Le Misanthrope (vs politique)
d'après Molière
La Vallée des Arts
mise en scène : Claire Guyot
Le Misanthrope aborde l’histoire d’amour entre Alceste et Célimène. Quoi de plus banal ! Cette pièce écrite en 1666 suscite toujours des interrogations. Molière la désigne comme une comédie, mais est-ce vraiment une comédie alors que les personnages sont d’une vérité criante teintée de tragique ?
En situant la pièce dans un contexte politique et en utilisant un décor très contemporain, n’hésitant pas à introduire le portable et ses nombreuses fonctions, Claire Guyot, la metteure en scène, met en avant les gesticulations autour des hommes du pouvoir. Ces hommes de l’ombre qui, bien souvent, emploient la langue de bois, la corruption et la flagornerie au service des leaders politiques.
Molière les dépeint sous les traits de petits marquis et autres personnages sans envergure frisant la bêtise, tant par leurs propos que par leurs façons de se comporter, froissant fortement Alceste toujours prompt à leur dire leur quatre vérités (qui ne sont toujours pas bonnes à entendre).
Le Misanthrope, comédie en 5 actes, nous montre un Alceste, parfaitement interprété par le comédien Pierre Margot, qui n’a aucune pitié pour la comédie humaine. Il y dénonce l’hypocrisie, la couardise et la compromission qui se jouent à chaque instant autour de lui.
Alceste aime Célimène coquette et médisante jusqu’à ce qu’il se rende compte de ce qu’elle représente réellement, c'est-à-dire une femme libre de ses actes, pas toujours en accord avec la façon d’être de son amant. A la fin de la pièce ils se sépareront dans l’impossibilité de construire un amour véritable.
Le public fidèle du festival ne s’y est pas trompé. Attentif au beau texte de Molière, il a manifesté son enthousiasme lorsque les lumières se sont éteintes récompensant ainsi les comédiens de leur belle prestation.
Ces huit comédiens qui se sont saisis de la langue de Molière avec brio, ont démontré qu’il était possible de parler en vers sans que cela nuise à la compréhension de la pièce.
En face d’un langage, de nos jours de plus en plus édulcoré, l’alexandrin ne serait-il pas un remède pour redonner à notre langue toutes ses lettres de noblesse ? A méditer !
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2 commentaires
Commentaire de: Marie Louise Membre
Commentaire de: Jacqueline Visiteur
Le spectacle est criant de vérité : ah ! les piles de parapheurs ! ah ! les petits marquis ! la vulgarité sous le costume trois pièces ! comme j’ai bien reconnu là mes anciens collègues !
Je n’éprouve aucune nostalgie, vraiment, pour ce monde hypocrite et malveillant.
Une soirée étincelante ! Excellence des acteurs,esthétique des décors. Rouge, noir,argent.Chaque élément du décor est signifiant. La méridienne de velours rouge pour la sensualité,le bureau pour les affaires et les jeux d’influence.
La mise en scène donne une profondeur aux personnages, notamment à Alceste dont on perçoit la souffrance,à Célimène qui incarne un très beau personnage de femme : non,elle ne se sacrifiera pas, même si elle en doit en avoir le coeur déchiré.
Comme le texte de Molière est beau quand il est dit avec cette conviction et cette fluidité!
Bravo à tous,les marquis aux sourires carnassiers dans leurs costumes trois pièces bien repassés, à Arsinoé si chic dans son ensemble ajusté, aux petits pas comptés… A Éliante à la voix claire et joyeuse,à Philinte flegmatique comme un Anglais!
Bravo pour votre talent,votre travail et votre énergie.
Ce fut un plaisir de vous entendre.