les spectacles de l’année. Claude Domenech, Sylvie et Jean-Claude Grimal se chargent donc, aux côtés du président, de stimuler imagination et désirs.
Traditionnellement depuis les origines du Festival, c’est le Théâtre de La Lucarne qui ouvre et clôt le Festival. Claude Domenech, metteur en scène et vice-président du Festival, éclaire le choix des deux pièces qu’il présente cette année.
Avec « Une partie de campagne », inspirée de la nouvelle de Maupassant et du scénario de Jean Renoir, toute une réécriture a été nécessaire, explique-t-il, puisque le texte original est avant tout une description. « Point de réalisme, affirme Claude, mais un appel à tous les subterfuges du théâtre pour laisser imaginer la situation ».
Quant à « La cruche cassée », c’est un Kleist inattendu que le spectateur découvrira dans ce récit loufoque. La troupe a choisi de forcer le trait et introduit des « dérapages théâtraux ». Une pièce très drôle et débridée, qui a « quelque chose de rabelaisien ».
La programmation s’est surtout orientée cette année vers des auteurs contemporains.
Automne et hiver, de Lars Norén est « la pièce la plus simple, la moins provocatrice de l’auteur suédois », dit Sylvie Grimal qui a admiré la mise en scène d’Agnès Renaud. Une immense table aux pieds tordus rassemble – ou sépare – les quatre membres de la famille qui règle ses comptes pendant le repas. Table sonorisée, équipée de capteurs pour que s’entendent les bruits du repas, glissement des verres, heurt d’un couvert… Une atmosphère est créée.
Made in China, de Thierry Debroux
Le metteur en scène, Didier Kaerckart, connaît bien l’auteur à qui il a demandé d’écrire une pièce sur le monde de l’entreprise. La Compagnie Théâtre Octobre restitue le climat malsain d’une multinationale où une DRH machiavélique met trois cadres en concurrence. La réalité sociale est ici abordée avec un humour acide, grinçant qui souligne l’absurdité des situations.
Des poissons dans les arbres, d’Alexis Vésigot-Wahl
D’un banal incident – valises malencontreusement échangées – l’auteur crée une situation loufoque, à la limite de l’absurde. Le langage est fin, subtil et « l’on s’émerveille de la richesse cachée derrière la banalité. Très drôle, surprenant, léger, mais une légèreté non anodine, dit Claude. Une surprise permanente. »
Le premier d’Israël Horovitz
Une file d’attente derrière une ligne blanche. C’est rien, mais c’est tout. Cinq acteurs remarquables pour « jouer à être le premier », selon les termes du metteur en scène Léa Marie Saint-Germain. L’auteur a reconnu ce spectacle comme l’une des meilleures adaptations de sa pièce. Prodigieux travail, virtuosité, souligne Sylvie, car on n’arrive pas à voir comment l’un dépasse l’autre. »
Le baiser de la veuve, d’Israël Horovitz.
Initiative intéressante du Festival cette année, deux pièces d’un même auteur.
Dans un atelier de recyclage de papier, des amis se retrouvent après 13 ans. La confrontation entre la jeune femme qui a fait des études et réussi, et ceux qui sont restés dans la misère –intellectuelle et sociale – ne peut que susciter le malaise.
Du suspense, un humour très noir pour ce « drame social orchestré au millimètre ».
Zadig, de Voltaire
Remarquable, dit Claude. Tous les moments essentiels du conte de Voltaire sont là, mais la mise en scène étonnante de Gwenhaël de Gouvello ouvre largement les portes de l’imaginaire, et transforme le réel. « Les chaises sont les éléments de la scénographie, mais elles servent à tout sauf à s’asseoir ! On est transporté par la vivacité des 13 comédiens.»
Club 27, Compagnie Coup de poker.
Un spectacle qui « décoiffe » et fait revivre les gloires du rock, tous morts à 27 ans, ceux qui ont révolutionné la musique de leur époque – Jimi Hendrix, Jim Morrison, entre autres. Un spectacle qui rend heureux. On en sort galvanisé. Les jeunes comédiens chantent, dansent et captent le public en incarnant les idoles rebelles des années 60 dans lesquels ils se reconnaissent. « Il y a de l’émotion, du rire, cela ne ressemble à rien d’autre ! dit Jean-Claude Grimal. »
À mon Âge je me cache encore pour fumer, de Rayhana
Neuf comédiennes pour ce spectacle de femmes. Sylvie souligne que la dernière représentation se jouera à Coye. « C’est un portrait bouleversant de l’Algérie contemporaine. Dans un hammam, une conversation libre entre femmes. On parle de ce qui est tabou, des désirs, des rêves, de la sexualité, du port du voile. Très belle scénographie, jeux de lumière sur une jetée en mosaïque. »
La vie de Galilée, de Bertolt Brecht
La pièce de Brecht a été peu jouée, explique Jean-Claude, car dans son intégralité elle met 43 personnages en scène pour une durée de 4 heures. Le travail d’adaptation de la Compagnie du Grand Soir ramène l’œuvre à des proportions raisonnables, et l’essence de la pièce est pourtant respectée. La mise en scène de Christophe Luthringer – dont on a vu Ex Voto l’an passé – est « visuellement magique ». Un superbe travail, vivacité, mouvement, accompagnement de guitare électrique, et un acteur prodigieux dans le rôle de Galilée.
