Ecoles : la parole aux directrices
Un mois après une rentrée sans heurts notables et l’instauration de la semaine de quatre jours, les directrices de nos trois écoles affichent leur sérénité face au nouveau rythme scolaire et l’aide individualisée, abordent l’organisation de l’activité piscine, l’étude dirigée, mais déplorent le manque de moyens pour l’enseignement des langues vivantes et l’entretien des locaux. Rencontre.
Bilan de la rentrée
Ensemble pour Coye : La rentrée s’est-elle bien passée ?
Mme Kerbois (directrice de l’école maternelle des Bruyères) : Le jour de la pré-rentrée a été un peu difficile à l’école maternelle des Bruyères, car sur cinq instituteurs je n’en avais que trois. Les autres ont été nommés le jour de la rentrée. Actuellement quatre de nos enseignantes débutent dans le métier, avec motivation et élan. Il m’appartient de les soutenir, en tant que directrice, dans leurs débuts, d’autant qu’elles viennent de Beauvais chaque matin. Elles ont été nommées pour cette année, à titre provisoire.
Nous accueillons un enfant avec handicap et nous n’avons pas d’auxiliaire de vie scolaire pour l’accompagner. J’espère être aidée bientôt par un « Contrat Avenir », c'est-à-dire une personne qui est employée pour faire de l’aide à la direction, qui sera présente 35 h par semaine dans l’école et que l’on doit aussi former.
EPC : Qu’en est-il des effectifs ?
Mme K. : Nos effectifs diminuent. Nous avons 116 élèves cette année sur cinq classes, au lieu de 121 l’an passé. J’accueille 12 tout-petits cette année mais Madame l’inspectrice a bien dit qu’ils ne seraient pas comptabilisés l’an prochain. Nous envisageons une fermeture de classe.
EPC: Seriez-vous favorable à la scolarisation avant 3 ans pour éviter une fermeture de classe ?
Mme K. : Tout dépend de l’enfant. Certains sont prêts, d’autres non. Et tout dépend de quelle scolarisation il s’agit. Si c’est un enfant qu’on accueille le matin, qui va ensuite à la cantine, puis au périscolaire, c’est une très longue journée pour un enfant de trois ans.
Mme Frétière (directrice de l’école des Bruyères): Notre équipe était au complet à la rentrée. Mais la personne qui travaille sur mon mi-temps a été nommée le jour même de la rentrée. L’effectif est aussi en diminution. Nous avons 139 élèves. L’an prochain nous aurons une moyenne de 22,16 élèves par classe. Aucune fermeture n’est prévue l’an prochain. Dans quelques années nous subirons bien sûr les conséquences de la diminution d’effectifs en maternelle.
Mme Uzan (directrice de l’école du Centre): La rentrée s’est déroulée sans problème. Notre effectif d’enseignants était au complet.
Nous avons 150 élèves au lieu de 153 l’an passé.
Ne serait-il pas mieux que l’on envisage de regrouper tous les élèves de maternelle aux Bruyères ? Les locaux sont bien plus adaptés. Avec une classe de moins Mme Kerbois risque de perdre sa décharge.
Il faut que nous discutions ensemble de cette organisation.
Mme Frétière et Mme Kerbois partagent cet avis : L’enseignante qui a la classe maternelle au centre est très volontaire pour venir à la maternelle des Bruyères.
Mme U. : Nous travaillons à Coye-la-Forêt dans des conditions « rêvées » avec les enfants. Des améliorations sont à faire au niveau matériel, notamment pour l’enseignement de l’anglais. Nous n’avons aucun intervenant extérieur. Un mini-laboratoire de langue serait nécessaire, une unité centrale dotée de 8 écouteurs, pour que les enfants bénéficient de l’écoute d’un très bon accent. Les professeurs en exercice actuellement ne peuvent tous leur apporter cela puisqu’ils n’ont pas été formés pour cet enseignement.
Par ailleurs nous avons besoin d’un support écrit, une méthode qui suive la progression des élèves du CE2 jusqu’au CM2, un livre, des cahiers d’exercices, des cassettes. Les cours d’anglais ont lieu deux fois par semaine pendant ¾ heure.
