Le Mariage de Figaro
De Beaumarchais
Compagnie Du Jour au Lendemain
Mise en scène : Agnès Régolo
Beaumarchais : auteur du XVIIIe siècle ?
Le texte est certes de cette époque, mais Agnès Régolo, la metteure en scène, a su souffler sur cette pièce un air de modernité enthousiasmant !
Jusqu'au bout on a été tenu en haleine par l'intrigue. Le comique de situation était accentué par une gestuelle imagée et très actuelle. La musique et la danse décalées par rapport à l'époque étaient agréablement déstabilisantes.
Une belle soirée en compagnie d'acteurs époustouflants !
Conversations après spectacle
Après le déferlement d'applaudissements et les nombreux rappels, les sept comédiens et leur metteure en scène, Agnès Régolo, prolongent dans le hall du théâtre le plaisir des spectateurs en échangeant librement avec eux au gré des questions posées. L’assistance est nombreuse, et Jean-François lance la conversation.
D’abord la joie s’exprime d’avoir vécu presque deux heures dans un rythme qui galvanise. Un hard rock pour commencer et des comédiens danseurs. Juste pour dire : on vous réveille, Figaro n’endort pas, il est du siècle des Lumières, il prépare la révolte qui viendra. — Pour jouer sur les mots, les lumières étaient aussi sur scène, dans la haie de candélabres, dans les nuages qui se teintent de violet le soir venu, faiblissant le soir pour permettre un jeu de cache-cache dans le bois de marronniers. Suzon, le comte, la comtesse, Figaro se guettent, se montrent furtivement, disparaissent. Ce qui devrait être un mariage commun de domestiques, devient la « folle journée » voulue par Beaumarchais. On n’en finit pas de se dérober, de mentir, de se cacher, les billets circulent, tout devient une cachette, une chambre, un cabinet, l’arrière d’un fauteuil, le bas côté d’un lit… — habile scénographie qui fait d’un fauteuil renversé le point central autour duquel tournent les personnages. Les acteurs gardent le rythme, surgissent, s’enfuient, bondissent, s’allongent. La danse doit tenir jusqu’au mariage.
Suite à l’observation d’un spectateur, Agnès Régolo dit ne pas avoir voulu « moderniser » la pièce : elle se joue aujourd’hui, elle est donc contemporaine, et la satire de l’auteur qui souligne les inégalités sociales trouve des résonnances dans notre société actuelle. Tout ce qui est dit sur les libertés, la censure, les privilèges de classe est d’actualité. Quoi de plus naturel donc de clore la pièce sur des couplets de Beaumarchais dits sur un rythme qui rappelle le slam.
Les comédiens, face à nous, se détendent, relâchent la tension du jeu. C’est le moment de dire combien leur talent a servi la pièce : Figaro — Guillaume Clausse — était un jeune homme passionné et convaincant ; en Suzon éblouissante, Élisa Voisin justifie tous les élans amoureux. Sa force déjoue toutes les manœuvres et la rend triomphante. En Chérubin, Nicolas Geny étonne par son visage de jeune nigaud prêt à tout pour un baiser de celle qui passe. On s’étonne de ne pas voir Bazile à côté d’eux. Qu’à cela ne tienne, Pascal Henry est là et dévoile les secrets de la distribution : il est aussi le jardinier qui se plaint de ses giroflées piétinées ! Le public est ravi, une perruque, une voix, un geste, un costume, voilà les subterfuges du théâtre.
Belle initiative du Festival qui permet les rencontres entre les comédiens et le public. Belle générosité de ceux qui prolongent leur représentation par une conversation, pendant que les régisseurs démontent le chapiteau.
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dommage que la soufflerie d’un énorme vidéo-projecteur placé juste au dessus de nos têtes ait rendu la pièce à peu près (voire complètement) inaudible à nombreux d’entre nous… pour un effet, somme toute, sans grand intérêt, en tout cas accessoire. Qu’avaient de fondamental les images projetées et ne vaudrait-il pas mieux tout simplement s’en passer ?