PETITS MENSONGES ENTRE AMIS
Il y a trois ans que Mme Delvigne a fait un legs d'une valeur d'environ 700 000 € à la commune de Coye-la-forêt, lequel a été accepté par le Conseil municipal du 18 février 2011. Et voilà que subitement, resté assez confidentiel jusqu'à présent, le sujet intéresse les médias ! Voilà que notre modeste village fait soudain et simultanément l'objet d'un article dans Le Parisien et d'un reportage sur France 3.
Que se passe-t-il donc en ce mois de mars 2014 ?… Ah, mais c'est bien sûr ! Les élections municipales ! M. Vernier, maire sortant, se retire de la vie publique, mais laisse les rênes à son adjoint M. Deshayes ainsi qu'à douze de ses anciens conseillers municipaux. Face aux listes d'opposition qui se constituent, le maire tient à apporter sa caution et son soutien aux membres de son équipe qui prennent le relais de sa politique. Donc un peu de promotion sera la bienvenue. Il faut montrer aux Coyens que la liste a des projets d’importance. Et que le financement est tout trouvé.
Tout cela ne tirerait pas à conséquence si l’information n’était honteusement tronquée et malmenée, et par la presse et par le maire.
Un maire pas très scrupuleux1
À aucun moment, le maire ne mentionne à la presse que les termes du legs de Mme Delvigne précisaient l'affectation que la donatrice voulait lui voir attribuer. Or la phrase manuscrite du testament lu en Conseil municipal en 2011, qui exprime sans ambigüité la volonté de celle-ci était ainsi rédigée : « Je lègue tous mes biens à la commune de Coye-la-forêt pour ses œuvres sociales. »
Et quels sont les projets que la mairie envisage de financer grâce au legs de Mme Delvigne ? : rénovation du Centre culturel et création d’une surface commerciale aux 44 et 46 Grande rue, transformation pour laquelle un Assistant à Maître d’Ouvrage a même d'ores et déjà été retenu.
Vous voyez le rapport avec "les oeuvres sociales " ?
Des journalistes pas très informés
Le Parisien… ou la naïveté.
Le journaliste du Parisien du 1er mars, histoire d'illustrer son article, donne copie du testament olographe de Mme Delvigne mais ne se soucie ni de le lire attentivement ni de s'interroger sur son contenu.
Aussi ne manifeste-t-il aucun étonnement lorsque M. Vernier répond à la question « A quoi servira l’argent ? ».
Peut-être est-il attendri par les violons de son interlocuteur qui justifie une construction de supérette à 200 000 € « pour répondre aux besoins des aînés privés de moyens de locomotion ». C’est vrai, ça ! quand on parle des aînés qui ne peuvent se déplacer, la larme vient à l’œil. Effet facile. Monsieur le maire oublie simplement de dire qu’il y a dans le village une boulangerie-pâtisserie, une boucherie, une épicerie et le marché deux fois par semaine. Nous ne sommes pas dans le désert de Gobi. Le journaliste l’ignorait peut-être…
Quant au second projet cité par M. Vernier, la rénovation du Centre culturel, il suffit de dire, pour attendrir le lecteur, que dans le Centre une salle pourra accueillir des « réunions familiales ». Ah ! Le mot « famille »… indispensable à employer en période d’élections, il rallie tous les suffrages. Pour aménager cette salle (dont il faut préciser qu'elle existe déjà), le maire explique que 150 000 euros seront prélevés sur le legs. Faut-il 150 000 euros pour permettre aux familles de fêter un anniversaire en rassemblant tous les cousins ? Cher, le coup de pinceau !
Le journaliste n’a pu lire le n° 135 de la Lettre de Coye-la-Forêt, bulletin municipal, de mars 2014 où il est expliqué que la salle en question servira surtout aux expositions, à la bourse aux jouets, aux bourses aux vêtements, à la journée de l’Artisanat, etc., toutes manifestations qui n’ont pas eu besoin du legs de Mme Delvigne pour exister depuis trente ans.
Et les œuvres sociales dans tout ça ? Ne les cherchez pas, depuis le n° 134 de La Lettre de Coye de février, les œuvres sociales de la commune sont devenues « des actions communales présentant un intérêt social ou sociétal ». Dès lors, tout est permis !
Le reportage de FR3, ou la désinformation
À entendre le présentateur, Francis Letellier, la commune a reçu 700 000 €. Point. « Pour ses oeuvres sociales »? Il n’en a visiblement jamais entendu parler, et de vanter les « équipements municipaux » permis par cette manne. Philippe Torreton, l’invité du jour, qui n'est bien sûr pas au courant du dossier, suggère qu’on pourrait avec cette somme « réparer des toitures »… Soyons indulgent. Le comédien est venu parler du régime d'assurance chômage des intermittents du spectacle et quand on lui a parlé du legs, il a sans doute pensé à la restauration possible d'un bâtiment historique. Mais le journaliste, lui ? on attendrait de lui qu’il vérifie l’information avant d'en parler. De qui la tient-il d’ailleurs ? Quant aux personnes interrogées sur le marché, selon le principe du micro-trottoir, pas informées non plus des termes du legs, elles se réjouissent tout naturellement de l’aubaine qui permettra d’améliorer « l’infrastructure » du village.
