LA CHUTE
D’après Albert Camus
Adaptation : Catherine Camus et François Chaumette
Par la Compagnie Tétra Art
Mise en scène : Raymond Vinciguerra
L'homme qui parle dans 'LA CHUTE' se livre à une confession calculée. Réfugié à Amsterdam dans une ville de canaux et de lumière froide, où il joue à l'ermite et au prophète, cet ancien avocat attend dans un bar douteux des auditeurs complaisants.
Il a le cœur moderne, c'est-à-dire qu'il ne peut supporter d'être jugé. Il se dépêche donc de faire son propre procès mais c'est pour mieux juger les autres. Le miroir dans lequel il se regarde, il finit par le tendre aux autres.
Il a le cœur moderne, c'est-à-dire qu'il ne peut supporter d'être jugé. Il se dépêche donc de faire son propre procès mais c'est pour mieux juger les autres. Le miroir dans lequel il se regarde, il finit par le tendre aux autres.
Où commence la confession, où l'accusation ? Celui qui parle dans ce livre fait-il son procès, ou celui de son temps ? Est-il un cas particulier, ou l'homme du jour ? Une seule vérité en tous cas, dans ce jeu de glaces : la douleur, et ce qu'elle promet.
Comment mieux présenter cette œuvre que par CAMUS lui-même ? Mais comment en même temps envisager le défi d'une adaptation théâtrale? Certes certains éléments peuvent y faire penser : le décor : l'auberge, les évocations d'Amsterdam, de Paris, une sorte d'intrigue amorcée : le tableau, le rire, le thème récurrent des ponts, le point culminant de 'la chute' et de la transformation intérieure du personnage. Mais la réalisation pouvait en sembler extrêmement difficile: Raymond Vinciguerra a pleinement réussi ce 'tour de force'.
La mise en scène est d'une sobriété suggestive : deux écrans ponctueront le récit de leurs images, souvent abstraites ; au départ deux danseuses de cabaret y évoluent tandis qu'une femme mystérieuse et vêtue de noir va traverser la scène de temps à autre .Vient alors s'asseoir sur un tabouret de bar, un verre à la main, un homme vêtu de blanc qui 'par la taille, les épaules, et ce visage un peu farouche avait plutôt l'air d'un joueur de rugby'
Commence alors un 'dialogue à une voix' entre le personnage de Clamence et l'auditeur -spectateur.
Cet ancien avocat devenu 'juge-pénitent' y évoquera - avec des intermèdes d'évocations lyriques et impressionnistes qui apportent une respiration poétiques bienvenue - son bonheur passé émaillé de nombreuses digressions sur les femmes, l'amitié, l'esclavage, la religion, la culpabilité, les différentes étapes de son évolution tragique et désespérée.
Quel acteur pouvait-on imaginer pour interpréter ce texte qui demande tant de talents différents ?
Qui puisse exprimer successivement l'ironie, l'indignation, le lyrisme et l'imprécation, et traduire ce texte touffu et difficile pour tenir en haleine les spectateurs durant une heure trente?
Cet ancien avocat devenu 'juge-pénitent' y évoquera - avec des intermèdes d'évocations lyriques et impressionnistes qui apportent une respiration poétiques bienvenue - son bonheur passé émaillé de nombreuses digressions sur les femmes, l'amitié, l'esclavage, la religion, la culpabilité, les différentes étapes de son évolution tragique et désespérée.
Quel acteur pouvait-on imaginer pour interpréter ce texte qui demande tant de talents différents ?
Qui puisse exprimer successivement l'ironie, l'indignation, le lyrisme et l'imprécation, et traduire ce texte touffu et difficile pour tenir en haleine les spectateurs durant une heure trente?
Philippe Séjourné réussit ce tour de force et mérite pleinement les applaudissements nourris du public: même ceux qui restèrent un peu ' abasourdis ' par la densité et la richesse du texte ne tarissaient pas d'éloges pour cet acteur exceptionnel.
C'est un spectacle qui résonnera longtemps dans la mémoire du spectateur. Il nous met en face de nous-mêmes : de notre bonne conscience, de nos indifférences coupables, de nos remords sans lendemain et du tragique de notre condition humaine: tragique illustré par la mort prématurée de l'auteur qui fera de cette œuvre, malheureusement pour nous, son dernier témoignage.
C'est un spectacle qui résonnera longtemps dans la mémoire du spectateur. Il nous met en face de nous-mêmes : de notre bonne conscience, de nos indifférences coupables, de nos remords sans lendemain et du tragique de notre condition humaine: tragique illustré par la mort prématurée de l'auteur qui fera de cette œuvre, malheureusement pour nous, son dernier témoignage.
En conclusion, nous citerons ce texte du metteur en scène contemporain Olivier Py : ' l'art exige du spectateur une chose simple et grande, un peu effrayante aussi. Change ta vie. Car le théâtre sincère ne prétend pas changer le monde mais seulement influer sur cette décision intérieure qui, dans le recueillement invisible d'un être, actionne l'horloge de la conscience '.
Christiane VICTORION avec l'appui moral et technique de Philippe
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1 commentaire
Commentaire de: audrey grisoni Visiteur
merci !