Le papier peint jaune
de Charlotte Perkins Gilman
Loin de l'hystérie de la veille ("La ligne solaire" – je n'ai trouvé personne qui ait apprécié cette pièce – s'il se trouve quelqu'un parmi les lecteurs qui l'ait "aimée", ce serait bien qu'il écrive un commentaire pour la défendre), loin des cris et de la fureur, nous avions avec " Le papier peint jaune" un très beau spectacle, une comédienne presque hiératique, très calme, très posée en tout cas, sans récrimination à l'encontre de son mari qui pourtant la séquestre, car c'est pour son bien, pour qu'elle se guérisse de sa mélancolie, loin du monde, dans une vieille maison louée, loin de tout. Telle nous apparaît la comédienne longtemps immobile, toute habillée de blanc, corsetée dans une robe romantique qui se prend et se prolonge dans les longs plis d'un drap blanc qui l'arrime au lit, à la chambre dont elle n'a pas le droit de sortir.
Elle est enfermée avec interdiction de voir du monde, interdiction de s'occuper, interdiction d'écrire. Et peu à peu elle sombre dans la folie, n'ayant pour seule occupation et pour seule compagnie que la contemplation du papier peint et les figures – des femmes prisonnières comme elle – que son imagination y fait surgir. Folle, oui , et cependant clairvoyante, car se laissant aller à ces hallucinations, elle se découvre elle-même comme séquestrée, asservie aux volontés de son mari et elle regarde avec lucidité sa propre condition.
Tout est beau dans ce spectacle : le costume, le dispositif scénique, la lumière, la comédienne à la diction claire et à la gestuelle élégante. Et si le théâtre est aussi un art visuel, là nous sommes comblés : très belle image de cette femme en blanc, qui s'élève, s'élève sur la paroi d'un mur ocre où s'accrochent des branches, son immense robe de drap se déroulant sous elle, jusqu'à en faire comme une icone, une reine blanche, une apparition...
Magnifique spectacle, plein de noblesse et de dignité. L'image finale reste gravée en nous comme un très beau tableau.

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