d'Israel Horovitz
Cie Hercub’
Jeu, adaptation et mise en scène : Cie Hercub’
Quelle idée saugrenue ! Un Chancelier allemand demande à six millions de Juifs de bien vouloir venir (re)vivre en Allemagne… Il garantit le logement, l’emploi et la nationalité. Et voilà nos trois comédiens explorant les conséquences possibles d’une telle annonce. Réactions en Allemagne, bien sûr, mais aussi aux États-Unis, en Israël et en Australie…
Quelles sont les motivations de ceux qui vont arriver ? Appât économique ? Vengeance ? Espionnage ?...
de Duncan Macmillan
Cie Théâtre du Prisme
Mise en scène de Arnaud Anckaert
Baby or not Baby ?
To be or not to be ?
Vivre ou survivre sur cette planète en perdition ?
That is the question...
Pourquoi donner la vie, encore une vie dans ce grouillement de questions qui assaillent qui enserrent qui étouffent comme les lianes d'une végétation que l'homme ne maîtrise plus ?
Deux êtres se posent, s'opposent, se rejoignent, se déchirent et s'aiment dans l'espace d'un carré blanc, dans le temps d'une vie comme s'ils concentraient entre eux et sur eux les questionnements d'une génération libre de faire et prisonnière de ses pensées.
Et puis l'enfant paraît ...et l'éternelle histoire recommence.
de Mikael Chirinian et Océanorosemarie
Matrioshka Productions
mise en scène :Anne Bouvier
Mardi 16 mai, nous assistons à un spectacle bouleversant d’une grande puissance symbolique : « L’Ombre de la baleine ».
Mikael Chirinian, accompagné de son double – une marionnette en pull marin rayé (le capitaine Achab ?), manipulée au gré des événements – raconte... Il se raconte et nous plonge dans les eaux troubles d’une histoire familiale : le père, belge, arménien, tunisien est traumatisé par le génocide de 1915 et se réfugie devant la télé, la mère, juive pied-noir, trop aimante, a la nostalgie des rivages méditerranéens et s’adonne à la confection de petits « farcis », le fils meurtri par les disputes s’évade dans la lecture de Moby Dick. Ainsi, le naufrage est en mer, il est aussi dans la famille et en chacun de ses membres. Une voix off, récurrente, égrène les phrases assassines :
« Je vous déteste, je vous trouve minables...
Tu es moche dedans comme dehors. »
de Cédric Chapuis
Cie Scènes plurielles
Mise en scène de Stéphane Batlle
Le ton est donné dans la nuit : cadence complexe de bruits, frappements d’origine humaine. Un visage, puis un corps s’éclairent à la lueur d’une petite flamme. Ceux d’un jeune homme illuminé par sa passion : le rythme. Il est habillé de blanc. Maintenant, en tapotant des mains sur lui-même et des pieds sur le sol, il parle un français où le sens des mots n’est pas tout à fait le nôtre. C’est dans cette nuance que se précise la finesse drolatique de la pièce de Cédric Chapuis : l’humour du texte habite le contraste entre ce que comprend de son propre récit le jeune Adrien (le personnage), et ce que les spectateurs, réellement, entendent. Ils rient.
de Cédric Chapuis
Cie Scènes plurielles
Mise en scène de Stéphane Batlle
La réalité n’est pas normale.
Il y a des soirs comme ça qui nous font regretter
De s’être conformé aux rêves de la société,
Aux désirs des familles, des parents angoissés,
Et aux envies faciles, en service commandé.
La vie nous trompe.Les bons conseils ne servent qu’à ceux qui vous les ont donnés.
La loi est souvent celle des hordes et des meutes,
De ces gens qui se ressemblent pour se rassurer,
De ces gens qui se rassemblent dans les cris et l’émeute,
Mais qui dorment seuls avec leurs rêves sur l’oreiller.
de Michel Vinaver
Théâtre de la Lucarne
Mise en scène d’Isabelle Domenech
Comme un tableau pointilliste, le spectacle nous donne à voir par petites touches, le monde du travail des années 70 dans une entreprise familiale traditionnelle, « bien française ».
