MÉMOIRES D’HADRIEN
D’après Marguerite Yourcenar et Fernando Pessoa
Compagnie Bacchus
Adaptation et mise en scène : Jean Pétrement
Un double rideau blanc occupe le fond de la scène, une estrade grise, quelques marches, un canapé noir partiellement recouvert d’une étoffe en velours rouge foncé, et, placé en hauteur, une sculpture représente le visage d’Antinoüs, favori et amant de l’empereur mort à 20 ans noyé dans le Nil. Hadrien, très affecté, fera réaliser un grand de sculptures à son effigie.
L’ensemble est sobre, mais suffisant pour évoquer une demeure romaine.
Deux personnages sont en scène au lever du rideau : l’empereur Hadrien (Jean Pétrement) dont la mort est proche, et Elixa (Elisa Oriol), une esclave pétillante dont le parler vif et imagé apporte une touche de légèreté à l’atmosphère de cette première scène.
L’empereur convoque Antoine (Issame Chayle), son secrétaire, qui s’installe derrière un lutrin pour transcrire les mémoires dictés par Hadrien. Les contrastes, accusés par les effets de lumière, soulignent son maintien et contribuent à donner un sentiment de gravité à la scène.
L’empereur parle avec autorité, mais d’une voix calme, posée, mélodieuse. Antoine ne parle que quand l’empereur s’adresse directement à lui, par contre Elixa ne craint pas d’intervenir, parfois vivement, quand les échanges sont personnels, qu’ils portent sur la vie passée, la perte d’Antinoüs dans des conditions obscures, mais aussi le présent et ses renoncements pour l’empereur, sa mort prochaine, l’amour d’Elixa pour Antoine… Ces échanges précèdent et entrecoupent les moments de dictée des mémoires.
Le texte dicté à Antoine traite principalement de sujets politiques et sociétaux : la nouvelle secte créée par les chrétiens et ses possibles dérives, l’amélioration des conditions de vie des esclaves, le rôle des intellectuels, les qualités nécessaires de l’action politique, la complexité administrative, l’importance du développement des bibliothèques et des théâtres, etc.
Dans le dernier acte, apparaît Plotine (Maria Vendola), veuve de l’empereur Trajan prédécesseur d’Hadrien. Elle clôt la pièce par un beau moment de poésie autour du poème de Fernando Pessoa, Antinöus, qui célèbre l’amour d’Hadrien et d’Antinoüs, et complète ainsi l’approche de ce personnage complexe que fut l’empereur.
En entendant Hadrien parler par l’intermédiaire de Marguerite Yourcenar et Jean Pétrement, on ne peut qu’être impressionné par l’intemporalité des réflexions qu’il développe, ce qui donne envie de lire ou relire cette œuvre magnifique qui a fortement contribué à l’essor de la renommée internationale de Marguerite Yourcenar.
NB : Hadrien a régné plus de 20 ans sur l’empire romain alors à son apogée territorial (117-138 après JC). Hadrien est considéré comme un empereur humaniste, lettré, poète et philosophe s’attachant à pacifier et à structurer administrativement l’Empire, tout en consolidant les frontières (source : Wikipedia).
Galerie Photos : MÉMOIRES D’HADRIEN D’après Marguerite Yourcenaret Fernando Pessoa
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