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Il faut arrêter !

Posted by Jacqueline Chevallier on 23 Jun 2025 in Tribunes Libres
Il faut arrêter !

Quand je suis venue habiter à Coye-la-Forêt il y a trente-cinq ans, il y avait deux poissonniers sur le marché, quatre marchands de viande (une charcuterie – Sénèque, un volailler, une boucherie chevaline et un généraliste – Jean-Paul, dans son camion), et on faisait la queue ! ; il y avait aussi un couple de maraîchers et un "cours des halles" qui s'étalait sur toute la longueur du marché (ils étaient au moins trois ou quatre à servir). Et c'était pareil dans le village, deux boucheries, quatre épiceries, deux boulangers, un pâtissier... Que monsieur Deshayes me démente si ce n'est pas vrai !

Soyons sérieux ! Ce n'est pas l'AMAP, créée en 2018, qui a signé le déclin du marché. Ce sont les nouveaux modes de vie. Beaucoup considèrent que le village est un dortoir ; ils font leurs courses une fois par semaine au mieux à Lamorlaye, au pire à Saint-Maximin et ne participent d'aucune façon à la vie locale. Depuis vingt ans, les boutiques ont disparu les unes après les autres et le marché s'est désertifié. Soyons honnêtes et regardons les choses en face ! Il y a eu un regain de vitalité depuis quelques années, avec l'arrivée de jeunes de style plutôt "bobo" (c'est comme ça qu'on les nomme avec mépris), c'est-à-dire sensibles aux questions environnementales, préférant se déplacer et faire leurs courses à pied ou à vélo, privilégiant les circuits courts et qui ont à cœur en tout cas de faire vivre le village. Et ce sont eux précisément qui ont créé l'AMAP ! Et les amapiens d'une façon générale ont plutôt tendance à vouloir faire vivre le marché sur lequel ils s'approvisionnent régulièrement. Alors franchement c'est assez mal venu de leur chercher des noises.

L'AMAP est un faux problème. Pas besoin d'être docteur en sociologie pour comprendre ça, il faut se rendre à l'évidence : les modes de vie ont changé.

S'en prendre à l'AMAP, c'est se tromper de cible ; c'est comme s'en prendre aux immigrés qui seraient la cause de tous nos maux, comme si c'étaient eux les responsables des délocalisations, de la destruction des services publics, du déclassement de la petite bourgeoisie, de la relégation des populations sans transport loin des villes, comme si c'étaient les immigrés qui organisaient le pillage des ressources et le saccage de la planète. S'en prendre à l'AMAP, c'est comme s'en prendre aux écolos quand on est un agriculteur surendetté, perclus de fatigue, écrasé par les charges et les problèmes administratifs, au lieu de s'en prendre à ceux qui s'accaparent les terres et les subventions européennes, les agrobusinessmen. Il faut arrêter, quoi !

L'AMAP est un lieu de rencontre, d'entraide, de partage et de sociabilité, toutes choses qu'un bon maire doit avoir à cœur de développer pour faire vivre sa commune. L'AMAP est un point de rendez-vous chaque semaine qui, en plus, réunit toutes les générations. Il y en a beaucoup d'autres, des associations comme celle-là, qui réunissent régulièrement autour d'une même activité depuis les nouveaux-nés jusqu'aux vieilles grands-mères comme moi ? Les enfants très souvent participent à la distribution, ils adorent ça, peser les légumes et "jouer à la marchande".

Tout le monde sait bien que les vrais concurrents des commerçants locaux, ce n'est pas l'AMAP, ce sont les grandes surfaces en dehors du village. Non, sérieux ! Faut arrêter !

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La dissociation

Posted by Olivier Manceron on 23 Jun 2025 in Tribunes Libres
La dissociation

Qui écrit ce que j’écris ? Qui suis-je : moi ou Moi ? Trump ou Obama ? Enkidou ou Gilgamesh ? Hyde ou Jekyll ? Sommes-nous obligés en permanence de choisir le côté blanc ou le côté noir de la force ? Dieu ou Satan ? Il y a des jours où la dissociation a quelque chose de déchirant. Dissocier, c’est scinder ce qui est attaché. C’est séparer, couper, mais aussi trancher, tronçonner, voire désagréger. Le terme a surgi avec un sens nouveau sur les réseaux médiatiques pour désigner les conséquences psychologiques d’un état de choc. Dissocier ne veut plus dire séparer le bon grain de l’ivraie, mais déconnecter son cerveau pour survivre à des émotions si violentes qu’on en mourrait. C’est un mécanisme de protection psychique à des évènements extrêmes, des agressions sexuelles, des deuils abrupts. Une anesthésie mentale coupe la perception de son corps. Dans un sentiment d'étrangeté, on flotte à l’extérieur de soi. La perception de la douleur est remise à plus tard. On ressemble à un automate indifférent : une étoile de mer figée dans la tempête. Les personnes dissociées se sentent des coquilles vides, comme mortes à l'intérieur d'elles-mêmes. Les zombies des horreurs de la vie vivent sans vivre. Mais pour entendre les informations, voir les actualités, scroller sur les réseaux sociaux et puis continuer à faire les courses, le ménage et la cuisine, on dissocie, non ? Pour préparer les vacances, faire son travail avec conscience et dormir la nuit sans penser aux horreurs des massacres, aux viols de guerre et aux corps mutilés des jeunes hommes abandonnés dans les fossés, on dissocie. Donner une limonade bien fraîche à son gosse en lui demandant d’arrêter de se plaindre qu’il fait trop chaud, il faut dissocier. Les évènements climatiques extrêmes se multiplient sur la planète et on sait qu’après avoir bu sa limonade, son avenir restera plus qu’incertain. La schizophrénie est une maladie mentale et n’a rien de drôle à vivre. Étienne de la Boétie s’étonnait devant la servitude volontaire des peuples aux pieds des tyrans de l’Histoire humaine ? N’étaient-ils pas déjà dissociés ? Quand trop, c’est trop, alors on dissocie. « Comment ça va, ce matin ? il fait beau, non ? » et on s’entend répondre « Ça va très bien ! Manque que la plage et les mouettes ! ». Demain, c’est la fête de la musique. Alors « Débranche ! » chantera-t-on !

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L'AMAP, une association qui dérange ?

Posted by Jacqueline Chevallier on 30 Mai 2025 in Tribunes Libres, Commerce Artisanat Marché
L'AMAP, une association qui dérange ?

 

Quelle est cette joyeuse agitation tous les jeudis soir autour du centre culturel ? Les enfants jouent, des adultes passent, s'arrêtent pour discuter un moment, tandis que d'autres, derrière des tables, pèsent des légumes dans des bassines. Parfois quelqu'un s'approche et demande : « Ah ! vous vendez des légumes ? Je peux en acheter ? » Eh bien, non ! Les produits sont réservés aux adhérents de l'AMAP qui se sont engagés pour un an à l'achat d'un "panier" hebdomadaire dont ils ne savent pas de quoi il sera composé exactement mais qu'ils ont pourtant prépayé directement au producteur, de façon forfaitaire, afin de lui garantir un certain niveau de revenus. Si, une semaine, un "amapien" n'est pas là pour réceptionner son panier ou s'il n'aime pas les légumes qui s'y trouvent, c'est tant pis pour lui ! En effet la distribution de paniers par l'intermédiaire de l'AMAP ne correspond pas à une activité marchande mais à un acte de solidarité. 

Mais qu'est-ce au juste qu'une AMAP, Association pour le Maintien de l'Agriculture Paysanne ? Comme son nom l'indique, il s'agit bien d'une association, régie par la loi de 1901, à but non lucratif, animée uniquement par des bénévoles, son but étant d'établir un lien direct entre des consommateurs soucieux de l'environnement et des exploitants agricoles de proximité travaillant avec le label français et européen "agriculture biologique". Le mot d'ordre est : bio et local ! Ni l'AMAP en tant qu'association, ni les amapiens en tant qu'adhérents ne font de bénéfice. Il ne s'agit pas de "vendre" des produits, mais simplement de les réceptionner et de les distribuer, ce travail se faisant à tour de rôle par l'ensemble des adhérents, de façon totalement bénévole.

L'AMAP, une association qui dérange ?