La pièce est un huis clos, le bureau du service après-vente de l’entreprise Cosson, où « vivent » ensemble le chef de service et quatre employé(e)s. Le reste de l’entreprise est présent au travers de leurs discussions : le service commercial apparemment mieux considéré que le SAV, la hiérarchie et ses petites intrigues pour prendre le pouvoir, l’usine des Vosges …
Les personnages sont chacun un stéréotype des collègues qu’on peut tous connaitre. Les rôles sont bien campés par les acteurs de la Lucarne. Les personnages sont crédibles et on a vite l’impression de les connaître. On imagine assez facilement leur vie quand ils rentrent chez eux le soir.
de Michel Vinaver
Théâtre de la Lucarne
Mise en scène d’Isabelle Domenech
PAR LE VERRE TERNE DE LA LUCARNE.
Des petits yeux et des petits visages qui enfilent les jours, les phrases, les images,
Et des mots gris qui coulent de lèvres qui pleurent et de leurs bouches qui rient.
Les univers ne changeront jamais le désespoir, depuis le temps qu’on s’habitue,
L’ordre social, c’est comme une boite, depuis le temps qu’on ne croit plus,
Nos histoires nous identifient semblables et uniques, identiques et différents, comme des poissons dans l’océan indifférent des histoires des autres. D’abord, on procède du désir des parents, un flux fantasmatique et émotionnel qui les mêle dans l’apothéose d’un tourbillon de vie. Le fœtus léger se développe au chaud du ventre de maman, par douces étapes, inscrites dans la partition génétique de ses 46 chromosomes. Y sont enregistrés les plans de mille cathédrales humaines. Au bout du voyage, une seule sera construite. S’y ajoutent les mémoires secrètes des trois générations précédentes grâce aux marqueurs épigénétiques. Mais la société dirige le destin du petit fœtus dans son bain de miel saumâtre par son influence sur la maman et le papa (s’il est là).
J'avais vingt ans quand le printemps faisait s'envoler les pavés parisiens. Des rêves plein la tête, nous découvrions la plage sous nos pieds. Nous disions qu'il fallait faire l'amour, pas la guerre. Nous voulions croire à l'amitié entre les peuples. Nous pensions que tout était permis, et nous proclamions qu'il est interdit d'interdire. L'heure était à la rêvolution.
Il ne fallait pas nous parler d'utopie. Tout nous paraissait possible. Est-ce qu'on n'avait pas envoyé des hommes dans l'espace, est-ce qu'on ne poserait pas bientôt les pieds sur la Lune ? Oui, tout serait possible dès lors qu'on ferait sauter les vieux carcans des conventions et de la morale. Du haut de notre jeunesse insolente, nous avions la prétention de refaire le monde. Vivre sans temps morts ! Jouir sans entrave ! L'homme ne serait plus asservi par le travail et la morale. La croissance illimitée des richesses matérielles permettrait de satisfaire les besoins de tous et l'on vivrait heureux sur une planète apaisée.
Aime ta folie, toi qui te crois folle. Aime ta différence, ton non-conforme qui te fait si mal les jours de disgrâce où tes volets restent fermés. Aime ces voix dans ta tête qui ne te parlent pas mais que tu écoutes quand même. Pourquoi toi ? Tu cherches toujours la même réponse. Aime cette folie pourtant. Elle te paraitrait douce s’il n’y avait pas leurs regards lisses, qui glissent sur tes yeux et crissent sur ton corps comme des brûlures de rasoir.
Il y a des mots valises, des mots tellement lourds qu’ils sont insupportables. Il est question de reprendre les définitions des mots handicap et handicapé.e pour soulager un peu de leurs poids ceux et celles qui les portent ? L’association « Droit Pluriel » nous soumet ce challenge, plus ardu qu’il ne paraît. Le mot handicap date du début du 20ème siècle, mais son usage médico-social a proliféré après les années 70. Il a permis d’étiqueter, de répertorier et surtout d’évaluer l’incapacité individuelle à servir pleinement la société, comme il se doit pour un.e citoyen.ne à part entière.
Il y a des irremplaçables. Il y a des gens qui sont des phares. Leurs yeux balaient nos nuits de longues lueurs d’espoir. La course de nos vies paraît moins incertaine et les récifs noirs des jours de peine moins acérés à nos cœurs transis. Il y a des gens comme ça, des gens simples, comme vous et moi. Ils se réveillent dans le même monde injuste et s’endorment sur les mêmes regrets amers. Leurs rêves sont aussi fous que les nôtres, et aussi forts sont leurs besoins d’amour. Mais si un jour on les croise, on les rencontre, la vie n’a plus la même couleur. On le sait d’instinct.