Téléphone-moi
De Jean-Christophe Dollé
Mise en scène : Clotilde Morgiève et Jean-Christophe Dollé
Production f.o.u.i.c
Brillante ouverture du Festival avec ce spectacle. Beau, tonique, violent et tendre, émouvant, exaltant et déchirant… comme le sont parfois nos vies.
L’auteur de la pièce, Jean-Christophe Dollé, sait tout faire, il crée du texte et de la musique, il joue. Et associée à la comédienne Clotilde Morgiève, il met en scène. Pour le spectateur le talent de comédien est essentiel, au centre du spectacle. Et nous avons eu la chance de vivre deux heures avec quatre acteurs talentueux, vivants, énergiques, qui ont fait exister des personnages dans lesquels nous nous sommes retrouvés. Je ne me priverai donc pas de saluer aussi Solenn Denis et Stéphane Aubry, également occupants provisoires de cabines téléphoniques.
C’est une histoire simple qu’ils disent dans leurs cabines, une histoire de vie, une histoire de famille, des grands-parents à la petite fille, qui elle-même s’apprête à devenir mère. Cinquante ans défilent sur scène, comme les pages d’un livre. Trois années sortent de l’ombre, points de repère dans le déroulement de ces vies, trois époques, représentées par trois cabines téléphoniques : 1945 la libération de Paris, 1981 l’élection de François Mitterrand, et enfin 1998, l’exploit de l’équipe de France de football.
La Musique et la bande son accompagnent la marche du temps — bruits de bottes, roulement d’un train, cris de liesse, hurlements de passionnés de foot, hard rock, La Norma à l’opéra…
Sur fond de marche du monde et de l’histoire, à l’écart des rassemblements de foules, il y a les solitaires dans les cabines. Les éclairages les isolent, celui qui appelle ou qui attend l’appel. On y entend des histoires de solitude, de drames familiaux, de liens qui se sont coupés. A nous de retrouver ces liens dans les dialogues qui s’entrecroisent et font fi d’une chronologie linéaire. Les lignes sont brisées. Et dans cet éclatement la cabine devient ainsi un nid, un refuge, une chambre, un abri dans la rue. Eclairées tour à tour, plongées dans le noir, elles dessinent sur scène des tableaux. Parfois une bougie y vacille, parfois un éclair éblouit. On y crie, on y chuchote, on y hurle sa douleur et sa colère, on appelle au secours, on rit aussi, on y fait des rencontres, on y connaît l’amour… La cabine est devenue le monde où se concentre la vie.
Le public de Coye-la-forêt a vibré et a énergiquement applaudi les comédiens comme la réalisation du spectacle. Il faut dire que la troupe est très appréciée à Coye-la-forêt où elle a déjà produit deux autres pièces de Jean-Christophe Dollé : « Mangez-le si vous voulez » en 2014, et en 2021 « Je vole… et le reste je le dirai aux ombres.»
Le texte de la pièce est édité aux éditions Les cygnes et disponible avant spectacle sur le stand de la librairie du festival dans l’entrée du Centre culturel.
Retrouver dans coye29 :
http://coye29.com/blogs/blog2.php/2014/05/24/mangez-le-si-vous-voulez
Lien vers la galerie photo : Téléphone-moi, de Jean-Christophe Dollé
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