L'année dernière, la mairie voulait faire payer l'AMAP pour son occupation, en hiver, du hall du centre culturel. Il s'agissait là d'une discrimination abusive et injustifiable, dans la mesure où toutes les salles du centre culturel sont accessibles gratuitement à toutes les autres associations coyennes, même si elles y exercent des activités payantes (cours de musique, théâtre, spectacles, activités artisanales ou artistiques, marché de Noël et autres) que ce soit de façon régulière ou de façon occasionnelle. L'AMAP occupe le hall du centre culturel – et encore uniquement à la mauvaise saison, le reste du temps elle s'installe sur le parvis – même pas deux heures par semaine le jeudi soir, le temps de mettre des tables en place, de distribuer et de nettoyer, la distribution elle-même se déroulant de 18 h 30 à 19 h 30. 

L'AMAP, une association qui dérange ?Cette année, pendant le festival théâtral, la mairie a demandé à l'AMAP de s'installer sur le marché plutôt que sur le parvis du centre culturel, ce qui se comprend en raison de l'affluence exceptionnelle que provoque le festival lui-même et les animations autour (musique, petite restauration). Mais on apprend qu'en fait, la municipalité impose ce déménagement, non pas seulement de façon temporaire pendant le festival, mais désormais tout au long de l'année. À partir de là, l'amalgame avec les commerçants du marché est facile : eux paient une taxe, dite "droit de place" pour l'occupation de leur emplacement réservé, et donc on va exiger un droit de place à l'AMAP. Et voilà, le tour est joué ! Il lui en coûterait environ 700 € par an. Rien que ça ! C'est clairement fait pour sabrer l'association. 

Comment la mairie justifie-t-elle, après plusieurs années de fonctionnement sans problème, cette décision tout d'un coup de refuser l'occupation du hall du centre culturel ? Il paraîtrait que les autres associations présentes le jeudi soir se seraient plaintes de différentes nuisances (saleté, bruit, froid). Quelles autres associations ? On l'ignore. Le jeudi soir, il n'y a quand même pas foule au centre culturel ! Ce sont de toute évidence des arguments fallacieux.

L'activité de l'AMAP ne génère pas plus de saleté que n'importe quelle autre, étant convenu que ceux qui se chargent de la distribution rangent et nettoient à la fin.

Pour ce qui concerne le bruit : il n'y a pas besoin de haranguer le chaland ! Les amapiens peuvent s'attarder un moment pour discuter mais ils n'ont aucune raison d'élever la voix, sauf éventuellement pour recadrer leurs enfants qui, cependant, ne font ni plus ni moins de bruit que ceux des autres usagers. Si on passe par là, l'AMAP fait plutôt moins de bruit que l'école de musique, avec trompettes et djembés – et on ne s'en plaint pas ! Il faut apprendre à vivre ensemble. Serait-il normal qu'en raison des récriminations de quelques-uns souffrant passagèrement d'un peu d'inconfort, on prive plus de trente familles d'une activité écologique, solidaire et conviviale, liée à l'intérêt général et qui participe à la vie du village ? 

Quant au froid, il est bien certain que les allées-venues provoquent des ouvertures répétées de la porte d'entrée, mais enfin pas plus que celles de tous les autres usagers du centre. Au demeurant personne n'est censé stationner longtemps dans le hall qui n'est qu'un lieu de passage ; ce n'est pas là que se déroulent les activités des autres associations, donc s'il y fait un peu froid (n'exagérons rien !) ce sont surtout les bénévoles de l'AMAP qui pourraient s'en plaindre. En revanche s'ils doivent désormais opérer sur le marché, là, oui, ils auront froid le soir en plein hiver !

En tout cas, jamais personne, ni des particuliers ni des associations en tant que telles, ne sont venus présenter leurs doléances directement auprès des amapiens. La distribution des produits de l'AMAP ne dure qu'une heure une fois par semaine, ce n'est quand même pas insupportable ! Et si vraiment les amapiens sont gênants dans le hall, ils veulent bien s'installer ailleurs, dans un autre local plus approprié que pourrait leur proposer la mairie.

L'AMAP, une association qui dérange ?En réalité la saleté, le bruit, le froid sont des arguments de mauvaise foi, inventés de toute pièce, et il n'y a pas plus d'associations qui se plaignent qu'il n'y a de commerçants du marché persuadés que l'AMAP leur fait réellement concurrence. Ils étaient deux, jeudi dernier (le 22 mai) à venir voir de leurs propres yeux de quoi il retournait, qui étaient ces redoutables amapiens qui leur faisaient une concurrence déloyale et mettaient leur commerce en péril. De toute évidence on leur avait monté la tête. Ils ont rigolé en voyant la modestie de l'étal et le nombre limité de "clients" ! Visiblement ils avaient bien d'autres griefs, autrement sérieux, à formuler contre la municipalité. 

 

Ils ont pu constater qu'en fait, nombreux des adhérents de l'AMAP qui ont défilé pendant une heure figuraient parmi leurs plus fidèles acheteurs. En effet il y a deux sortes d'adhérents : ceux qui ne consomment que du bio : ceux-là, en dehors de l'AMAP, vont se fournir dans les rayons bio du supermarché ou dans les magasins spécialisés. 

L'AMAP, une association qui dérange ?

Et puis il y a ceux qui privilégient la proximité et le contact : ceux-là soutiennent l'agronomie bio locale mais ont également la démarche de privilégier le marché du village plutôt que les supermarchés ou les chaînes commerciales. Ceux-là ne font pas vraiment concurrence au marché, vu la modestie de leur panier. On nous dira : Malgré tout, c'est autant qui ne se vend pas. Certes, comme ce qui est cultivé dans les jardins familiaux, comme tout ce qui se fait à la maison, ce qui s'échange et se donne, tous les produits de l'activité non marchande, qui créent de l'initiative et du lien social. À l'inverse, il est probable que si les amapiens, pour protester contre la mesure prise à l'encontre de leur association et en démontrer l'inanité, décidaient de boycotter le marché, ce serait assez sensible au niveau des commerçants, car pour une famille, ce n'est pas l'équivalent d'un panier qu'ils achètent mais bien de six ou sept. 

En tout état de cause, les produits achetés par le biais de l'AMAP ont le label bio, ce qu'aucun commerçant ne propose sur le marché. Il n'y a pas concurrence puisque ce ne sont pas les mêmes produits. Il est certain que si des producteurs bio et locaux venaient vendre sur le marché, il n'y aurait plus besoin de l'AMAP.

En nous forçant à nous installer sur le marché, le maire veut assimiler les amapiens à des commerçants, y compris dans l'esprit des passants. Et dès lors il veut faire apparaître comme normale et équitable la perception d'un "droit de place".

Pour pouvoir taxer l'AMAP la mairie doit modifier le règlement communal du marché, lequel résulte d'une délibération du conseil municipal. C'est faisable, bien sûr. Ce règlement qui comprend un certain nombre d'informations obligatoires, notamment le tarif du droit de place, doit être affiché sur le marché (d'ailleurs, soit dit en passant, sur ce point, la municipalité n'est pas en règle). Mais pour obtenir une place sur un marché et, de ce fait, être taxé, il faut être inscrit au registre du commerce et des sociétés (RCS) ou au registre national des entreprises (RNE), ce qui n'est pas le cas de l'AMAP. Réclamer cette taxe à une association à but non lucratif, c'est-à-dire qui ne fait pas de chiffre d'affaires et n'empoche pas de bénéfices, est tout simplement illégal et la décision municipale pourrait faire l'objet d'un recours en annulation devant le tribunal administratif. Car si vraiment, comme le dit M. le maire, sa décision de faire payer un droit de place n'est pas négociable, il ne restera plus que le contentieux. Ce serait dommage d'en arriver là.

La distribution des paniers est un grand moment de sociabilité, c'est un rendez-vous hebdomadaire très vivant qui permet la rencontre et l'échange. Ça fait partie de l'animation du village – au même titre que le marché d'ailleurs. Bio, local et solidaire, telle est la devise des AMAP ! Dans un souci de préservation de l'environnement et en solidarité avec les agriculteurs à proximité qui produisent du biologique, des AMAP se sont créées depuis de nombreuses années partout en France. Monsieur Deshayes avait apporté son soutien lors de la création de celle de Coye-la-Forêt. Voilà que soudain, transformé en Don Quichote et décidé à s'attaquer au problème sur toute l'ère cantilienne, il veut aujourd'hui partir à l'assaut des moulins AMAP, non seulement ici mais également dans toutes les autres communes avoisinantes. 

On ne peut que déplorer ce revirement, quand il faudrait, plus que jamais, aussi bien pour la santé des consommateurs que pour faire face au changement climatique, encourager l'autonomie alimentaire et la consommation de produits sains (production locale et sans entrants chimiques). Il faut espérer que M. le maire reviendra sur sa décision.

