47° SALON DES BEAUX-ARTS
Du 17 au 25 novembre 2012
Une petite silhouette dans la foule du vernissage, samedi 17 novembre, qui marche à petits pas…
Qu’on ne s’y trompe pas, Idka est une force. Une force de vie. Tout dit en elle un immense appétit pour la vie. Le visage est ouvert, d’une rondeur rassurante, et son rire… Il éclate à tout moment, joyeuse ponctuation d’un entretien qui ne se veut pas sérieux et pourtant dit l’essentiel, la passion pour la beauté et l’art.
Commençons par parler de Venise, puisque la couverture du catalogue de ce Salon offre la Salute sur ciel orangé, coupée par les lignes bleues des Ducs d’Albe. Idka avoue y être allée au moins vingt-cinq fois. Coup de foudre provoqué, dit-elle en s’en amusant, par une affiche de l’Office du Tourisme italien à Paris : élégant Vénitien du Carnaval portant bauta et rose rouge ! Et depuis, nourrie par les couleurs changeantes et les mouvements de l’eau, sa passion pour la ville n’a pas faibli, « un miracle unique au monde parce que justement on est face à la beauté. »
A la source, la beauté du monde
Comme les voyages d’Idka, l’exposition ne se limite pas à Venise. Londres, Paris, Florence, la Bretagne, New York, Chicago, la Provence, Prague… sont autant de destinations et de thèmes d’inspiration. New York l’enthousiasme particulièrement parce que c’est une ville qui donne de l’énergie. « Quand ils jettent leurs confettis, c’est fabuleux, on est dans un film ! »
En chaque lieu du monde le regard de l’artiste s’accroche à un paysage, à une architecture et y capte la lumière – les toits orangés de Florence, l’ardoise gris bleuté de Prague, les bleus des buildings de Chicago. Touches qui se chevauchent, qui se corrigent, épaississent la matière. Pas de tracé net et définitif. « Je veux laisser la peinture ouverte, ne pas la fermer par un trait qui limite. Qu’il y ait un glissement, un va-et-vient entre le sujet et le fond. »
De la Place des Vosges à Roussillon… en passant par Coye
Voyageuse infatigable de par le monde, Idka est aussi liée à Coye-la-forêt ! Elle y a de fortes racines d’amitié depuis plus de trente ans autour de la famille Szpirglas, et les étangs de Commelles figurent dans son carnet de croquis. Autour d’elle dans le hall du Centre culturel, les amis se pressent. Elle montre sa joie et s’étonne d’être aussi entourée et fêtée, s’en trouve presque confuse. Jacqueline Durivault, l’invitée d’honneur du prochain salon, la rejoint. Moment joyeux avec éclats de rires : elles se rappellent les années où elles exposaient à la galerie Médicis, Place des Vosges. « A l’époque, la Place des Vosges était un trou noir, dit Idka, je me souviens d’une mercerie qui s’appelait Les deux orphelines ! Et pourtant une galerie s’y est installée. Madame Bourgoin, a été la première femme à ouvrir une galerie à Paris. » Idka y a exposé ses toiles pendant quinze ans. Actuellement elle les présente à la Galerie des Ocres, à Roussillon, en Provence. « J’aime la Provence pour ses couleurs : les vignes rouges, les amandiers en fleurs, les lavandes… C’est un émerveillement, un renouvellement de couleurs à chaque saison. »
Le regard et la lumière
Quand elle parle de peinture et d’art, idka s’enflamme : « L’art est une nourriture. J’ai toujours su que je voulais peindre. » Dès le lycée elle s’est abonnée à un cours de peinture par correspondance. Ensuite elle a intégré l’Ecole des Arts appliqués Duperré avant de s’inscrire à l’Académie Julian – maintenant l’Ecole Met de Penninguen – et à la Grande Chaumière où elle fut élève de Pierre Jérôme. Elle parle de lui avec admiration et affection : « Nous sommes des princes, disait-il, mais cela suppose une exigence envers notre travail. Je me suis toujours rappelé cette phrase. Il donnait le thème de la composition, et accrochait ensuite notre travail, et chacun voyait ce que les autres avaient fait, c’était extraordinaire !
J’ai fait du modèle vivant pendant quatre ans chez Julian. Ensuite, il faut sortir de l’atelier et travailler seul. C’est un moment angoissant. J’ai alors dessiné des croquis de personnages dans la rue, au café, la foule qui passe, les couples, les fleuristes… J’aimais l’heure entre chien et loup quand il y a des reflets sur le sol humide. Pendant dix ans, j’ai travaillé sur le thème des personnages, parfois des sujets difficiles, éprouvants, comme des scènes d’exode. Et puis, j’ai commencé à voyager. Comme je ne voulais pas emporter un matériel encombrant, j’ai décidé de faire sur place des croquis de ce que je voyais, de ce qui me parlait. J’ai donc toujours avec moi mon carnet de croquis et des pastels. Dans le croquis il y a déjà une vision du tableau. La photo ne me sert pas, car la photo impose des détails. Je veux être libre. Je regarde le paysage, la ville… et il y a le choc de la lumière ! Le paysage éblouit avec la lumière. »
Il ne vous reste que quelques jours pour aller voir la lumière dans la 5° avenue, sur les cubes de Chicago ou le château de Prague. Une vision du monde où même les gris sont accueillants…
PS 1 pour rire un peu : Petit problème de langue qui n’a rien à voir – ou plutôt qui a tout à voir – avec le sujet. Pour éviter la répétition du nom propre d’Idka, il serait utile d’avoir un nom commun à disposition pour désigner son activité de peintre. Or, il apparaît que l’on ne peut dire, ni même écrire, « la peintre ». Sont disponibles : l’artiste peintre – dont on se demande s’il faut trait d’union ou pas, les avis divergent – ou la femme peintre. Si l’on parle de l’artiste, c’est parfait, car la terminaison féminine fait passer le problème à la trappe. Mais artiste, c’est quand même vague et incomplet. Est-ce une artiste qui peint, qui chante, qui sculpte, qui cuisine ?
PS 2 pour rire avec la peintre : Comme nous expliquions à Idka nos activités de blogueurs et blogueuses, elle a eu ce mot qui dit bien son humeur toujours gaie : « Vous vous occupez sainement, vous ne fumez pas des joints…»
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