On est donc dans une ignorance complète des faits.
Des opposants pas très opposés
Malgré tout, comme on est en période d’élections, le journaliste de terrain interroge ceux qu’il appelle « les opposants ». Il veut être objectif, rendre compte de la pluralité des opinions. Bonne intention. Mais nouvelle carence, il ne vérifie pas. Son pluriel devient singulier, un seul opposant interrogé, M. Decamps, liste qui se présente comme Divers Droite. Le candidat entend utiliser le legs, de manière assez floue d'ailleurs, pour les « rythmes scolaires ». Cela fait cher, le pas de danse !
Et cela ne correspond toujours pas au voeu de la donatrice.
Personne d’autre à l’horizon. Le candidat de gauche n’est ni invité, ni mentionné. On ne dit pas qu’il y a trois listes à Coye. On ne cite pas la liste de gauche qui a pourtant quatre élus au conseil municipal, alors que M. Decamps est le seul élu de sa liste.
Pour une bonne raison, c’est que la liste de gauche sera sans doute la seule à vouloir que le don soit intégralement consacré aux œuvres sociales. Et que les projets du maire sortant, comme ceux de son concurrent Divers Droite, révèlent tout sauf le souci de respecter les termes du legs. Car le legs tombe à pic : c’est avec le legs que les candidats financeront leurs projets...!
Concluons. Nous sommes tout à fait d’accord avec M. Vernier. L’emploi de ce don, « c’est sérieux », a-t-il dit au journaliste. Le tout est de s’entendre sur le sens que l’on donne au mot.
1. M. le Maire, considérant que son honnêteté avait été mise en cause par cet article, nous a déclaré, samedi 8 mars, qu’il avait bien informé le journaliste du Parisien des termes précis du testament, puisqu’il en a remis une copie reprise en illustration dans le journal, et, d’autre part, qu’il l’avait prévenu de l’existence d’une liste de gauche à Coye-la-forêt… Il faut donc croire que c’est le journaliste qui n’a pas été très scrupuleux et non M. Philippe Vernier comme nous l’écrivons. Toutefois, il reste que décider d’utiliser l’argent du legs à d’autres fins que celles voulues explicitement par la donatrice n’est pas une preuve d'exigence intellectuelle et morale. C’est en ce sens qu’on peut dire que M. Vernier, dans l’interprétation du testament, n’est pas « très scrupuleux ». (ndlr)
2. Cet article a été repris en partie dans un tract distribué samedi 8 mars : « Non au détournement de 600.000€ destinés aux œuvres sociales »
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8 commentaires
Commentaire de: Isabelle S Membre
Au fait, souvenez-vous, le Presbytère! Qu’y aurait-il eu de mieux pour les réunions familiales ? Dommage que le maire n’y ait pas pensé…
Sourions : la conseillère municipale qui l’avait acheté, conseillère de la majorité municipale, a démissionné quelques mois après son acquisition et… intenté un procès à ses colistiers. Ingratitude !
Commentaire de: Jacqueline Chevallier Membre
D’une émission de télévision qui, croquis à l’appui, situe Coye-la-Forêt en plein milieu de l’Oise, à l’est de Beauvais, il n’y a pas grand chose à attendre en matière de précision et de rigueur (on peut se demander d’ailleurs comment le journaliste a réussi à arriver jusqu’à nous et qui l’a fait venir).
Mais d’une municipalité qui touche 700 000 € pour ses œuvres sociales, on pourrait attendre autre chose, en matière d’hommage à la généreuse défunte, que la consultation de l’album photo et l’entretien de sa tombe au cimetière. On aurait aimé, tout simplement, que les volontés de la donatrice soient respectées. Quelle hypocrisie !
Si encore, le projet de supérette était une idée géniale, si on pouvait en prévoir le succès garanti. Mais il y a tout lieu de craindre que ce soit de l’argent dépensé en pure perte. Depuis plus de vingt ans que j’habite à Coye, je vois les commerces fermer les uns après les autres. Ce n’est pas une décision volontariste de la municipalité qui va inverser la tendance. Il s’agit d’un phénomène sociétal (eh, oui !) et la supérette où l’on trouvera du pain, de la viande et des légumes, selon toute vraisemblance finira d’achever les petits commerçants du marché et du centre ville qui ont réussi à survivre jusqu’ici.