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Deuxième semaine

Posted by Jacqueline Chevallier on 26 Mai 2025 in Tribunes Libres
Deuxième semaine

Le 44e festival se poursuit avec des salles toujours bien pleines, voire débordantes. Année après année, on ne peut qu'admirer et se réjouir que ce miracle se poursuivre.

La deuxième semaine commence par un spectacle très clivant ("Les Héroides", certains trouvent que c'est moche, vulgaire et gratuitement provocateur ; d'autres au contraire que c'est salutaire, très drôle et décoiffant), tandis que le lendemain "Les petits chevaux du Lebensborn" sera très consensuel : un sujet grave et un traitement correct.

Ainsi les jours se suivent sans se ressembler.

Deuxième semaine

Mercredi , pour une fois la salle était loin d'être comble. Est-ce qu'au lieu d'attirer les spectateurs, le fait de répéter que Jon Fosse était prix Nobel de littérature les a plutôt intimidés ? Est-ce le thème qui a fait peur ? C'est dommage car le spectacle "Je suis le vent" était "un pur diamant", avec des lumières, une scénographie et une chorégraphie de toute beauté. Le texte, minimaliste comme toujours chez Jon Fosse, aurait pu se dire en norvégien non sur-titré ! On se serait, tout pareil, laissé embarquer dans ce voyage, par la poésie de la mise en scène, la diction des acteurs, leur danse envoutante, la musique, la magie des images sur le plateau transformé en miroir noir.

Deuxième semaine

Comme il est de tradition, le festival s'est terminé par une pièce de La lucarne, "La folle de Chaillot" de Jean Giraudoux, la seule pièce en costumes (très beaux d'ailleurs) avec onze comédiens sur scène, ce que, bien sûr, les compagnies professionnelles ne peuvent pas se permettre de nos jours.

Deuxième semaine

Chaque année, on constate qu'il y a des modes : parfois, c'est l'emploi de la vidéo, d'autres fois l'envoi de brouillard sur la scène... Cette année, la mode était au déshabillage, comme si se mettre torse nu était le summum de la liberté ou de la provocation. Ni l'un ni l'autre, dès lors que ça devient banal. Quant aux thèmes, trois pièces portaient explicitement sur le féminisme ("Larmes de crocodile", "Les héroïdes", et "Revolt she said"), une autre abordait de façon directe, dans sa troisième partie, le problème du patriarcat ("Une histoire subjective du Proche-Orient") de sorte qu'au bout du compte ça finit par faire poncif. Bon d'accord, on a compris, il ne faudrait pas venir tous les jours !

Certes il y a les matinées pour les scolaires mais il n'y a pas eu de vrai spectacle à voir "en famille", c'est-à-dire auquel tout le monde trouverait du plaisir. Les spectacles classés "Tout public" ne répondent pas vraiment à ce critère, et peuvent parfois, même s'il ne comportent rien de choquant ou de violent, être franchement ennuyeux pour les enfants.

À deux ou trois reprises (et il en est ainsi régulièrement tous les ans) est revenue cette question (notamment quand le discours est politiquement engagé, c'est-à-dire, soyons clair, quand il est engagé à gauche) : est-ce que c'est du théâtre ? À une époque certains disaient : le jazz, ce n'est pas de la musique (c'est du bruit), ou Picasso, ce n'est pas de la peinture (c'est du barbouillage). C'est pareil pour le théâtre : on n'a pas forcément des personnages, une trame narrative, des costumes ... Mais dès lors qu'il y a un comédien sur scène qui se donne en spectacle, qu'il y a une présence humaine, c'est du vivant, c'est du théâtre !

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FEMME NON RÉÉDUCABLE

Posted by Jacqueline Chevallier on 24 Mai 2025 in Festival théâtral
FEMME NON RÉÉDUCABLE

de Stefano Massini

On sait que les régimes communistes totalitaires envoyaient les opposants dans des camps de "rééducation". Non rééducable, telle est Anna Politovskaïa, cette journaliste russe qui pendant des années a dénoncé dans un journal indépendant les atrocités commises par l'armée russe en Tchétchénie. Donc si on ne peut pas la rééduquer, il ne reste plus qu'à l'éliminer. Stéfano Massini , très grand dramaturge italien qui s'attaque à des sujets historiques et politiques, publie, dès l'année qui suit son assassinat – dont on ne s'est pas vraiment étonné, elle avait déjà été empoisonnée quelques années auparavant – une biographie dramatique en hommage à celle que les autorités russes ont voulu faire disparaître.

FEMME NON RÉÉDUCABLE

La pièce est forte, la comédienne qui incarne la journaliste est bouleversante, le partenaire masculin joue tour à tour le rôle des soldats russes et celui des combattants tchétchènes, et ce sont bien les mêmes, ils sont interchangeables dans leur insupportable inhumanité.

La journaliste, avec une extrême rigueur, relate ce qu'elle voit, ce qu'elle entend, sans jamais prendre parti. On la somme de choisir son camp, l'intelligence c'est de choisir, lui répète-t-on. Et elle ne cesse d'interroger : l'intelligence, c'est de choisir ? Entre les terroristes au pouvoir en Tchétchénie et les autocrates impérialistes au pouvoir en Russie, il faudrait choisir ? Elle refuse de choisir et donc elle est l'ennemie de tous les pouvoirs en place. On peut transposer à un autre moment en un autre lieu : faut-il choisir entre un mouvement terroriste et un état génocidaire ? L'intelligence et le courage, n'est-ce pas de dénoncer les deux ?

FEMME NON RÉÉDUCABLE

De très nombreux pacifistes, célèbres ou inconnus, ont payé de leur vie, ce refus de choisir, cette détermination à dénoncer les crimes où qu'ils se commettent, cette volonté de se mettre au milieu et si possible de réconcilier les frères ennemis ; le pacifisme est dangereux : depuis Henri IV - 1610 et Jean Jaurès - 1914, en passant par Gandhi - 1948, Martin Luther King - 1968, Yitzhak Rabin - 1995, jusqu'à Anna Politovskaia 2006... tant d'autres... la liste est longue.

Quand à la fin de la pièce jaillissent les applaudissements, on acclame autant le courage de cette femme exceptionnelle – Anna Politovskaïa, il ne faut pas oublier son nom – que la façon dont les gens du théâtre l'ont fait revivre devant nous et ont honoré sa mémoire.

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Les mots

Posted by Olivier Manceron on 21 Mai 2025 in Tribunes Libres
Les mots

Les mots sont des petites boîtes de tailles et de couleurs différentes. Accrochées les uns aux autres, en petits trains bariolés, les mots circulent et serpentent dans nos têtes, et puis d’une tête à l’autre. Les mots sont beaux ou laids, courts ou interminables, mais ils circulent sans s’arrêter, nuit et jour, du soir au matin et du matin au soir, des rêves éveillés aux pires des cauchemars. La plupart sont sans idée, des mots pour ne rien dire, mais certains sont des mots qui disent tout. Beaucoup sont sur des rails, luisants, toujours les mêmes, avec des parcours obligés. Il y en a qui pourrissent, sentent mauvais, gonflent tellement qu’on les appelle les gros mots. D’autres, les plus creux, s’envolent et disparaissent à l’horizon des mémoires des gens. Pas facile de savoir toujours s’ils sont légers ou lourds. Certains pèsent des tonnes, impossibles à décoller, bourrés d’émotions, de sentiments et de vérité. D’autres saignent de multiples petites fissures de souffrance, des mots si lourds de leurs maux et si douloureux, qu’on a du mal à les comprendre, tant on aurait préféré ne pas les avoir entendus. Alors ils se détachent lentement, pour finir en petits trains perdus, rouillés, oubliés derrière la végétation sauvage de petites gares désaffectées. Attention, ces mots-là sont de la dynamite. Un jour de grand vent, de tempête ou de tremblement de terre, voilà les petits wagons qui remontent les voies, retrouvent les rails, débloquent les aiguillages et viennent semer la terreur les jours de pointe à la gare du Nord. Bien sûr, n’oublions pas aussi les grands mots, si beaux, si larges, qui par-dessus les toits s’envolent en planant au-dessus des têtes. Ce sont de si grands mots que plus personne ne sait ce qu’ils veulent dire. Ils volent en escadrilles : « Inclusion », « progrès », « handicap », « république », « démocratie », « projet », « commission ». Ils cachent le soleil derrière de magnifiques nuages incompréhensibles. Ce sont les maîtres du ciel. Seuls quelques fauconniers, experts en volerie, savent les diriger afin de domestiquer les foules de spectateurs ébahis. Enfin il y a les mots immenses, les rois des airs, aigles, vautours ou gypaètes barbus aux envergures incommensurables, ceux qui planent si haut qu’un regard s’est perdu. Pour eux, nombreux et nombreuses sont celles et ceux qui ont donné leur vie. « Amour », « Liberté », « Égalité », « Humanité » ! Ce sont de grands planeurs qui ne vivent que dans les nuées, leurs ailes de géants les empêchent de marcher. Ils sont à tout le monde mais vraiment à personne. Pas le temps d’en disséquer le sens, ils meurent. Leurs restes empaillés décorent les vitrines de certains musées ou les sombres couloirs des châteaux des puissants. Jamais personne n’est arrivé à les attraper vivants.

