Quand Lucy se démasque…
Entretien avec Lucy Samsoën
Après « La Flûte enchantée », mardi soir, Lucy nous arrive dans le hall du Centre, le bas du visage encore fardé de blanc.
- Lucy ! Mais où étais-tu cachée dans La Flûte ? Je te cherchais partout.
- Je faisais le vent, j’étais le lion, un esclave, une marionnette et …un morceau du dragon ! Aux percussions, je faisais le bruitage.
- Lucy ! Mais où étais-tu cachée dans La Flûte ? Je te cherchais partout.
- Je faisais le vent, j’étais le lion, un esclave, une marionnette et …un morceau du dragon ! Aux percussions, je faisais le bruitage.
Les Coyens, qui la connaissent bien pour l’avoir vue jouer au Festival pendant plusieurs années dans la troupe de Claude Domenech, sont heureux de la retrouver, d’abord avec le Théâtre de La Lucarne dans « Voyage autour de ma marmite », puis avec la troupe Comédiens et Compagnie dans « La Flûte enchantée ».
Le théâtre et Lucy, c’est une longue histoire qu’elle a commencé à écrire dans son enfance à Coye-la-forêt.
- Mes premiers pas, je les ai faits à sept ans avec l’école de théâtre de La Lucarne. Et ma première représentation a été « 1789 » où Claude Domenech m’a confié un rôle. C’était un spectacle monté à l’occasion du bicentenaire de la Révolution à partir des recherches de Maurice Delaigue sur les familles de Coye-la-forêt pendant cette période. Nous avons fait une tournée et joué la pièce cinq ou six fois dans la région. De là est né mon goût pour cette vie de saltimbanque. Tu sais d’où vient le mot « saltimbanque » ?
- Mes premiers pas, je les ai faits à sept ans avec l’école de théâtre de La Lucarne. Et ma première représentation a été « 1789 » où Claude Domenech m’a confié un rôle. C’était un spectacle monté à l’occasion du bicentenaire de la Révolution à partir des recherches de Maurice Delaigue sur les familles de Coye-la-forêt pendant cette période. Nous avons fait une tournée et joué la pièce cinq ou six fois dans la région. De là est né mon goût pour cette vie de saltimbanque. Tu sais d’où vient le mot « saltimbanque » ?
Coye29 : Oui, du verbe sauter ?
L.S. Le mot nous vient de la Commedia dell’arte, il désigne celui qui saute sur les bancs….pour réveiller les spectateurs! C’est d’ailleurs ce qu’a fait Papageno dans le spectacle tout à l’heure.
Coye29 : De la Lucarne à la Commedia, aux troupes professionnelles, comment as-tu franchi le pas ?
- L.S. : Claude m’a confié des rôles dans les pièces qu’il montait pour le Festival, et mon goût pour le théâtre ne m’a pas quittée. Après le bac, j’ai décidé de suivre deux cursus : une classe de préparation aux études de psychomotricité, dans l’intention de devenir orthophoniste, et des études théâtrales à l’Université Paris VIII. Mais au bout de trois mois, le metteur en scène de la fac m’a proposé un rôle dans un spectacle pour enfants qu’il écrivait et d’intégrer sa compagnie, le Théâtre des Beaux Songes. Il fallait faire un choix, l’orthophonie ou le théâtre. J’ai choisi. En trois mois, j’ai obtenu le statut d’intermittent du spectacle en jouant quatre fois par jour dans le « Château de la sorcière », sous la direction de Gilles Denain.
Bien sûr, j’ai continué mes apprentissages et je me suis inscrite au Conservatoire du 7° arrondissement, avec M. Berlioux comme professeur d’interprétation dans la même promotion que Marilou Berry et Marius Colucci. J’ai joué au Théâtre Marigny et obtenu un prix d’excellence deux années consécutives avec des spectacles autour de Victor Hugo et Goldoni.
J’ai intégré ensuite l’Ecole Supérieure d’Art Dramatique de Paris et, parallèlement, comme j’étais devenue amie avec Marilou Balasko, sa mère m’a proposé un rôle en 2004 dans son film « L’ex-femme de ma vie » avec Thierry Lhermitte, Karin Viard et Nadia Farès. J’ai notamment assuré les répétitions des scènes avec les acteurs, en prenant momentanément le rôle de Josiane Balasko quand elle faisait la mise en scène. Puis… Karin Viard a parlé de moi à Christian Vincent qui m’a donné le rôle d’une baby-sitter pour son film « Les enfants » avec Gérard Lanvin. C’est ainsi que les projets s’enchaînent.
J’ai intégré ensuite l’Ecole Supérieure d’Art Dramatique de Paris et, parallèlement, comme j’étais devenue amie avec Marilou Balasko, sa mère m’a proposé un rôle en 2004 dans son film « L’ex-femme de ma vie » avec Thierry Lhermitte, Karin Viard et Nadia Farès. J’ai notamment assuré les répétitions des scènes avec les acteurs, en prenant momentanément le rôle de Josiane Balasko quand elle faisait la mise en scène. Puis… Karin Viard a parlé de moi à Christian Vincent qui m’a donné le rôle d’une baby-sitter pour son film « Les enfants » avec Gérard Lanvin. C’est ainsi que les projets s’enchaînent.
Coye29 : Tu t’orientais donc résolument vers le cinéma ?
