Bintou, de Koffi Kwahulé
Laëtitia Guédon nous emmène en voyage, où la musique et la voix envoûtantes du messager Dâwa Litaaba-Kagnita nous accompagnent.
Annabelle Lengronne, d'une beauté saisissante, toise le monde et le monde lui appartient. Elle fait de son personnage d'adolescente une créature sans âge, impudique et sans concession. Un animal sauvage qui se bat dans un monde sauvage. Voilà bien le mot: animalité. L'écriture de Koffi Kwahulé, splendeur de rythme, de poésie et de brutalité, porte les comédiens et place le spectateur face à ses propres violences.
Magnifique!
Le jour de la représentation, l'équipe du spectacle a rencontré quelques accidents. P'tit Jean s'est ouvert le front en répétant, la comédienne principale jouait en béquille, et les comédiens n'avaient plus de train pour rentrer chez eux. J'ai moi-même raccompagné quelques-uns d’entre eux à Paris et rencontré particulièrement la très sympathique metteuse en scène Laëtitia Guédon. Elle m'a raconté l'histoire du projet, les difficultés à le monter, ses démarches pour le faire tourner en Afrique, son coup de foudre pour le texte, la recherche des comédiens, beaucoup d'amour et de courage pour offrir au public une pulsion de vie brute...une vraie rencontre comme on en rêve!
Lucy Samsoën
Sortie de spectacle
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2 commentaires
Commentaire de: Benoit Visiteur
Commentaire de: Jacqueline Chevallier Membre
Comment dire ? Il y a quelque chose qui me gêne dans cette pièce. On nous présente Bintou comme rebelle, “bousculant les traditions et les interdits en quête de sa liberté". Moui… Je vois dans sa relation à la société une jeune fille qui flirte avec la délinquance, voire avec la criminalité ; je vois de la violence gratuite, pas de la révolte. Dans ses rapports aux garçons il y a de la volonté de puissance, de l’emprise, de la fascination et du jeu de pouvoir, pas de l’amour. Rien de positif.
Il y a - chez l’auteur ou chez la metteuse en scène ? - de la complaisance à montrer la violence tel que c’est fait là, au premier degré, sans recul, sans distanciation et les trois personnages de la bande des Lycaons qui apparaissent dans les projecteurs nous sont présentés comme des héros. Or ce ne sont que des petits malfrats.
Ce qu’il y a de gênant dans cette histoire, c’est que l’art narratif (roman, cinéma, théâtre) fonctionne, qu’on le veuille ou non, sur le principe d’identification aux personnages. Et je ne suis pas sûre que, finalement, la pièce ne soit pas contreproductive, car si Bintou est également victime (effectivement victime des traditions et de la violence faite aux femmes), elle est présentée de telle façon qu’on est presque obligé de se défendre contre l’idée qu’après tout elle l’a bien cherché.
Au bout du compte,et quelles que soient les bonnes intentions des uns et des autres, cette pièce provoque des sentiments réactionnaires.
C’est ce principe d’identification qui fait que, s’agissant de l’histoire d’une fillette de 13 ans, de nombreux parents ont emmené leurs enfants. Les programmateurs du festival avaient indiqué “tous publics". Il s’agit là d’une erreur regrettable.
La mise en scène de ce texte incisif, qui chante les malheurs de l’assimilation et interroge celle du poids des traditions, manque cruellement de magie…
L’idée était bonne, le socle de la tragédie antique parfaitement adapté au contre chant africain, mais la réalisation pèche par son manque d’assimilation culturel, le jeu des acteurs n’est ici soutenu que par Dâwa et Aliou.
Ce ne sont pas les fils du temps qui ont été tirés, ni une ligne de vie qui s’efface, mais des bandes autocollantes blanches! Point de chants et danses comme espérés mais une cacophonie bien peu harmonique, une étrange vue socio-pathologique de la banlieue qui impose comme évidente la violence, sans structure dramatique ni esthétique
Très déçu par cette soirée, j’avoue n’avoir pas voyagé!