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L'art de ne pas dire

Posted by Jacqueline Chevallier on 19 Mai 2025 in Festival théâtral
L'art de ne pas dire

de Clément Viktorovitch et Ferdinand Barbet

Un seul mot : EXCELLENT ! et même jubilatoire.

Le comédien, avec exemples à l'appui et exercices en interaction avec la salle, démonte les mécanismes qui permettent de construire un candidat à la présidence de la république : la tenue vestimentaire d'abord, mais aussi le comportement et surtout la rhétorique. Comment ne pas heurter les électeurs en "euphémisant" la langue ; comment renverser la situation quand on est (légitimement) accusé et, de coupable, se faire passer pour victime ; comment remplir d'espoir avec des phrases creuses ("vides" ou "pleines" ?, nous demande l'orateur)...

Voilà un spectacle qui nous amène à réfléchir, à ne pas prendre pour argent comptant les beaux discours politiques, à exercer notre esprit critique et à rester vigilant. Ne nous laissons pas berner !

Ce n'est pas une conférence, c'est une pièce de théâtre, avec un comédien très vivant et joyeux, une sonorisation impeccable, un décor simplissime et cependant majestueux, de belles lumières... bref, tout ce qu'il faut pour faire un beau spectacle accompli.

L'art de ne pas dire

On peut très facilement retrouver Clément Victorovitch sur Internet où il décortique l'actualité politique avec toujours la même acuité.

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Il coro di Babele

Posted by Jacqueline Chevallier on 19 Mai 2025 in Festival théâtral
Il coro di Babele

de Claudio Zappala

Ils sont jeunes, sympathiques, pleins d'énergie, ils sont comédiens, ils nous parlent ; et nous, les spectateurs, nous regardons ailleurs. Nous regardons en l'air. Il coro di BabeleNous avons le nez levé vers les sous-titres qui s'affichent sur un écran quasiment dans les cintres, tandis que les comédiens sur la scène s'expriment, pas simplement par la voix, mais aussi par les mouvements du visage, par les gestes, par toute une chorégraphie savamment mise au point. Ainsi, inévitablement, on manque la moitié de la pièce : soit on regarde la scène et on loupe les sous-titres, soit on regarde le texte et on loupe le jeu des comédiens. En plus, le spectacle est présenté dans le programme comme étant pour "tout public" : donc les moins de 10 ans peuvent le voir puisqu'il existe une classification spécifique "+10 ans". Or de toute évidence les enfants ne pourront pas arriver à suivre, quand les adultes eux-mêmes ont du mal à lire les sous-titres qui défilent à vive allure.

Il coro di Babele

Il y aurait pénurie de spectacles présentables, je ne dis pas. Mais il y a abondance de pièces formidables dans le festival off d'Avignon ! Quelle idée d'avoir choisi de programmer celui-ci, en italien ? Quel intérêt, sachant que nous en manquerons forcément la moitié ? Quelle nécessité ?

Il coro di Babele
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Le papier peint jaune

Posted by Jacqueline Chevallier on 18 Mai 2025 in Festival théâtral
Le papier peint jaune

de Charlotte Perkins Gilman

Loin de l'hystérie de la veille ("La ligne solaire" – je n'ai trouvé personne qui ait apprécié cette pièce – s'il se trouve quelqu'un parmi les lecteurs qui l'ait "aimée", ce serait bien qu'il écrive un commentaire pour la défendre), loin des cris et de la fureur, nous avions avecLe papier peint jaune " Le papier peint jaune" un très beau spectacle, une comédienne presque hiératique, très calme, très posée en tout cas, sans récrimination à l'encontre de son mari qui pourtant la séquestre, car c'est pour son bien, pour qu'elle se guérisse de sa mélancolie, loin du monde, dans une vieille maison louée, loin de tout. Telle nous apparaît la comédienne longtemps immobile, toute habillée de blanc, corsetée dans une robe romantique qui se prend et se prolonge dans les longs plis d'un drap blanc qui l'arrime au lit, à la chambre dont elle n'a pas le droit de sortir. Le papier peint jauneElle est enfermée avec interdiction de voir du monde, interdiction de s'occuper, interdiction d'écrire. Et peu à peu elle sombre dans la folie, n'ayant pour seule occupation et pour seule compagnie que la contemplation du papier peint et les figures – des femmes prisonnières comme elle – que son imagination y fait surgir. Folle, oui , et cependant clairvoyante, car se laissant aller à ces hallucinations, elle se découvre elle-même comme séquestrée, asservie aux volontés de son mari et elle regarde avec lucidité sa propre condition.

Le papier peint jauneTout est beau dans ce spectacle : le costume, le dispositif scénique, la lumière, la comédienne à la diction claire et à la gestuelle élégante. Et si le théâtre est aussi un art visuel, là nous sommes comblés : très belle image de cette femme en blanc, qui s'élève, s'élève sur la paroi d'un mur ocre où s'accrochent des branches, son immense robe de drap se déroulant sous elle, jusqu'à en faire comme une icone, une reine blanche, une apparition...

Magnifique spectacle, plein de noblesse et de dignité. L'image finale reste gravée en nous comme un très beau tableau.

Le papier peint jaune
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Larmes de crocodile

Posted by Jacqueline Chevallier on 15 Mai 2025 in Festival théâtral
Larmes de crocodile

Le féminisme, de l'origine de l'humanité au transhumanisme

De, et avec, Fanny Catel et Jean-Noël Françoise

Bruissements de feuilles et pépiements d'oiseaux. Dans l'obscurité apparaissent, faiblement éclairés, un homme et une femme, éloignés à cour et à jardin, dont on ne voit que le torse. Nu. Larmes de crocodileIls se parlent à voix douce, et sont dans l'exploration et la découverte émerveillée du corps de l'autre. Nous sommes au paradis terrestre. "Là, tout n'est qu'ordre et beauté / Luxe, calme et volupté." Mais chacun sait que ça n'existe pas, le paradis terrestre ! Une musique se fait entendre, forte, puissante, fracassante, en un mot virile. Celle, bien connue, de Zarathoustra de Johan Strauss dans 2001 L’Odyssée de l’espace. Sauf qu'ici, contrairement à l'évidence communément admise, c'est la femme qui revendique avoir touché le monolithe, s'être redressée pour transmettre la connaissance. Imagine-t-on que Homo erectus puisse être une femelle ? Alors voilà. En s'affranchissant de notre vision formatée par des millénaires de patriarcat, en revisitant l'histoire qui, jusqu'à présent, n'a été écrite que par les hommes, et en se posant quelques questions sur les relations de genre, il nous faut tout reprendre depuis le début.

Larmes de crocodile

Larmes de crocodileJe retiens particulièrement une scène d'anthologie où le droit d'être importunée est inversé, comme renvoyé en miroir : c'est la femme qui drague l'homme, elle commence par des gentillesses et des flatteries et elle insiste, et elle continue, mais l'homme reste insensible, alors la femme se vexe, se fâche, s'énerve, le ton monte et ça se termine en un flot d'injures haineuses éructées par la femme hors d'elle. Voilà, messieurs, ce que les femmes peuvent subir lorsqu'elles refusent les avances d'un homme.

Larmes de crocodileEn fond de scène sur un tableau noir, quelques dessins viennent s'inscrire, comme sur les parois des cavernes préhistoriques, puis quelques dates qui servent de repères, quelques maximes, notamment en gros sur toute la surface : AUCUN TYRAN N'A JAMAIS RENONCÉ À SA TYRANNIE À MOINS D'Y ÊTRE OBLIGÉ. Qu'on se mette bien ça dans la tête ! Cependant entrecoupé de chansons et de petites phrases espiègles, le spectacle est malicieux et sans didactisme, simplement il y a quelques vérités qui sont toujours bonnes à rappeler.

