Projet cœur de ville : Tout est décidé, mais il ne faut pas le dire
Réunion publique du 28 juin 2016
« Rien n’est décidé. » C’est le leitmotiv que monsieur le maire reprend depuis bientôt deux ans et par lequel il ouvre la réunion publique du 28 juin en salle Claude Domenech. « Rien n’est décidé, reprend-il, avant que le Conseil municipal entérine le projet. » Mais ce n’est pas une révélation, monsieur le maire, c’est même une évidence ! L’engagement des finances publiques ne peut se faire qu’après un vote du Conseil municipal. Or, lorsque le maire demande au Conseil de voter un point mis à l’ordre du jour, la décision a déjà été prise en commission et il est bien évident que le projet est voté par sa majorité, même si quelques élus d’opposition se manifestent (et même si des élus de sa propre majorité expriment quelques réticences). Ainsi, après avoir répété avec force en réunion publique que « Rien n’est décidé », il est certain que si le projet de délocalisation de l’école du Centre est mis à l’ordre du jour du Conseil municipal à l’automne, comme notre maire l’a annoncé, au cours de la réunion publique, dans La Lettre de Coye du mois de juillet et dans Le Parisien libéré ce vendredi 8 juillet, cela signifie qu’il sera voté et qu’il n’y aura plus d’école au centre du village.
Évidemment, il serait possible en septembre, l’été portant conseil, qu’au sein de la majorité plusieurs élus manifestent fermement leur opposition au projet et que le maire, ne se sentant pas suffisamment soutenu, renonce à mettre le sujet à l’ordre du jour du Conseil. On peut rêver… Mais nous n'y croyons pas. Notre maire depuis le début tient un double langage.
Revenons au déroulement de la réunion de ce 28 juin.
Les Coyens sont venus très nombreux. François Deshayes est entouré des responsables de la Société d’Aménagement de l’Oise (SAO) et des bureaux d’études Cap Terre et Protourisme qui prendront la parole pour commenter la projection de schémas. « Le projet a été affiné depuis la réunion publique du 8 octobre 2015 (1), dit le maire, et le comité de pilotage a retenu un scénario. À la suite d’une réunion plénière des élus, des aménagements ont été faits. Le but de la réunion d’aujourd’hui est d’apporter d’éventuelles modifications au projet. Nous travaillerons sur le sujet pendant l’été et à la rentrée de septembre pour qu’en octobre ou novembre la décision définitive soit prise en Conseil municipal. Le projet engage pour des années et aura des conséquences financières. Peut-être dira-t-on finalement : on ne fait rien. Aujourd’hui nous présentons la réflexion qui a duré un an autour de deux axes : le centre ville et les écoles (rénovation, transfert ou reconstruction). Nous sommes là pour vous écouter et vous répondre. Notre but est que vous ayez toutes les informations sur le sujet. »
Séance de projection
La projection de schémas commence alors. Ces documents, dit monsieur le maire, seront disponibles sur le site de la mairie et la version papier consultable en mairie. « L’état des lieux du cœur de bourg fait apparaître, poursuit le représentant des bureaux d’études, trop de voitures sur la place. » Il rappelle la nature du projet : redynamisation urbaine, touristique et commerciale du cœur de bourg. Ainsi le schéma d’aménagement est-il présenté sur le dessin d’une vue du centre à vol d’oiseau. En supprimant grillage et muret qui font face au Régent, on attire le regard, dit-il sur les commerces qui prendront place au rez-de-chaussée de l’école. De même pour se rendre au futur emplacement de la bibliothèque sera-t-on obligé de passer devant ces commerces.
Le long de l’église, une ouverture de rue vers le quai du Chardonneret offrira des places de stationnement et desservira un groupe de six logements individuels mitoyens (à la place des quatorze logements collectifs prévus par Oise Habitat).
Les étapes de la réalisation
Quelles étapes pour ce schéma d’aménagement retenu par le comité de pilotage (il aurait été bon de rappeler quelles personnes constituent ce comité) ?
La première étape est bien connue : la supérette de 320 m2 et la location du 48 Grande rue (50m2), où se tiendra probablement une épicerie fine. On voit déjà sur le schéma projeté que le muret et la grille de l’école sont partis, remplacés par un espace vert qui jouxtera l’épicerie.
Deuxième étape : On ne touche pas à l’école, entend-on ! Pas encore, faudrait-il ajouter.
Le projet Oise Habitat, près du presbytère, est remplacé par un programme moins dense que prévu et de standing supérieur : six logements individuels avec jardinets sur une emprise foncière totale de 954 m2. Apparemment monsieur le maire pense (ou espère ?) que la Cour d’appel se prononcera contre le projet de Oise Habitat… Car il a bien envie d’ouvrir cette route vers le quai — il le dira —, pour gagner des places de stationnement. Les riverains du quai seront ravis. Si le projet Oise Habitat aboutit, la liaison vers le quai du Chardonneret n’aura pas cette ampleur, ce sera un passage piéton.