Quelques conseils utiles aux élèves huissiers, de Lydie Salvayre
Un huissier – étonnant Frédéric Andrau – fait une conférence à ses élèves pour leur apprendre à déjouer les ruses des pauvres, qui sont, comme chacun sait, gens malintentionnés. Le talent de comique du comédien et l’interaction avec la salle emportent l’adhésion.
Le magicien qui parle avec ses poupées
De courts intermèdes de magie ont entrecoupé l’après-midi et permis quelques respirations entre les discours.
Michel Fontaine est un magicien qui ne cherche pas les effets. Sans tambour ni trompette, sans boniments ni paillettes, une voix posée et un ton si naturel que les tours de cartes paraissent à notre portée. Et pourtant… La carte disparaît, réapparaît, les anneaux d’acier s’enclavent et se séparent le plus facilement du monde, dans la plus grande sérénité. Une charmante jeune femme accompagne ces jeux de mains et porte la bête à poils avec qui le magicien dialogue tranquillement, sur le ton de la conversation.
L’inauguration
A toute cérémonie ses discours officiels ! Le président accueille donc sur scène les élus qui soutiennent le Festival : Philippe Vernier, maire de Coye-la-forêt, Jean-Paul Douet, vice-président du Conseil Général chargé de l’action culturelle, et Eric Woerth, président de la Communauté de communes.
Avant de leur laisser la parole, J.F. Gabillet livre quelques chiffres pour rappeler ce que représente concrètement cette Fête du théâtre qui confirme son succès chaque année et passera en 2013 le cap des 120 000 spectateurs depuis sa création en 1981 : « Le Festival s’est professionnalisé sans perdre son esprit d’origine. » L’an dernier la fréquentation a été en moyenne de 218 spectateurs par jour et a totalisé 5 200 entrées. Le budget est de l’ordre de 120 000 €, dont 60 000 pour les compagnies théâtrales. Il est équilibré par différentes aides : celles des collectivités - la commune, l’Aire cantilienne, le Conseil Régional et le Conseil Général - et celles de partenaires privés, de sociétés locales - comme la Galerie du regard de Coye-la-forêt, l’imprimerie Grille, de Chantilly, le cabinet API, assistance prêts immobiliers, le cabinet d’assurances Cambrésy à Chantilly, Intermarché d’Orry-la-ville, MacDo de Lamorlaye, la SACD, la Banque populaire Rives de Paris, le concessionnaire Peugeot à Saint-Maximin, le groupe CMP de Creil, la Banque populaire Rives de Paris, pour tous les citer. L’énumération est certes un peu longue, mais elle dit l’adhésion des acteurs économiques à une manifestation culturelle unique dans la région.
Les partenaires culturels sont également présents, notamment l’association du festival Off d’Avignon - Avignon Festival et Compagnie - pour laquelle le Festival est devenu un acteur important puisqu’il fait partie des groupes qui retiennent le plus de spectacles en Avignon. Citons aussi les émules du festival : La Scène au jardin, à Chantilly, le Printemps du théâtre amateur à Orry-la-ville qui accordent des réductions de tarifs aux possesseurs de la carte Amis du Festival.
Autour du théâtre, conclut Jean-François, c’est toute une vie sociale et culturelle qui se crée dans la commune. Dans cet esprit, une exposition de photos réalisée par Fabrice Isaac, de Lamorlaye, occupera le centre culturel pendant toute la durée du festival, sur un thème animalier : « La forêt est leur théâtre. » Les associations coyennes se mobiliseront bénévolement presque tous les soirs pour des animations et une petite restauration. Enfin, clin d’œil amical, le blog coye29.com produira articles et photos sur tous les spectacles. Les commentaires y seront toujours les bienvenus.
En réponse à cette présentation, Philippe Vernier, maire de Coye-la-forêt, exprime son plaisir de participer à l’inauguration d’un festival devenu une institution et qui bat un record de longévité : Loin de s’essouffler, il surprend chaque année. Il félicite également les organisateurs d’arriver à boucler un tel budget. Grâce à eux, c’est la fête à Coye pendant trois semaines !
Le vice-président du Conseil Général, Jean-Paul Douet, remarque l’exemplarité de cette organisation qui rassemble les scolaires, les associations, les aides publiques et privées, qui innove en permettant à un jeune de faire une expérience professionnelle dans le cadre du service civique. La période est morose, reconnaît-il, mais le Conseil Général maintient son budget culturel, car justement la culture est indispensable en de tels moments.
Eric Woerth, président de l’Aire cantilienne se joint à ce « concert de louanges pour cette pièce en 32 actes ! C’est aussi une longue histoire d’hommes, car, dit-il, Jean-François et Claude sont présents depuis 32 ans. L’Aire cantilienne est assez avare de subventions aux manifestations culturelles puisqu’elles doubleraient souvent celles des communes. Mais, l’exception est maintenue sans réserves pour le Festival, et je remercie le Conseil Général pour son aide dans cette période difficile. Le Festival à essaimé à Orry et à Chantilly, il donne du bonheur de vivre à l’Aire cantilienne. »
C’est sur cette heureuse formule que le public est invité à se restaurer autour d’un attrayant buffet dont la décoration florale a été réalisée par les Jardins d’Inès, de Coye-la-forêt.
Et maintenant, à vos réservations… si elles ne sont pas encore faites. N’hésitez pas à consulter le site du Festival théâtral. Vous y trouverez tous les informations nécessaires sur les spectacles, les troupes, les tarifs ainsi que la possibilité de réserver en ligne (et même de payer avec billetreduc.com)
Bon Festival !
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