Mme F. : Nous avons deux professeurs des écoles habilitées à enseigner l’anglais puisque ce sont des jeunes qui viennent de sortir de l’IUFM. Mais elles interviennent dans leur propre classe. Chacun fait anglais dans sa classe, c’est pour cela que l’on veut s’équiper d’une méthode, ce qui implique des supports pour les enfants, des livres, des cédéroms pour répéter, et puis savoir exactement ce que l’on doit faire à chaque niveau, qu’il y ait une progression du CP au CM2. Les grands ont commencé l’anglais depuis le CE2, donc les enseignantes qui ont assisté aux cours d’anglais ont pris la relève, mais chez les petits nous commencerons à la Toussaint.
Mise en place du soutien
EPC : Comment le soutien prévu par le ministre de l’Education Nationale est-il organisé ?
Mme F. : Comme les samedis ne sont plus travaillés, nous avons 108 h à répartir (48h de réunions et 60 h face aux enfants). Le soutien a lieu deux fois par semaine après la récréation de fin de journée pendant 3/4heure le mardi et le jeudi aux Bruyères, le lundi et le vendredi pour l’école du centre.
EPC : Combien d’élèves est-ce que cela concerne ?
Mme F. : Nous avons fait des évaluations au mois de septembre. Nous en avons entre 3 et 4 par groupe. Pour l’instant le soutien ne concerne que très peu d’élèves
EPC: Est-ce que vous pensez que cela va améliorer les résultats ?
Mme F. : C’est certain. Pour les enfants en difficulté ce sera une aide pour les faire progresser.
Mme U. : Je nuance. Ce sera bien pour des enfants qui ont des difficultés ponctuelles.
Puisque le samedi a été libéré, il fallait bien occuper les enseignants pendant ces deux heures. C’est pour cela que le soutien a été institué. L’an passé j’ai fait du soutien avec 6 ou 7 élèves de CM2 pendant 4 semaines deux soirs par semaine. J’ai arrêté quand la notion a été comprise. Mais ce n’était pas des enfants en difficulté scolaire Pourquoi instituer cela de façon systématique au niveau national ?
Ces heures de soutien ne s’adressent pas aux élèves en grande difficulté qui, eux, relèvent du RASED, un réseau d’aide mis en place par l’Education nationale qui fait appel aux compétences d’un psychologue et d’enseignants spécialisés en pédagogie et en psychomotricité. Ces aides interviennent pendant les heures de cours et ne s’adressent qu’aux élèves de CP, CE1 et CE2. Les moyens manquent pour que le cycle 3 puisse en bénéficier.
EPC: Qu’est-ce qu’il advient alors des élèves du cycle 3 en grande difficulté ?
Mme F. : Nous les prendrons alors en soutien, puisque le réseau ne pourra pas les prendre et nous ferons en sorte que les difficultés s’amenuisent.
EPC: Globalement vous êtes satisfaites du nouvel aménagement ?
Mme F. : Je pense que pour certains enfants c’est nécessaire. Mais les contraintes sont importantes. Le samedi matin était jusque là consacré à une remise à jour, une révision de ce qui n’avait pas été compris, favorisait les rencontres avec les parents. Maintenant ce samedi matin libéré satisfait les familles. Mais la difficulté réside pour les enseignants dans la manière d’organiser ces heures libérées du samedi.
Mme U. : Je pense que les mesures ont été prises à l’envers. Il y a eu la décision de libérer les enfants le samedi matin, et après on s’est dit : il faut bien occuper les enseignants !
La mairie doit aussi s’organiser pour qu’un accompagnateur soit chargé de conduire les élèves qui sont restés en soutien dans chaque école jusqu’au périscolaire. Il en sera de même pour l’association APEIC qui organise l’étude. Un parent viendra chercher les enfants à 17h30 pour les conduire à l’étude où ils resteront jusqu’à 18h30.
Cela fait de longues journées pour les enfants qui, après l’école, doivent aller en soutien puis en étude.
Mme K. : S’il y a soutien en maternelle ce ne peut être que sous la forme d’une activité ludique, autour du goûter par exemple. Il faut adapter ces heures-là aux enfants. Sinon, les instituteurs de maternelle peuvent aller faire du soutien en primaire.
EPC: Y a-t-il d’autres points que vous souhaiteriez aborder ?
Mme U. : Oui, l’étude et la piscine, ainsi que l’entretien des locaux.
L’étude dirigée
Mme U. aimerait que l’étude soit gérée par la municipalité et non par une association. Il y a un tel manque qu’il n’est pas normal qu’une association doive combler ce manque. Elle doit être un service public comme l’école pour que cela soit cohérent. Ce n’est pas normal qu’une association prenne le rôle de la commune. Si elle l’a pris c’est parce que la commune ne le faisait pas.
