Le Festival… c’est bientôt !
Les programmes sont dans toutes les mains, les agendas et les stylos. Prêts ! Dès le samedi 8 avril, les futurs spectateurs du Festival théâtral ont été reçus par quatre membres de l’équipe du Festival pour une présentation détaillée. Installés comme chez eux dans la salle Claude Domenech, ils s’apprêtent, élèves attentifs et impatients, à prendre des notes. Le moment est capital : bientôt on leur dira tout sur les pièces de théâtre qu’ils verront pendant deux semaines en mai. De leur choix dépendra la réussite de leurs soirées. Bon, le risque n’est pas grand, le Festival depuis trente-cinq ans ne les a pas déçus. Au contraire, il les enthousiasme et les surprend toujours.
Sur scène, un sobre décor est planté. Autour d’une table à thé, pourrait-on dire, juponnée comme dans les bonnes maisons, quatre personnages bien connus : le président de l’association du Festival théâtral, Jean-François Gabillet, le vice-président Jean-Claude Grimal, Sylvie Paligot-Grimal, conseillère artistique et Isabelle Domenech, metteure en scène du Théâtre de la Lucarne. Tous sont en charge, avec d’autres membres de l’association, de la programmation du Festival et devront susciter dans l’assistance le désir d’aller voir les pièces qu’eux-mêmes ont aimées.
LE PROGRAMME
C’est à Isabelle qu’il revient naturellement de présenter les deux pièces qu’elle a mises en scène et qui ouvriront et clôtureront ce 36e Festival.
En ouverture, l’une des six pièces à l’origine de la thématique « Portraits de femmes » (lien vers l’article) développée jusqu’à la fin juin par d’autres communes pour présenter films, conférences et expositions.
Les Dames du jeudi, de Loleh Bellon
Trois amies se réunissent autour d’un thé. Conversation enjouées, anodines qui traitent du quotidien. Mais derrière cette insignifiance, apparaissent les questions plus graves de l’existence. La structure de la pièce est particulièrement intéressante car les souvenirs évoqués s’emboitent, différentes époques se mêlent en un seul lieu, et le XXe siècle défile ainsi dans les propos des trois femmes.
La Panne, de Friedrich Dürrenmatt
Un sujet plus grave en clôture de Festival : Un voyageur de commerce tombe en panne dans la campagne. Il est hébergé par des retraités de la justice qui aiment rejouer des procès. À cette occasion, l’invité inattendu sera l’accusé. On entre ainsi dans une atmosphère curieuse où le grotesque se mêle à l’inquiétant, où les frontières se brouillent entre l’innocence et la culpabilité.
Le Bourgeois gentilhomme
Jean-Claude Grimal donne envie d’aller voir et revoir ce classique, mis en scène par Mathias Fortune Droulers : « L’œuvre est singulière, burlesque, absurde et violente. C’est drôle, c’est trash, c’est cruel, et le rythme est survitaminé. »
Monsieur Kaïros, de Fabio Alessandrini
Le public du Festival retrouvera avec joie le comédien Yann Collette — remarqué en 2014 dans « Souterrain blues » — dans une pièce où se confrontent un auteur et son personnage. Sylvie Paligot-Grimal souligne le caractère fantastique de la pièce avec jeux de miroirs, de doubles, d’ombres et de lumières : « Pas de leçon, pas de discours, de l’art. »
L’affaire Calas, de Julien Luneau, d’après le Traité sur la tolérance de Voltaire
Le metteur en scène a adapté l’œuvre de Voltaire pour la scène et choisi une mise en scène très dépouillée — des chaises — et d’une redoutable efficacité. Trois comédiens interprètent une multitude de personnages.
La pièce sera jouée également en matinée pour les lycéens.
Grisélidis, d’après les textes de Grisélidis Réal, mise en scène de Coraly Zahonero
C’est avec passion que Sylvie présente la pièce et le personnage de Grisélidis, peintre, écrivaine, prostituée, femme hors normes, née à Lausanne en 1929, qui connaît la misère, la prison et participe au mouvement des prostituées de 1975. De 1980 à 1991 elle entretient une correspondance avec un journaliste de Libération, qui sera éditée sous le titre de « La passe imaginaire ». Elle meurt en 2005 et sera enterrée à Genève, au cimetière des Rois, en 2009.
Coraly Zahonero, sociétaire de la Comédie française, a réalisé un très beau montage de ses textes et restitue magnifiquement la richesse de cette femme.
Les Présidentes de Werner Schwab, mise en scène de Béa Gerzsenyi
Trois femmes dans un « déchainement de logorrhée qui nous dépasse et qui n’offre pas d’autre planche de salut que le rire », prévient Sylvie : Erna la bigote qui fantasme sur son charcutier, Greta la vieille nymphomane, enfin la petite Marie, la sainte innocente qui débouche les toilettes à mains nues, « symbole d’une digestion impossible de la barbarie nazie et de la toute puissance catholique ». La mise en scène est tirée au cordeau, tout se concentre sur la puissance verbale du texte : « Un morceau de bravoure qui brave tous nos tabous. »
Neva de Guillermo Calderón, mise en scène de Paul Golub
Le 9 janvier 1905, l’armée du tsar ouvre le feu sur la foule de manifestants. C’est le dimanche rouge. Au même moment, Olga Knipper, la veuve de Tchekhov, tente une répétition de La Cerisaie. Douloureuse confrontation entre la violence du réel et l’illusion théâtrale : « Y a-t-il un sens à faire du théâtre quand le monde brûle ? » Une très belle méditation sur le théâtre, souligne Jean-Claude.
