VIDEO-SURVEILLANCE : UN CASTING DE PYLONES
On n’en parlait plus. On se disait que le projet sommeillait dans les classeurs, que la Communauté de communes était déjà très occupée par les poubelles à puce ou que l’œil des caméras d’Avilly Saint-Léonard ne voyait rien. Pas du tout ! La C.C.A.C. veille. Coye-la-forêt reste dans la ligne de mire. Tout laisse à penser que la commune aura aussi ses caméras de vidéo-surveillance.
En effet, les élus ont été invités jeudi 20 octobre par la C.C.A.C. à faire une « visite de terrain » dans Coye-la-forêt pour décider de l’implantation des futures caméras. Ce brutal coup d’accélérateur impliquerait-il que la commune d’Avilly Saint-Léonard, qui avait été volontaire pour l’expérience, est satisfaite de ses sept caméras et qu’après la période test de plusieurs mois on avait conclu à l’efficacité du dispositif dans la lutte contre la délinquance : diminution sensible des méfaits, arrestation de coupables, etc. Bref, le dossier avait-il pris de l’épaisseur?1
En effet, les élus ont été invités jeudi 20 octobre par la C.C.A.C. à faire une « visite de terrain » dans Coye-la-forêt pour décider de l’implantation des futures caméras. Ce brutal coup d’accélérateur impliquerait-il que la commune d’Avilly Saint-Léonard, qui avait été volontaire pour l’expérience, est satisfaite de ses sept caméras et qu’après la période test de plusieurs mois on avait conclu à l’efficacité du dispositif dans la lutte contre la délinquance : diminution sensible des méfaits, arrestation de coupables, etc. Bref, le dossier avait-il pris de l’épaisseur?1
La visite de terrain commence à 14h. Soleil et couleurs d’automne, beaux nuages blancs et gris, ciel bleu… Comme pour la randonnée de La Sylve. Sauf que là, ce n’est pas l’observation de la nature qui retient le regard des marcheurs mais plutôt la recherche du meilleur pylône à caméra. On pourrait dire une sorte de casting de pylônes, de poteaux, de mâts…. Suivons les guides : Monsieur le maire et deux conseillers municipaux, gendarmes et représentants de la C.C.A.C. ainsi que de la société Egis missionnée pour cette étude. Nous restons à distance. Nous observons. Pas question d’écouter aux portes.
Après la place de la Mairie, premier arrêt au rond-point à l’entrée du village. Il y a des pylônes de chaque côté de la route. Lequel sera déclaré le plus apte à hisser la caméra ? Les visiteurs se concertent, tendent les bras vers Lamorlaye, pointent l’index, lèvent les yeux au ciel, se regroupent, réfléchissent. Ah ! si l’on pouvait grimper en haut du mât… on verrait mieux quand même. C’est là que la nacelle aurait été utile, celle qui accroche les guirlandes de Noël.
Tant pis pour l’escalade impossible, on file en voiture vers la Place Blanche. Les feuilles des tilleuls déjà brunes se recroquevillent sur la pelouse rase. Le monument aux morts attend ses gerbes de novembre. Devant le restaurant des étangs, mort lui aussi, nouveau temps de concertation, de déplacements, d’évaluation. Car c’est un carrefour stratégique. De là on voit tout ce qui descend de la gare ou du Clos des Vignes, tout ce qui file vers les étangs et la Grand Rue. Où passeront-ils, où s’enfuiront-ils ceux qui se seront emparés de nos biens, ceux qui auront forcé nos clôtures ?
En haut de la côte de la gare, nous voici en forêt. C’est l’autre entrée du village, brèche par où les assaillants peuvent entrer dans les murs. Justement des randonneurs arrivent de la gare, sac au dos. Ils s’enfoncent dans le chemin plein de lumière qui mène au château d’Hérivaux, entre les arbres qui roussissent. Pendant ce temps, la discussion va bon train parmi les visiteurs de poteaux. On traverse la route plusieurs fois. On va, on vient d’un poteau à l’autre. A gauche ou à droite de la route ? Lequel sera le meilleur défenseur de la cité ? Il y eut des oies, des palissades hérissées de pieux, des donjons, des forteresses. Aujourd’hui le technicien de l’image remplace Vauban.