« Cela m’ennuie que des personnes étrangères à la commune et à l’école entrent dans mon école »
Pour rendre service elle a accepté que l’étude ait lieu dans les classes – le préau était vraiment inconfortable - mais regrette que la salle de classe, là où les élèves ont leurs casiers et leurs affaires personnelles, soit investie par d’autres enfants. D’ailleurs aucune signature de contrat n’a été faite entre l’école et l’association qui organise l’étude cette année.
Mme F. explique que c’est pour cette raison qu’elle a refusé que l’étude ait lieu dans l’école. L’étude est donc organisée dans les locaux préfabriqués de l’école maternelle.
« Si l’on refuse que l’étude ait lieu dans nos classes et que les parents souhaitent une étude, la mairie est obligée de réagir. »
L’entretien des locaux
Mme K. : L’école maternelle est délabrée. Les peintures, les sols sont à refaire.
Mme F. : Deux classes ont été refaites, deux autres il y a deux ans. Cet été un petit bout de couloir a été peint. Il reste deux classes à repeindre, la cage d’escalier, le préau, ainsi que le local de repos des enseignants. Pour le préau, on peut envisager un projet de fresque murale avec les enfants, mais il faut que les murs aient été préparés. Des films ont été mis aux fenêtres pour protéger du soleil. Il reste deux classes à équiper.
Mme U. : Il faudrait prévoir un roulement dans les réfections de peinture, que les salles soient régulièrement lessivées après avoir été repeintes. Il manque des filtres solaires en haut. Le préau a été repeint mais l’opération est à refaire sans doute à cause de la mauvaise qualité de la prestation, de la préparation du sol
L’activité piscine
Mme U. : L’école du centre n’est pas contre la piscine si le but de cette activité est d’apprendre à nager aux enfants. Se familiariser avec l’eau en GS, CP, en 10 séances. Puis apprendre à nager en CE1 avec une piqûre de rappel en CM2.
Et surtout nous voudrions que cette activité se déroule dans de bonnes conditions. Or on nous impose un rythme très rapide avec les enfants. La piscine occupe presque deux heures de notre temps pour à peine 30 minutes dans l’eau. Il faut toujours se dépêcher ! Par ailleurs, trois classes sont réunies dans le bassin au même moment. Nous sommes pour la piscine bien sûr, mais nous demandons qu’il n’y ait que deux classes dans le bassin et que les séances pour CP soient limitées à 10. Un apprentissage sur trois ans serait suffisant si l’on commence en CP. Il ne serait pas indispensable d’y envoyer les grands.
Mme F. est satisfaite : nous avons de la chance, il n’y a pour notre école que deux classes présentes ensemble dans le bassin. Je pense que cette activité est très utile pour les enfants qui n’ont pas l’occasion d’aller dans l’eau et qui sont effrayés. J’ai vu les progrès d’une petite fille qui a pu, après quelques semaines, se sentir vraiment détendue dans l’eau. Mais il est dommage que cette activité se fasse dans l’urgence. La piscine est très utile pour les petits, moins ensuite.
Mme U. : Nous disposons de 108 h de sport par an. La piscine occupe 45 h compte tenu des trajets, du temps d’habillage, de déshabillage, etc.
Mme F. : Avec le temps réservé à la piscine nous avons occulté une heure de sport par semaine, soit 20 séances de gym.
Mme U. : Il faudrait enlever dix séances de piscine par classe. Le professeur de sport pourrait accompagner les enfants à la piscine, mais compte tenu du planning il est impossible qu’il le fasse.
Sorties scolaires
EPC: avez-vous des projets de sorties scolaires pour cette année ?
Mme F. et Mme U. : Nous ne pouvons pas déjà annoncer les sorties, mais nous avons un projet commun de voyage : les institutions européennes. Si la municipalité accepte le budget, nous partirons ensemble avec nos deux CM2 des Bruyères et du Centre à Strasbourg, Bruxelles et Luxembourg.
Sur cette ouverture vers l’Europe, nous remercions les directrices d’écoles qui nous ont accueillis avec cordialité et donné de leur temps autour d’un café dans leur salle des maîtres.
Cet entretien est extrêmement plaisant à lire car les directrices parlent de leur métier avec beaucoup de passion.