Le dragon d’Evgueni Schwartz, mise en scène de Stéphane Debruyne
Venez avec les enfants, lance joyeusement Sylvie, c’est réjouissant et interactif. La pièce est construite à partir de la trame bien connue d’un conte : un dragon à trois têtes dévore les jeunes filles et le prince Lancelot se fait le vaillant sauveur de celle qui devait être la proie du monstre. Au-delà du conte se devine la fable qui dénonce l’oppression et le totalitarisme. En 1941, l’auteur, russe, participe à la défense de Leningrad, écrit sa pièce en 1944. Elle sera interdite après la première représentation.
« Cinq comédiens interprètent dix-neuf rôles, la musique est sur scène et la scénographie transporte le spectateur dans un univers magnifique, exubérant et d’une grande modernité. »
L'apprentie sage-femme, mise en scène de Félix Prader
C’est un récit de survie, explique Sylvie, d’une écriture surprenante, forgée à la ruralité, l’histoire d’une « sans nom », qu’on a surnommée le cafard et qui dort dans le fumier car ça tient chaud. Une sage-femme la réveille et lui donne du pain à condition qu’elle travaille. La jeune femme apprend et se fait un nom, Alice. Nathalie Bécue est seule sur scène, exceptionnelle : « On est fasciné, suspendu à ses lèvres. »
Iliade, d’après Homère, mise en scène Félix Prader
« Narration et incantation, résume Jean-Claude. Fabuleux, c’est vraiment l’Iliade et le texte dans toute sa beauté. Si vous êtes tentés par le souffle de l’épopée, venez ! » Deux frères dans un grenier détournent des objets de leur quotidien, ils rejouent l’épopée d’Homère comme un ultime adieu à leur père. Deux comédiens pour plus de trente personnages ! Une troupe déjà applaudie à Coye avec enthousiasme dans : « Regardez mais ne touchez pas ! »
Le Cirque des mirages fête ses quinze ans, de et avec Yanowski et Fred Parker
Yanowski est un personnage, annonce Jean-Claude. Une stature, une voix, une gestuelle. Avec lui et Fred Parker on entre dans un cabaret-théâtre expressionniste, un univers décadent avec des prostituées, des aristos en goguette. C’est fantastique et fascinant.
Zoom, de Gilles Granouillet, mise en scène Marie Provence
C’est l’histoire d’une fille-mère, expose Sylvie, qui passe de foyer en appartement, vit une misère matérielle et psychologique, elle en devient violente, prête à toucher le fond. Mais elle veut réécrire sa vie, elle croit en son fils et lui imagine une vie en technicolor. La pièce est un monologue éclaté en trois personnages, trois comédiennes formidables qui mènent une danse à trois. « Marie Provence, metteure en scène et actrice, donne corps à la complexité qui nous constitue ».
Adieu Monsieur Haffmann, de Jean-Philippe Daguerre
Paris 1942. L’étoile jaune. Un pacte faustien entre un bijoutier juif Joseph et son employé Pierre : Le bijoutier se cachera dans la cave et son employé deviendra le patron de la bijouterie. Ce dernier accepte à condition que Joseph donne à sa femme un enfant. Un récit solide, très humain. Un grand et beau spectacle, souligne Jean-Claude, avec un comédien remarqué deux fois à Coye, notamment dans L’Échange de Paul Claudel : Grégori Baquet.
LE THÉÂTRE
Après cette présentation très attrayante de toutes les pièces du Festival, il faut bien du théâtre. C’est Jacques Bona qui régale avec deux comédiens de Coye-la-forêt, Adriana Arnaud et Patrick Chevillard dans « La Voyante ». Se reporter à l’article.
LES DISCOURS
Comme le veut la tradition, en clôture viennent les discours. Le président, Jean-François Gabillet, remercie l’assistance et « les partenaires sans lesquels le Festival ne pourrait avoir lieu » :
La commune de Coye-la-forêt, représentée par son maire. Monsieur François Deshayes salue une programmation riche et variée qui s’adresse à tous les publics et dont les tarifs sont accessibles à tous : « Vous êtes le seul Festival entièrement géré par des bénévoles. La commune maintient son aide financière et met à disposition la salle et les loges. »
Madame Manoëlle Martin, vice-présidente du conseil régional, lui fait écho et adresse ses félicitations à toute l’équipe pour cette réalisation.
Enfin, monsieur Eric Woerth, président de la Communauté de communes, rappelle que celle-ci a toujours aidé le festival avec plaisir en raison de la qualité de la programmation, du grand nombre de bénévoles qui s’engagent avec constance, ainsi que de la fidélité du public. « La notoriété du Festival, conclut-il, dépasse largement les frontières de l’aire cantilienne. »
Par ailleurs, le Festival est soutenu par des spectateurs-donateurs et des partenaires privés de la région dont les logos figurent sur le dépliant du programme.
LES SURPRISES DU BUFFET
L’après-midi touche à sa fin. Les spectateurs ont hâte de se dégourdir les jambes et de découvrir le buffet ! Moment joyeux où l’on peut bavarder en savourant ce qu’un jeune cuisinier, Kevin Perdigues, aura préparé pour l’occasion. Verrines, toasts aux saveurs originales, vin frais… Notez bien le numéro, 06 42 81 14 92, de ce traiteur indépendant qui a appris au contact des grands, le Royal Monceau, le Ritz, les frères Pourcel et qui a régalé Coye-la-forêt ce jour-là.
Depuis ce jour, les réservations sont ouvertes sur le site du Festival. Indispensable si vous ne voulez pas être privé du spectacle que vous vouliez voir absolument… et qui pourrait, le jour venu, être étiqueté COMPLET !
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