Sur fond sonore du verre qui se brise dans les bennes, l’étude porte ensuite sur le carrefour des Bruyères, étoile à six branches. C’est dire si le lieu a son importance. Quelles rues la caméra pourra-t-elle balayer de son œil ? On hésite. Le pylône de l’avenue du Bois Brandin semble avoir des atouts. Non loin de là, dans la rue d’Hérivaux, au croisement du chemin des Loups, des poteaux sont justement fort bien placés pour qu’une caméra surveille l’arrière des écoles des Bruyères. Que choisir ? Le pylône en béton ou le mât de bois ?
A l’entrée des écoles, pas de poteaux, quelques réverbères, trop bas, et beaucoup d’arbres qui gêneront le regard de Big Brother. Fixera-t-on une caméra contre le mur du bâtiment d’habitation ? On inspecte. On s’interroge, on examine les clôtures. Et pendant ce temps le regard vagabonde vers les toboggans, les vélos des enfants alignés devant la porte, le petit bois de chênes…. et un ginkgo biloba dont les écus s’ourlent de jaune.
Restons dans le bucolique pour une halte des experts à l’arrière de la halle des sports, sous les branches d’un saule. Surprise ! Les sportifs ont fait de l’escalade et, après leur entraînement intra-muros, tagué le toit et la cheminée. La vidéo-surveillance veut arrêter ce massacre. Comme elle entend protéger au jardin d’enfants balançoires, toboggans et tourniquet, écarter les fumeurs de joints et traquer les amoureux qui se bécoteraient trop longtemps la nuit. Faudra-t-il deux caméras, une à chaque entrée du jardin ? Les visiteurs étudient… Non, les braves gens n’aiment pas que…
La promenade se termine face au marché. Concentration de bâtiments à surveiller : les services techniques - on a déjà volé un camion -, le Centre culturel – l’arrière est vulnérable –, le hameau des clubs – il ne faudrait pas taguer la nouvelle fresque ni s’emparer des ordinateurs –, la cantine et le périsolaire. On n’ose penser au nombre de caméras nécessaires pour faire le tour des lieux.
Problème : Si les 193 hectares et le millier d’habitants d’Avilly Saint-Léonard disposent de 7 caméras, de combien de caméras disposera une commune de près de 4000 habitants et de 696 hectares ? Faites le calcul. Quant au coût… l’heure n’est pas aux économies.
Problème : Si les 193 hectares et le millier d’habitants d’Avilly Saint-Léonard disposent de 7 caméras, de combien de caméras disposera une commune de près de 4000 habitants et de 696 hectares ? Faites le calcul. Quant au coût… l’heure n’est pas aux économies.
En avril dernier, la compagnie théâtrale Calliope collectif avait présenté un spectacle au centre culturel «Margotiner à Coye-la-forêt». Un promeneur, descendant de la gare, allait à la découverte du village, s’attardant là où le menait sa fantaisie, devant un banc, un café, pour une rencontre… Et les spectateurs avaient aimé la redécouverte d’un lieu familier que la poésie leur donnait à voir autrement.
Après la visite des carrefours et le recensement des pylônes au soleil d’octobre à la suite des experts en sécurité, j’ai repensé à la marche d’avril et je me suis dit que décidément toutes les promenades ne se valaient pas. Question de regard.
1. Le rapport d’expérimentation d’Avilly Saint-Léonard, consultable à la mairie de Coye-la-Forêt, montre qu’après plus d’un an d’expérimentation, on arrive à obtenir des caméras qui fournissent des images, lisibles à condition que les personnes fassent face à la caméra sans trop bouger, idem pour les voitures. Rien n’est dit sur le fonctionnement du système (qui fait quoi, qui est responsable de quoi), et a fortiori, rien sur l’impact de cette installation fort chère et le mieux vivre qu’elle peut apporter aux habitants !
Après la visite des carrefours et le recensement des pylônes au soleil d’octobre à la suite des experts en sécurité, j’ai repensé à la marche d’avril et je me suis dit que décidément toutes les promenades ne se valaient pas. Question de regard.
1. Le rapport d’expérimentation d’Avilly Saint-Léonard, consultable à la mairie de Coye-la-Forêt, montre qu’après plus d’un an d’expérimentation, on arrive à obtenir des caméras qui fournissent des images, lisibles à condition que les personnes fassent face à la caméra sans trop bouger, idem pour les voitures. Rien n’est dit sur le fonctionnement du système (qui fait quoi, qui est responsable de quoi), et a fortiori, rien sur l’impact de cette installation fort chère et le mieux vivre qu’elle peut apporter aux habitants !
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