Troisième étape : Transfert de l’école
- 10 nouveaux logements sur cet emplacement, en utilisant le potentiel du volume de l’école, viendront s’ajouter aux quatre logements déjà existants.
- 7 commerces possibles sur 400 m2,
- 1 bibliothèque de 150 m2,
- un total de 48 places de stationnement.
Le commentateur ajoute : la place de la mairie ne changera pas, elle sera réorganisée (80 000 €) pour mieux l’ouvrir vers un « cœur de bourg commercial ». Vous avez remarqué les variantes de vocabulaire ? Les spécialistes des bureaux d’études disent « cœur de bourg », la mairie préfère « cœur de ville » et les opposants « centre ville ». Comme quoi les mots disent une appartenance.
L’option de l’auberge a été abandonnée, le projet mieux étudié montre que l’opération envisagée un temps n’était pas rentable, voire complètement irréaliste. Mais on peut lier le développement du tourisme dans le village à l’augmentation du nombre de commerces, nous dit-on pour rassurer les Coyens désireux d’attirer les touristes dans leurs rues.
Le réaménagement de la place et la création d’une voie nouvelle (170 000 €) vers le quai sont estimés à 412 000 €.
Un autre schéma montre le « fonctionnement du cœur de bourg à long terme ». On constate que venant de la rue de l’Abreuvoir, on peut traverser la place, emprunter le long de l’église la nouvelle voie, et filer vers le quai du Chardonneret au bout duquel on aboutit au début de la route des Étangs. Habile contournement de la Grande rue utile aux heures de pointe. La voiture décidément n’épargnera pas la place de la Mairie.
Trois séances ont réuni les « ateliers » depuis juin 2015 : les habitants consultés apprécieraient le pôle commercial du cœur de bourg (font-ils déjà leurs courses dans le centre ville ?), ont pensé à la possibilité d’implanter un marché ponctuel sur la place (ne vaut-il pas mieux fréquenter le marché actuel qui dépérit ?) et trouvent intéressant l’emplacement de la bibliothèque au fond de la cour, qui serait un « appel » à fréquenter la zone. Le livre au secours du commerce !
La supérette
Le choix de l’enseigne est essentiel, il faut se positionner sur une « bonne image » pour Coye-la-forêt, nous dit-on, ne pas s’orienter vers des produits bas de gamme. Le commentateur cite alors une série d’enseignes possibles. En choisir une qui pourrait aussi proposer des services comme la livraison à domicile. Dans Le Parisien, monsieur le maire nous apprend que des négociations sont en cours avec DIA, Carrefour et Casino et que l’ouverture serait espérée début 2018.
Le commerce du 48 aura son importance, dit le responsable des études : il devra avoir une image qui soit un appel vers la place et les futurs autres commerces.
Intervention dans le public : Y a-t-il eu des études de marché pour voir si ces futurs commerces sont viables ?
La réponse n’est pas donnée… Peut-être sont-ils tout aussi irréalistes que l'était l'auberge. On construit tout un projet sur des idées non étayées, non vérifiées, sur des « Ce serait bien »…
Le phasage des travaux
Apparemment une option de phasage avait été envisagée. Une autre apparaît in extremis, après la réunion plénière de tous les élus sur le sujet, début juin (ce dont l’un d’eux s’étonne).
Solution 1 :
2017-2019 : travaux aux Bruyères, niveau primaire, installation de préfabriqués ;
travaux dans la maternelle ;
2019 – 2022 : ouverture d’une voie vers le quai du Chardonneret ;
2020 – 2022 : construction des extensions aux Bruyères, en primaire et maternelle ;
2022 – 2025 : déménagement de l’école du Centre.
Solution 2 : Les travaux commencent, non par la rénovation des locaux des Bruyères, mais par leur extension.
Cette solution implique la décision rapide du transfert de l’école (au Conseil municipal d’octobre ou de novembre) et évite la location de préfabriqués.
Interventions du public
Maurice Delaigue se présente : « Vous me connaissez, vous savez combien l’histoire de Coye m’a intéressé, et j’aurais trouvé juste que, sur un projet qui modifie à ce point la physionomie du village, on demande aussi l’avis de quelques historiens. Il me semble que l’on oublie l’essentiel : les gens, le côté humain. On parle de l’école comme d’un bâtiment. Ce qui compte ce sont les enfants, car ils créent l’animation du centre ville. Ce projet, qui veut faire une plus grande place au commerce, ne va pas dans cette direction. Il n’est pas réaliste. Moi, je fréquente les commerces de Coye. Vous, dans la salle, le faites-vous ? Êtes-vous prêts à dire : J’irai faire toutes mes courses dans la supérette ? »
Aucune réponse, quelques remous dans la salle…
François Deshayes donne la parole à un autre intervenant :
- Monsieur le maire, avez-vous le projet de placer dans le centre les commerces actuellement excentrés ?