Larmes de crocodileCependant quel est l'avenir de l'humanité si les femmes, revendiquant légitimement le droit de disposer de leur corps, refusent à l'avenir de porter leurs enfants, si les bébés ne sont plus seulement fécondés dans des éprouvettes, mais fabriqués dans des machines, et pourquoi pas, expédiés dans l'espace ? Un féminisme radical ou extrémiste risquerait de nous faire perdre notre humanité. Sous des apparences de légèreté (cf. sur le tableau noir la conversation en dessin animé entre une vulve et un pénis), le spectacle nous invite à l'amusement mais aussi à la réflexion. En passant, nous apprenons que phallus et fascisme sont deux mots qui ont la même étymologie. Tiens donc !

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Doctrines béarnaises

Posted by francoise on 14 Mai 2025 in Tribunes Libres
Doctrines béarnaises

Selon P. Lameyre, dans la lettre de Coye de mai-juin 2025, une doctrine béarnaise de François Bayrou énoncerait : « Quand tu fais un pas en avant, fais-en un aussitôt en arrière pour calmer les choses. »

Aucune autre doctrine béarnaise ne conseille : « Quand tu apprends que des enfants sont martyrisés, fais aussitôt un pas en arrière et même carrément demi‑tour et passe à autre chose. » Et pourtant !

Se pourrait-il que la Convention internationale des droits de l’enfant ne soit pas connue dans le Béarn ni même à la mairie de Pau, ni à la communauté d’agglomération de Pau, ni au Conseil Général des Pyrénées Atlantiques, ni à l’Union pour la démocratie française, ni au Parti Démocrate Européen, ni au Ministère de la Justice, ni à celui de l’Éducation nationale ?

Pour tous ces territoires perdus, voici un rappel de l’article 19.1 : Les États parties prennent toutes les mesures législatives, administratives, sociales et éducatives appropriées pour protéger l'enfant contre toute forme de violence, d'atteinte ou de brutalités physiques ou mentales, d'abandon ou de négligence, de mauvais traitements ou d'exploitation, y compris la violence sexuelle, pendant qu'il est sous la garde de ses parents ou de l'un d'eux, de son ou ses représentants légaux ou de toute autre personne à qui il est confié.

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La Poésie de l'échec

Posted by francoise on 12 Mai 2025 in Festival théâtral
La Poésie de l'échec

de Marjolaine Minot et Günther Baldauf

L’histoire est assez banale : une mère, maintenant veuve, cache à ses enfants l’infidélité de leur père et l’existence d’une demi-sœur ; une fille, qui était très aimée de son père, mendie désespérément l’attention de sa mère et trouve une consolation factice auprès d’un homme très amoureux d’elle ; un fils n’arrive pas à se libérer de l’emprise destructrice de son père qui lui exprimait en permanence son mépris.
La Poésie de l'échecToute cette famille subit la loi du Droit sauf la fille qui louvoie et sa grand-mère qui l’approuve.
L’anniversaire de la mère sera l’occasion pour chacun d’exprimer tous les non-dits et de retrouver sa vérité profonde.

Ce qui donne une dimension exceptionnelle à ce spectacle c’est sa mise en scène tirée au cordeau.

La Poésie de l'échecAucun temps mort, les changements d’éclairage et les bruitages mettent en évidence les passage du fantasme au mensonge, du passé à un présent cruellement décevant. Une paupière baissée souligne une gêne inavouable. Quand la lumière s’éteint un court instant ou quand le divan sert de paravent, les acteurs changent de personnalité pour nous surprendre à chaque fois. Quand les émotions sont refoulées, ce sont les corps qui les expriment avec énergie.

La Poésie de l'échecTout se termine en un tourbillon effréné qui envoie valdinguer le Droit.

Maintenant, la mère peut souffler les bougies. Ce n’est plus un anniversaire, c’est une renaissance.

La Poésie de l'échec
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Pages célèbres – Voyage en poésie

Posted by Tous en scène on 11 Mai 2025 in Théâtre, Tous en scène
Pages célèbres – Voyage en poésie

Dans une atmosphère de cabaret, convivial et intimiste, où sont disposés tables et livres, sous une lumière tamisée, les spectateurs sont invités à prendre place, entre amis ou avec de parfaits inconnus, autour d'un verre et de quoi grignoter.
C'est dans cette ambiance de salon littéraire, propice à la rencontre et à la découverte, où chacun peut se sentir à l'aise, que nous espérons partager avec vous un instant hors du temps...

le samedi 7 juin à 21 heures
au centre culturel de Coye-la-Forêt
21, rue d'Hérivaux
Plein tarif : 15€ – tarif réduit : 10€

Nombre de places limité, réservation conseillée au 06 38 03 11 85 ou à l'adresse électronique : assoc.tousenscene@laposte.net

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La France, empire

Posted by Jacqueline Chevallier on 11 Mai 2025 in Festival théâtral
La France, empire

de Nicolas Lambert

Le 44e festival démarre très fort avec La France empire, la France dans ce qu'elle a de pire. Tout au long de notre scolarité, dans les discours politiques et journalistiques, on ne cesse de nous vanter les valeurs républicaines et notre belle devise ternaire issue de la Révolution. C'est l'image flatteuse que nous aimons avoir de notre pays. Nicolas Lambert, dans un seul-en-scène virtuose, nous invite à regarder la France en face, sans détourner les yeux, à dévoiler ses mensonges et briser ses silences. Dans les livres de l'Histoire qu'on nous raconte, il manque des pages, nombreuses, sanglantes, honteuses, toutes celles qui concerne l'après-guerre, c'est-à-dire encore et continument la guerre, en Indochine, au Cameroun, à Madagascar, en Syrie, en Algérie... La France, empireL'ensemble des guerres de démantèlement de l'empire auront fait des morts qui se comptent par dizaines et dizaines de milliers parmi les peuples colonisés. On s'est bien gardé de nous l'enseigner. Les Français, avec leur belle devise républicaine, tout en prétendant aller porter les bienfaits de la civilisation auprès des peuples réputés primitifs et arriérés, sous des régimes de gauche comme de droite, ont commis massivement des atrocités qui relèvent souvent de crimes contre l'humanité. Les chambres à gaz ont été inventées par l'armée française quand on enfermait les Algériens, indifféremment hommes, femmes, enfants, dans des grottes naturelles et qu'on les enfumait jusqu'à ce qu'ils soient tous morts asphyxiés. Le spectacle se termine par une réflexion sur Mayotte, on pourrait également s'interroger sur la façon dont est traité le peuple kanak.
La France, empireLe texte de Nicolas Lambert est très précisément documenté et il énonce quelques vérités nécessaires. On ne peut que regretter que ce discours salutaire ait été réservé aux premiers rangs, le comédien ne prenant jamais la mesure de la salle. Aussi bien dans les regards que dans la voix, il a ignoré, du début à la fin, la moitié des spectateurs présents. Souvent les salles à Avignon sont des petits espaces où l'on peut ainsi jouer quasiment dans l'intimité ; les programmateurs devraient prendre cela en considération quand ils arrêtent leur choix. Ou alors, dans une grande salle comme à Coye, il serait nécessaire que le comédien s'équipe d'un micro, même si c'est moins confortable pour lui ; ce n'est quand même pas compliqué et ce serait faire preuve du plus élémentaire respect à l'égard du public.

La France, empire
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... PROLOGUE AU 44e FESTIVAL THÉÂTRAL

Posted by Marie Louise on 01 Mai 2025 in Festival théâtral
... PROLOGUE AU 44e FESTIVAL THÉÂTRAL

Une femme qui hurle, traits crispés par la colère, c'est l'affiche du Festival 2025, dans nos boîtes aux lettres début avril. Elle annonce le vent nouveau qui soufflera sur le programme de ce mois de mai. Les femmes seront là, réactives, résistantes.

La fureur des femmes contre les hommes en guerre, Jean-Pierre Siméon la décrit déjà dans « Stabat mater furiosa », le poème-spectacle que la compagnie Tous en scène a présenté le 27 avril à Coye, comme un prologue au Festival. La violence des hommes et la colère des femmes sont dans l’air du temps.

Dès l’ouverture du Festival, le 9 mai, c'est dit par une petite fille: « Non, je veux pas ». C'est un bon début. Les femmes refusent.