Je m’inquiète en outre de voir chassé du 44 Grande rue le vestiaire de Sofie qui y est actuellement installé : c’est un lieu animé par des bénévoles et qui, lui, présente indéniablement un caractère social (recyclage de vêtements et objets divers, vendus à prix très bas, au profit d’une association caritative luttant contre la sclérose en plaques). En plus, ça fonctionne bien, il y a beaucoup de monde qui y passe et qui reste un moment à discuter.
Donc on va, à grands frais, supprimer ce qui existe (et qui marche) pour créer une “surface commerciale” qui ne marchera pas forcément et qui de toute façon ne dynamisera rien du tout.
Car, à part un parking, qu’est-ce qu’il y a de plus triste qu’une surface commerciale ?
Commentaire de: Marie Louise Membre
Je trouve aussi que le vestiaire de Sofie est un lieu agréable et que, même si on n’ a pas d’achat prévu, on entre, pour voir.. discuter. Et les responsables disent bien que, depuis l’installation Grande rue, les ventes ont augmenté. Ce qui manque, c’est justement ce que le legs pourrait permettre d’améliorer, une arrière-salle moins précaire, chauffée, afin que le passage en cabine d’essayage ne soit pas aussi réfrigérant qu’il l’est en ce moment.
Commentaire de: Jacqueline Chevallier Membre
Une question :
Le legs a été accepté par la municipalité en février 2011. Il y a donc maintenant trois ans. En attendant de décider quoi en faire et de l’employer utilement, savez-vous si cet argent a été placé ? Combien a-t-il rapporté ?
Commentaire de: yann Visiteur
Que d’articles sur ce leg !
Il me semble que nous avons fait le tour de la question.
Concrètement quels recours peuvent être intentés pour faire respecter les volontés de Madame Delvigne ?
Quelle utilisation feriez-vous de ce leg les 7 lignes sur les 2 pages de votre tract de 2 pages étant pour le moins très floues ?
Quelle est votre position sur le projet de superette ?
Sur quelles recettes fiscales comptez-vous pour financer vos projets ?
A chaque élection nous attendons en vain du concret, des éléments chiffrés.
Nous avons 3 listes en présence à COYE la FORET mais pour faire quoi ?
Ne serait il pas plus sain d’avoir une équipe municipale équilibrée, composée de personnes réellement impliquées et compétentes, mettant en œuvre des projets utiles et réalistes ?
Commentaire de: Florence Visiteur
J’ai lu vos articles concernant ce legs: j’ai été lire le CR du conseil municipal de décembre 2013 sur la répartition des 700000 euros et j’ai été très étonnée de constater que la SEULE voix contre a été celle de monsieur Descamps: vous avez voté POUR ( 25 pour, 1 contre, aucune abstention). Je ne comprends donc pas votre démarche, c’est au moment du vote qu’il aurait fallu se positionner de manière nette, s’indigner 3 mois après d’une décision qu’on a approuvé , en pleine campagne municipale, la ficelle est un peu grosse: si j’ai pu vérifier vos dires, d’autres le feront également.
Commentaire de: Alain Mariage Visiteur
Bonjour,
Je souhaite répondre à vos remarques en apportant les précisions suivantes :
Lors du conseil municipal du mois de décembre on nous a effectivement demandé de nous prononcer sur l’affectation du LEGS Delvigne, cette demande faisant suite à l’insistance des services publics.
Cette ventilation, proposée par la majorité municipale, faisait suite à une commission « ouverte » où ce sujet avait préalablement été exposé.
Nous avons exprimé lors de l’examen de ce point GLOBAL en conseil municipal notre volonté que l’affectation de 100.000 € au CCAS soit immédiatement entérinée sans avoir à repasser par les étapes Débat d’orientation budgétaire et Budget 2014.
Nous avons complété notre position sur ce point en précisant que le reste de l’affectation serait de toute façon de la responsabilité de la prochaine majorité municipale.
C’est pourquoi nous avons voulu par notre vote positif montrer notre attachement à un 1er versement immédiat au CCAS plutôt que de voter contre pour montrer notre opposition à l’utilisation de ce legs pour les projets de réhabilitation du centre-ville et du centre culturel.
Ma seule erreur, j’insiste bien sur le fait que je considère que celle-ci m’incombe, est de ne pas avoir demandé l’ajout des propos se référant à cette précision lors de la validation du compte rendu de cette séance du conseil municipal.
Il n y a là aucune FICELLE.
Espérant compléter votre approche de ce sujet important pour notre commune,
Cordialement,
Commentaire de: Florence Visiteur
Merci pour tes explications: je pense effectivement que tu aurais dû demander que votre position soit inscrite dans le CR, cela aurait été plus clair pour tout le monde, alors que là, ça prête à confusion.
Et je dois avouer que j’en étais très étonnée,te connaissant depuis un certain nombre d’années.
Amicalement