L.S. : C’est le hasard des rencontres, des propositions, des opportunités… J’ai eu l’idée d’envoyer ma candidature à L’ADAMI, qui protège les droits des interprètes et organise chaque année une manifestation pour promouvoir les jeunes artistes. J’ai eu la chance d’être retenue et de tourner pour Thierry Binisti dans le film « Têtes de gondole », un film choral composé de plusieurs couts-métrages, qui a été présenté au Festival de Cannes en 2005 dans le cadre de « Talents Cannes ».
Coye29 : Par quel chemin es-tu ensuite revenue au théâtre ?
L.S. : Je ne l’ai jamais quitté. Entre les tournages, je continuais mes cours à l’ESAD, l’école d’art dramatique, mais un jour son directeur, Jean-Claude Cotillard, le père de Marion Cotillard, m’a demandé de faire un choix. Encore un choix ! : L’école ou mes projets personnels. J’ai choisi de quitter l’école et j’ai continué à travailler pour le Théâtre des Beaux Songes.
Le tournant décisif, je l’ai pris en 2004 au Festival de Coye-la-forêt quand j’ai vu « La Princesse d’Elide », de Molière, montée par Jean-Hervé Appéré. La Commedia dell’arte m’a retourné le cerveau ! Aussitôt j’ai voulu suivre les cours que donnait Jean-Hervé à Montreuil, mais il y avait beaucoup de dilettantes dans ces cours ! Je voulais approfondir et j’ai cherché des stages financés par l’AFDAS, qui gère la formation des intermittents du spectacle. C’est ainsi que j’ai fait un stage d’un mois avec Carlo Boso à Montreuil et travaillé sur la fabrication de masques, l’écriture du scénario, l’improvisation, et la pantomime sous la direction de Pawel Rouba. A l’issue de ce stage, Carlo Boso a voulu me faire passer une audition pour le rôle de la Princesse dans la « Princesse d’Elide ». J’ai eu le rôle et intégré la troupe de Comédiens et Compagnie en 2006. Je ne l’ai plus quittée ! Nous avons joué « Courbes exquises », de François Zéméaris, « Un coeur pour Samira », de Christophe Alévêque… et bien sûr « La Flûte enchantée »
Le tournant décisif, je l’ai pris en 2004 au Festival de Coye-la-forêt quand j’ai vu « La Princesse d’Elide », de Molière, montée par Jean-Hervé Appéré. La Commedia dell’arte m’a retourné le cerveau ! Aussitôt j’ai voulu suivre les cours que donnait Jean-Hervé à Montreuil, mais il y avait beaucoup de dilettantes dans ces cours ! Je voulais approfondir et j’ai cherché des stages financés par l’AFDAS, qui gère la formation des intermittents du spectacle. C’est ainsi que j’ai fait un stage d’un mois avec Carlo Boso à Montreuil et travaillé sur la fabrication de masques, l’écriture du scénario, l’improvisation, et la pantomime sous la direction de Pawel Rouba. A l’issue de ce stage, Carlo Boso a voulu me faire passer une audition pour le rôle de la Princesse dans la « Princesse d’Elide ». J’ai eu le rôle et intégré la troupe de Comédiens et Compagnie en 2006. Je ne l’ai plus quittée ! Nous avons joué « Courbes exquises », de François Zéméaris, « Un coeur pour Samira », de Christophe Alévêque… et bien sûr « La Flûte enchantée »
Coye29 : Tu dis que la Commedia t’a « retourné le cerveau ». Explique-nous.
L.S. : C’est une forme de théâtre dans laquelle il faut toujours apprendre, continuer nos formations. Avec « la Princesse d’Elide », j’ai appris la danse baroque, puis la pantomime avec « Samira », le chant et la manipulation de marionnettes pour « La Flûte enchantée ». Comme le disait Jean-Hervé, nous ne savons pas tout faire, mais il faut apprendre à tout faire… Il utilise le potentiel de chaque acteur et l’incite à se former, à apprendre davantage. Cette année, je veux me perfectionner en chant, j’ai passé une audition au Conservatoire des Lilas pour la classe de chant dirigée par Sabine Kovacshazy.
La Commedia, c’est une forme de théâtre fondamental. On peut dire que c’est la base de tous les arts, l’ancêtre de l’opéra, de la danse, de l’improvisation, de l’acrobatie… Travailler le masque nous oblige à chercher en soi le primitif, car derrière le masque on peut se permettre d’exprimer beaucoup plus. Le masque décuple le jeu. Par exemple le masque intégral décuple le travail du corps, le demi-masque sollicite les yeux, la bouche. Le quart de masque ou le nez de clown - le nez de clown est le plus petit des masques – fait jouer le visage entier.
La Commedia, c’est une forme de théâtre fondamental. On peut dire que c’est la base de tous les arts, l’ancêtre de l’opéra, de la danse, de l’improvisation, de l’acrobatie… Travailler le masque nous oblige à chercher en soi le primitif, car derrière le masque on peut se permettre d’exprimer beaucoup plus. Le masque décuple le jeu. Par exemple le masque intégral décuple le travail du corps, le demi-masque sollicite les yeux, la bouche. Le quart de masque ou le nez de clown - le nez de clown est le plus petit des masques – fait jouer le visage entier.
Le parcours de Lucy est impressionnant, car il démontre qu’une passion, ici celle du théâtre, donne des ailes, que rien n’est figé, que tout est à découvrir, à apprendre, que toutes les voies sont ouvertes pour qui a le désir d’explorer. Cet appétit, la jeune comédienne l’a en elle, il est le socle sur lequel s’appuie sa volonté de s’approprier toutes les formes d’expression et de tenter tous les parcours.
[propos recueillis par Marie-Louise]
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