Le lendemain,10 mai, « La Poésie de l'échec » fait voler l’image du père en éclats.

Le 12 mai, avec « Une Histoire subjective du proche Orient… », la guerre entre au programme, à Beyrouth, à Jérusalem. On peut ajouter Kiev, Gaza et autres lieux.

Le 13 mai, « Les Larmes de crocodile » déboulonnent le patriarcat.

Le 14 mai, « La ligne solaire », c'est la vie de couple ou le match de boxe.

Le 15 mai, une option : si la femme est dépressive, séquestrez-la.

Le 19 mai, les femmes de la mythologie se révoltent des trahisons subies.
On pensera à celle que l'on préfère,
"Ariane ma sœur de quel amour blessée vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée..."

Le 22 mai, « Revolt she said, Revolt again », tout est dit.

Le 23 mai, la femme est-elle non rééducable ? En tout cas, en Tchétchénie, quand elle est journaliste, elle sait courageusement regarder les hommes en guerre.

Le 24 mai, on rit. « La Folle de Chaillot » lève une armée de petites gens contre les spéculateurs. Giraudoux prophétique. Les spéculateurs sont toujours là. Les petites gens aussi.

Bon Festival !

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STABAT MATER FURIOSA...

Posted by Marie Louise on 30 Avr 2025 in Théâtre, Tous en scène
STABAT MATER FURIOSA...

De Jean-Pierre Siméon
Mise en scène de Rémy Chevillard
Assistant : Patrick Chevillard
Compagnie : Tous en scène

Ce dimanche 27 avril, j'ai choisi de ne pas céder à "l'appel de la forêt" et d'aller au théâtre voir une fois encore "Stabat mater furiosa".

Je ne pensais pas être à nouveau si émue, me sentir à nouveau si concernée par le poème de Jean-Pierre Siméon mis en scène par Rémy Chevillard. Depuis sa première à Coye-la- forêt en juillet 2018 je l'ai vu plusieurs fois, peut-être cinq... Et c'est à chaque fois une découverte, je remarque une lampe, une couleur de tapis, l'étoffe d'une robe, j'entends mieux les silences... j’entends mieux la poésie du texte, les musiques qui disent les douleurs des mères et des sœurs, des phrases que je reconnais, d'autres que je n'avais pas assez bien écoutées.

Rémy Chevillard a créé avec la troupe "Tous en scène" un spectacle complet. D'abord un texte. La poésie est là pour dire la barbarie des hommes, la souffrance et la colère des mères, comme l'amour et la beauté du monde. La poésie, comme la musique, est capable de tout.

Puis sept corps de femmes qui marchent, dansent, s'étreignent, ondulent, scandent la phrase. La force des gestes de femmes. Pour elles tout l'espace du plateau, sans limites, sans frontières, sans murs, c'est le monde. Le monde de la guerre, le fracas des armes, le martellement des bottes. Le monde de la paix du village où l'on cueille des olives, où l'on joue près du ruisseau, de la paix de la maison où l'on coud, repasse, nettoie. Les femmes savent tout faire, prendre soin, consoler, réparer, créer, aimer, enfanter, dire, hurler. Grâce à la conviction des comédiennes on les voit vivre.

La musique s'accouple à leurs mots, les enveloppe pour en intensifier la puissance et l'émotion. Elle crée un final magnifique, la marche des femmes devient une ronde dans laquelle on est pris, leurs bras se lèvent et dansent. L'allégresse nous étreint parce que les femmes triomphent... Les larmes ne sont pas loin...

STABAT MATER FURIOSA...

Comme j'ai bien fait de ne pas aller en forêt. Car aujourd'hui, en avril 2025, cette pièce avait une autre dimension. En écoutant la liste interminable dressée par Jean-Pierre Siméon de la quarantaine de mots de notre langue qui désignent les objets que les hommes ont inventés pour tuer, et dont les dirigeants ont déjà passé commande car "il faut réarmer", en entendant cette liste se dérouler, on ne pouvait qu'être épouvanté. Pas un spectateur n'a pu éviter de penser aux guerres qui en ce moment se déroulent près de nous, personne n'a pu ne pas penser à l'Ukraine ou à Gaza, à tous les pays où l’on tue en ce moment, ni aux sombres nuées qui s'avancent et menacent.

Le théâtre n'est pas toujours gai... Moins que les clochettes de muguet en forêt.
Mais il faut qu'il soit là, même s’il dit parfois une réalité violente. On a besoin des mots.
et dans un théâtre nous les écoutons ensemble, ils nous rapprochent et nous partageons. Le fardeau est moins lourd car l'humain est toujours là, sur la scène, dans la salle, puis dans le hall quand nous nous regardons en sortant, et dans la rue Blanche quand nous rentrons, contents d’échanger avant de nous séparer sur ce qui nous a rassemblés pendant une heure salle Claude Domenech.

C'était une belle après-midi.


Représentation de la pièce en décembre 2019 à Coye-la-forêt :
http://coye29.com/blogs/blog2.php/2019/12/05/stabat-mater-furiosa

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C’est Pâques !

Posted by Olivier Manceron on 23 Avr 2025 in Tribunes Libres
C’est Pâques !

Il pleut à la fenêtre. De sombres averses abreuvent la terre entre les embellies d’un printemps prometteur. Les arbres se couvrent de tendresses luisantes. La moindre feuille flatte notre archaïque gourmandise d’herbivore, jusque-là bien cachée au profond des génomes. Une sève du fond des âges pousse dans la moindre parcelle de vie. Nos âmes sont en bourgeons. C’est délicieusement Pâques. On se grise aux serments bariolés des corolles et aux senteurs folles des pistils énamourés. J’adore les rituels. Leurs joyeux carillons déchirent le silence des pendules. Ils suspendent un instant l’implacable balancement des horloges du temps. Pâques, c’est la revanche sur la mort. La nature espiègle ressuscite en débordements adolescents. L’érotisme est vert. La luxure est luxuriante dans chaque floraison foisonnante de cerisiers roses et de pommiers blancs. Ou l’inverse ! On ne sait plus à quel sein se vouer, tout embués encore des appétits goulus du bébé grassouillet qui faisait tant plaisir à maman. Chacune rêve d’un chacun et chacun rêve d’une chacune. Les oreillers se plaignent. La vie est si belle qu’il est impossible de l’imaginer autrement que facile. Le regard doit rester braqué sur les promesses de l’aurore aux doigts de rose pour se remémorer nos vertes années. Aussi il faut se boucher les oreilles, se coller les paupières, s’écraser la bouche pour préserver la béatitude sacrée de Pâques. Un instant, s’il vous plaît, n’écoutons plus les sanglots que laissent sourdre les écrans médiatiques. Suspendons l’appel lancinant des souffrances de nos sœurs et de nos frères qui sombrent dans le sang et la sauvagerie des guerres. Accrochons-nous aux garde-fous des chants d’oiseaux, des bourdonnements d’abeilles, des buées du matin sur les prés, des sous-bois violets de jacinthes sauvages et des doux balancements des pampres des glycines et de ceux des lilas, s’ils ne sont pas encore coupés. Indispensable suspension de l’esprit. Au filet clair des fontaines, étanchons nos soifs de vérités premières. Ne serait-ce que par respect pour celles et ceux qui n’ont plus la chance de pouvoir le faire. Pâques se doit d’être une saine parenthèse. Faisons un plongeon dans le nectar existentiel qui nous élabore : ce mélange de ravissement devant le renouveau et de brouillard de mémoires d’enfants ébahis. Pâques, le printemps ! Dans chaque tige, des promesses d’avenir et dans chaque fleur, des rêves d’antan.

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Violences faites aux femmes et handicap (conférence)

Posted by Claude Lebret on 17 Avr 2025 in publications, communication
Violences faites aux femmes et handicap (conférence)

Violences faites aux femmes et handicap :
conférence du 22 avril 2025 à 17h sur Coye la forêt
L’APAJH * Oise, et le syndicat CFE CGC Oise organisent une manifestation placée sous le parrainage, Jean –Marie Caillaud, Préfet de l’Oise et de Nadège Lefebvre, Présidente du Conseil Départemental de l’Oise sur le thème « VIOLENCES FAITES AUX FEMMES et HANDICAP », le mardi 22 avril 2025 à 17h dans la salle Claude Domenech au centre culturel de Coye la forêt.
Déroulement :
- Après les discours des organisateurs, projection du court métrage « violences du silence » de l’association « Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir».
- Table ronde, animée par Olivier Manceron, Trésorier de FDFA avec Cyril Boile, Directeur de France Victimes Oise, Christelle Bronchart, Déléguée Départementale aux Droits des Femmes et à l’égalité, Nicole Colin, Vice-Présidente du Conseil Départemental de l’Oise, Chargée des personnes âgées et des personnes handicapées, Bernard Marc, Médecin Légiste au CH de Compiègne et Chantal Rialin, Présidente de FDFA, Marie Troussard, Magistrate en charge des violences faites aux femmes au sein de la MIPROF,
- Présentation du projet d’accueil pour femmes handicapées, victimes de violences
- Echanges avec la salle.
Après la conclusion par Claude Dulamon, Sous-Préfet de Senlis, cette conférence se terminera par un Cocktail

Cette manifestation ne concerne qu'un public d'adultes car les témoignages du court métrage "violences du silences" de l’association FDFA, lus, entre autres, par Anne HIDALGO et Roselyne BACHELOT peuvent heurter.
Pour plus d'information, le public peut, également, voir, avant la manifestation, l'émission de télévision Infra Rouge « Légiste, aux cotés des vivants » de FRANCE 2 diffusée le 26 février dernier dans laquelle le Docteur Bernard MARC intervient.

*L’Association Pour Adultes et Jeunes Handicapés (APAJH) est une fédération laïque, tout handicap, militante, gestionnaire. Présente dans 93 départements, avec ses associations locales, elle s’engage, depuis 1962, pour faire vivre son éthique et ses valeurs : les principes républicains : Liberté, Egalité, Fraternité ; la laïcité ; la citoyenneté et la solidarité nationale. Le comité de l’Oise a été créé en 1966.
Contacts : Hélène Dammery : dammery.helene@gmail.com; Gilles Cotel : cotel.gilles@libertysurf.fr; Slim Zenati : slim.zenati@hotmail.fr

Violences faites aux femmes et handicap (conférence)

 

 

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Le Vain Mars

Posted by Olivier Manceron on 24 Mar 2025 in Tribunes Libres
Le Vain Mars

Les giboulées, les derniers froids, les premières fleurs, les chants d’oiseaux, le joli mois de Mars est-il là ? Non, il s’agit de Mars, l’archaïque dieu de la guerre au casque d’airain. Les hommes rentrent la tête dans les épaules. Les battements lourds des tambours de guerre vibrent dans les écrans médiatiques. Si un avion passe la colline, le promeneur cherche des yeux un abri. Les hommes se raidissent. Au bord de l’abîme de la catastrophe climatique, l’humanité décide un « grand bond en avant » ! Enfin, ces messieurs vont comprendre les raisons des injonctions éducatives à la violence dans lesquelles ils baignent depuis l’enfance. Ils ont appris l’usage intensif de la domination, du défi ombrageux à l’abus de pouvoir. Il savent tout faire, les brutalités dans la cour de récré, les conduites à risque, les addictions, les pugilats et autres bourre-pifs, jusqu’aux les po-gos des concerts et les hakkas du stade. Si tu es un homme mon fils, tu dois défendre la société jusqu’à la sauvagerie. Mais tu dois toujours rester le gentil garçon de ta maman. Comment être les deux ? Perdus, ils se vengent sur leurs sœurs, leurs femmes, leurs filles, leurs mères et leurs grands-mères : les injures à l’école, les harcèlements au collège, les inégalités de ressources pour qu’on puisse les acheter quand on veut, les dragues cool=agressions sexuelles, les viols vite bâclés qu’elles aiment tant, les féminicides rebaptisés crimes passionnels sans en parler trop fort parce que sinon les féministes nous prennent la tête. « Si on ne peut même plus draguer, alors ! » Dans notre culture d’hommes, quand même, cela a un prix. Bon nombre de messieurs devront mourir dans la puanteur de fosse septique des corps hachés par les canons. Pendant 70 ans, en France, ils ont oublié la facture, sauf un peu dans les dernières colonies de la République, genre l’Algérie, mais c’était pas chez nous. Alors quand les femmes disaient que ce n’était pas juste avec leur MeToo et qu’elles leur intimaient d’appliquer leurs beaux idéaux égalitaires, universels et démocratiques au 51% féminin du peuple français, ils baissaient le nez. Certains commençaient à avoir honte et à se sentir ridicules à chanter bourrés sur leur tas de fumier. Mais voilà le printemps, le temps des fleurs et des amants, qu’on écrase sous des promesses de mort, d’horreur et de sang. Alors, les hommes ont peur mais ils se redressent et toisent les femmes : maintenant avec la guerre, ils ont bien le droit.

Le Vain Mars
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Rêvons !

Posted by Olivier Manceron on 25 Fév 2025 in Tribunes Libres
Rêvons !

Cela avait commencé comme dans un rêve. Derrière son haut portail, sommeillait un domaine dont les arbres centenaires gardaient l’entrée. Entre village et forêt, le Domaine des Trois Châteaux enfermait ses secrets dans les plis de vieilles histoires. Effectivement, il y avait trois grands châteaux construits par une riche famille pour le maître et ses fils. Et puis après les guerres, la misère des enfants abandonnés y a trouvé abri et plein de rêves d’avenir pour un monde de générosité. Et puis, les services sociaux ont vu fondre leurs moyens, sous les pluies acides du monde des profits. Après quelques tentatives pour mettre à couvert les plus défavorisés des rues de Paris, le Domaine des Trois Châteaux s’est refermé sur lui-même, comme ces châteaux des contes de fées, clos dans des ronciers inextricables. Son ancien directeur, affligé d’un tel échec, a rêvé d’y faire revivre la joie, la bienveillance et la résilience contre les souffrances humaines. Une crèche, un institut pour enfants autistes, une école hôtelière, une auberge pour éco-cyclistes, un institut de recherche sur le bois, une pépinière d’entreprises, un café solidaire, des espaces pour des écoles de théâtre, de musique, un bâtiment « inclusif » pour les gens âgés, ou handicapés, ou seulement à la recherche de petits loyers, et enfin un centre de protection et de soins pour les femmes handicapées victimes de violences. Des gens du coin ont formé autour de lui une petite équipe pour rêver ensemble. Mais alors, un terrible champignon du bois s’est mis à dévorer charpentes et planchers, tels des gâteaux livrés à son insatiable gourmandise. Néanmoins, grâce à la générosité du maire et de son village, le rêve a survécu. Ils ont offert le terrain des Ronciers, en haut du village. Et là, dans le soleil et le printemps qui allume les fleurs des buissons, des associations de lutte contre l’ostracisme où croupissent les victimes blessées de notre société, les murs d’un centre de sécurité et de soins et d’un beau bâtiment d’habitation solidaire vont sortir de terre. Grâce à ceux et celles qui savent encore rêver ensemble, grâce à la générosité d’un village et de son maire, grâce à l’énergie de la petite équipe de vieux fous cristallisée autour de l’ancien directeur du Domaine des Trois Châteaux, grâce aux associations de combat contre la misère humaine, grâce aux services publics et à leurs administrations, pleines de ces fonctionnaires de l’État français qui vivent de l’argent de vos impôts, si difficilement extrait de vos difficultés quotidiennes, le rêve continue. A Coye-La-Forêt, au Sud de l’Oise, on continue à croire dans cette société nouvelle, celle dont on parlait quand on avait le Covid, une société où les gens forts sont ceux qui protègent les plus faibles, une société généreuse, capable d’élever des enfants.

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Le Père Fouettard a pris le pouvoir

Posted by Olivier Manceron on 26 Jan 2025 in Tribunes Libres
Le Père Fouettard a pris le pouvoir

Nous n’en parlerons pas. Nous éviterons délicatement les sujets qui fâchent. Pourquoi se flageller ? Pourquoi se faire du mal bêtement en ressassant les mêmes images de misérables virils, de vieux gros ridicules qui font les unes de tous les journaux et les dix mille gros titres des chaînes d’info en continu ? Tentons de regarder ailleurs. Suivons le trajet filant du dernier pigeon du soir. Repaissons-nous les yeux de cette couleur d’or que le soleil fait quand il meurt. Profitons des forêts d’hiver qui laissent nos regards filer entre leurs troncs violets pour entrevoir les toisons vert fluo des mousses qui poussent entre les feuillées. Tentons de nous réjouir des enfants joyeux et fatigués qui rentrent en pépiant de l’école. Restons sous le charme des jeunes filles en fleur, vêtues de laine et de fourrures, telles des Anna Karénine dystopiques, qui auraient trouvé par hasard un portable pour se boucher les oreilles et leur offrir cette élégante indifférence devant les vieux imbéciles baveux qui les concupiscent. Attention ! On a dit non ! On ne regarde que ce qui est beau, apaisant, et chaud comme une flambée dans la cheminée, et doux comme la chatte tricolore qui s’est couchée en ronronnant sur nos genoux. Alors le monde redevient vivant, enfin vivable, avec ces enfantines envies d’émerveillements de première fois. Souvenez-vous de la première fois que la graine plantée au printemps a fait une fleur en été. Et de cette première fois qu’on a vu la mer se jouer du soleil ? Rappelez-vous la première fois qu’on a vu la neige. Quel talent magique a-t-elle d’adoucir les images immaculées du monde ! Et aussi quand cette paix blanche étouffe les bruits du monde ! Mais alors, combien est-elle froide si ce monde t’a jeté dehors ? Si perdu sous les larmes, le monde s’écartèle dans le fracas incompréhensible des armes ? Stop ! On arrête ! On avait dit qu’on tiendrait le coup, que ni la bêtise des tyrans élus par des peuples stupides, ni le bruit des bottes sur le pavé, ni des chenilles des chars sur les routes du malheur, ni les déflagrations des bombes qui font que les enfants ne savent plus comment s’arrêter de trembler ne viendraient nous plomber le moral. J’aurais tant préféré en rire, en faire des bonnes blagues, de jolis mots d’humour, bien caustiques, contre ces sacs à fric, ces mannequins d’étoupe, ces hommes de paille, ces sales épouvantails à effrayer les gens. Pardon. Je n’aurais pas dû. J’ai craqué. Ne m’en veuillez pas trop, tout le monde peut se trumper.

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Cinquante nuances de bleus

Posted by Jacqueline et Patrick on 10 Jan 2025 in Tribunes Libres
Cinquante nuances de bleus

C'est l'histoire d'une passion, l'histoire d'un noir désir qui jeta Marine dans les bras de Florian. Elle fit sa connaissance au BlueNote, un club de jazz, quelque part sur la rive droite. Un siècle plus tôt, peut-être se seraient-ils rencontrés au Chat Noir, non loin de la place du Tertre à Montmartre où les peintres portent sur la toile les lumières du jour, depuis l'azur pâle des petits matins jusqu'au rouge sang du soleil qui se couche. Plus que la peinture, c'est la musique qui les unissait, la musique aussi est colorée.

Dès le premier regard Florian se noya dans les yeux clairs de Marine. Dès le premier regard Marine se perdit dans les yeux sombres de Florian. Tu es à moi. Je suis à toi. Dès lors ils partirent ensemble à la dérive, oublieux du monde alentour, comme claquemurés, jalousement serrés, dans la bulle irisée de leur passion.

Ô mon amour !

Avec toi, toujours. Se sont-ils rêvés s'en allant marcher sur le sable blond au bord des mers turquoise, se lançant à la poursuite du rayon vert, ou bien filant vers le nord dans la magie des aurores boréales ? Ils visiteraient tous les horizons du monde, pourvu qu'ils soient ensemble. Toute à lui, rien qu'à elle.

Mais jour après jour, de promesses non tenues en illusions perdues, la grisaille du quotidien subrepticement se répandit sur le rose des serments et le poison de la jalousie s'insinua dans le gris de leur vie. Leur chemin fut bientôt jonché de fleurs flétries.

Pour ne pas les voir, ils alignaient au rasoir la neige poudreuse que l'on respire à pleins poumons. Rêvaient-ils encore, voguaient-ils dans les couleurs miroitantes de leurs égarements hallucinés, tandis que l'enseigne au néon de l'hôtel, mécanique, indifférente, alternait sans état d'âme ses lumières jaunes, vertes, blanches ?

Comment et pourquoi l'azuréen a-t-il mal tourné au rouge de la rage, au violet de la violence ? Pourra-t-on jamais savoir ?

Le coup de foudre fit place à l'orage, les éclats de voix zébraient le silence de la nuit et les coups tonnaient sur la peau blanche et délicate.

Ô mon cœur !

Tu es ma douleur. L'indigo peu à peu maquillait les paupières. Et le pourpre aux pommettes. À ne plus pouvoir se regarder dans le miroir.

En une valse multicolore, les lumières clignotantes de l'enseigne au néon alternaient avec l'orange tournoyant des gyrophares : dans la lueur opaline d'un petit matin blême, les pompiers vinrent ramasser le corps d'une poupée disloquée, à la chair chamarrée de cinquante nuances de bleus.

C'était il y a vingt ans, c'était hier, c'est aujourd'hui. Les journaux à sensation titreront sans doute : "Dramatique accident" – "Une dispute amoureuse dégénère" et encore : "Fatale attraction" – "Tragédie romantique" – "Drame de la passion".

Ou simplement : "Effroyable fait divers".

Ce n'était rien d'autre que l'histoire d'un féminicide, le quatre-vingt-douzième de cette année-là.

Un fait divers ? Vraiment ?

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Chasse indigne

Posted by Lilian on 08 Jan 2025 in Tribunes Libres
Chasse indigne

Lors d'un départ de promenade dans la forêt d'Ermenonville mardi 26 novembre, voici ce que j'ai trouvé dès les premiers pas vers la forêt. Je sais qu'il existe des poubelles pour déposer des restes d'animaux et plus spécialement les entrailles lorsqu'elles ne sont pas mangées par les chiens mais là, on peut apercevoir un mélange de viscères et de parties d'animaux comme un arrière-train de biche ou sanglier ? Une tête de jeune chevreuil nettement coupée (pas très visible sur la photo), des pattes, des sabots.
Mais le plus choquant c'est ce qui se cache derrière ces photos : un manque total de respect pour les animaux traqués, tués et jetés comme des déchets. Ils n'étaient, ne sont pas des déchets. Ce sont des êtres vivants qui ont des sentiments, une famille, des habitudes et la chasse vient perturber pratiquement tous les jours ce qui pourrait être une vie paisible.
Chasse indigneCertains diront que les raisons sont bonnes pour les chasser. Oui, il faut réguler pour éviter la consanguinité, oui il faut protéger les arbres car ils sont la raison d'être de la biodiversité. Certes, mais pourquoi tuer plus que nécessaire ? la chasse en fonction des sorties des différents équipages, de la chasse à courre, et en ajoutant le piégeage et le braconnage est quasiment quotidienne. Ces créatures des bois vivent un temps de guerre permanent. Les battues peuvent survenir à n'importe quelle période de l'année. Il suffit qu'un ordre soit donné pour limiter le nombre d'animaux ou pour éradiquer les indésirables, les nuisibles. Et ils finissent dans une poubelle avec une canette de soda !

Chasse indigne
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Bourse aux jouets

Posted by Claude Lebret on 07 Jan 2025 in Enfance, jeunesse inter génération, Vie des Associations
Bourse aux jouets

L’association « De Coye Jouet » organisait une bourse aux jouets du 17 au 25 novembre.

Pendant une quinzaine d’années, Geneviève LEFÈVRE proposait une bourse aux jouets sur Coye-la -forêt. L’activité grandissante a favorisé la création d’une association en 2018. C’est ainsi qu’est née « De Coye Jouet ».
Le succès a été, de nouveau, au rendez-vous pour cette nouvelle édition qui s’est déroulée dans les locaux du centre culturel du dimanche 17 au lundi 25 novembre. Le nombre d’exposants (78 contre 76 en 2023) comme le public, ont participé à la réussite de cet événement. Les jouets devaient être en état de marche et essayés le jour du dépôt par les bénévoles.
Ainsi, une trentaine de bénévoles comme Brigitte BERNADAC, Trésorière de l’association, Marie-Françoise BLOCH, Vice-Présidente, Monique BON, Secrétaire, ou encore Monique et Philippe VERNIER, Président, ont donné de leur temps pour que les jouets puissent partir vers de nouvelles mains.
L’objectif est de permettre au plus grand nombre d’acheter à petit prix pour le plaisir des enfants à Noël et de donner une nouvelle vie aux jouets. Les acheteurs viennent de Coye-la-Forêt et des alentours : Lamorlaye, Gouvieux, La Chapelle-en-Serval…
Il faut signaler que le quart de la recette est allé à l’association caritative partenaire qu’est le Secours Catholique qui permet aux plus démunis d’acheter des vêtements, trouver de l’aide pour le logement ou encore de faciliter le lien social en participant à un café solidaire organisé sur Chantilly.

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