- Vous pensez sans doute à la fleuriste, répond le maire. On lui a déjà proposé le local du 48. Cela ne l’a pas intéressée. Elle préfère rester place Blanche.
Nous avons souhaité ne pas accepter de commerces de même nature que ceux qui existent déjà. Nous avons eu quatre propositions. La personne qui va s’installer au 48 investit 40 à 50 000 €.
- Les commerces que vous allez créer seront-ils viables sur une longue durée ?
- Je ne peux le garantir. On a envie d’y croire.
Yves Dulmet, maire-adjoint en charge de l’urbanisme, ajoute : Nous aurons prochainement une épicerie fine et un coiffeur.
- Serait-il possible de réunir les deux écoles sur le terrain du presbytère ?
- Non, répond François Deshayes, la surface est insuffisante.
- Y a-t-il eu une étude précise sur le développement commercial ? En vingt ans, nous avons vu les commerces fermer les uns après les autres. En connaît-on les raisons ? Je pense qu’il faudrait une étude sérieuse sur ce point.
L’agrément de Coye est exceptionnel, et je pense qu’il faut le maintenir absolument. Cette place de la mairie est pleine de charme, il faut laisser à Coye son originalité. De plus, il n’est pas du tout certain que les Coyens qui font actuellement leurs courses en dehors de Coye modifient leurs habitudes et viennent les faire à Coye.
Yves Dulmet : Il suffirait que les habitants augmentent leurs achats à Coye de 6% pour que le projet soit viable. Depuis quelques années, on remarque que les supérettes de quartier fonctionnent bien.
- Trouvez-vous que le commerce soit un but au nom duquel il faille transformer le village ? Il n’est pas du tout évident que les gens aillent faire leurs courses dans les commerces qui ouvriront.
François Deshayes conclut cette partie des échanges : Nous avons demandé aux commerçants de Coye si le transfert de l’école serait dommageable pour eux. Pas du tout, ont-ils dit, la présence de l’école au centre ne leur apporte rien.
Deux solutions : le temps de la réflexion ou la précipitation
Monsieur le maire poursuit son exposé et rappelle des chiffres déjà donnés lors de la réunion publique d’octobre : la simple rénovation des deux écoles coûterait environ 4 400 000 € HT. Nous devrons faire tous ces travaux dans un délai de six ans maximum, même si l’on ne transfère pas l’école du centre.
Pour le scénario retenu, nous avons deux solutions :
Avec la solution 1 :
- nous commençons par la rénovation de l’école des Bruyères,
- puis construction de l’extension de l’école des Bruyères,
- enfin déménagement de l’école du centre et installation de commerces, logements, parkings.
Avec la solution 2 :
- nous commençons par la création de cinq nouvelles classes aux Bruyères
- puis réhabilitation de six classes primaires
- et réhabilitation de la maternelle.
Nous avions prévu d’attendre un peu pour lancer l’implantation de commerces à la place de l’école, et voir ce que donneraient les deux nouveaux commerces de la Grande rue. Mais compte tenu du coût de la rénovation des deux écoles, on s'est demandé si on ne pouvait pas en même temps, à coût équivalent, rénover les Bruyères et transférer l’école du Centre pour y implanter des commerces ? Car dans la solution 2, au lieu de commencer par la rénovation des Bruyères, on commence par la construction de nouvelles classes, et on économise l’installation de préfabriqués, soit 250 000 €.
Les interventions du public reprennent
- Monsieur le maire, vous dites que rien n’est décidé, j’en doute fort. D’abord si l’on en juge par la place tenue par l’école dans les divers schémas et pistes de réflexion. Par exemple, au cours de la projection de documents très nombreux, j’ai vu que l’un d’eux était intitulé « Avis émis lors du dernier atelier École », et j’ai remarqué que fort peu d’avis portent sur l’école elle-même. Il y est question de stationnement et de commerces. À peine y parle-t-on des nuisances des travaux pour les enfants.
Je trouve très intéressant l’aménagement d’un passage vers l’étang. Le premier constat de l’étude dévalorise la place de la Mairie : ce n’est pas un lieu de promenade, la voiture y est trop présente, dit-on. Or, de ce passage vers l’étang qui aurait été une agréable promenade pour piétons, vous faites une route et un parking.
Par ailleurs, vous dites que rien n’est décidé, mais vous savez très bien que si la décision est mise au vote pendant un Conseil municipal, le projet sera adopté.
Enfin, vous pariez sur une augmentation de 6% des achats dans les commerces coyens. Rien ne permet de croire que cela se passera ainsi. Vous dites aussi ne pas pouvoir garantir que les commerces seront viables pendant une certaine durée, et il est évident en effet que vous ne pouvez le faire. Vous faites donc reposer le bouleversement du village et le transfert d’une école sur deux vœux pieux.
Réponse de monsieur le maire :
- Je suis d’accord avec vous, il est peut-être dommage de faire une route le long de l’église pour rejoindre l’étang. Mais les clients aiment stationner au plus près des commerces. Si l’on ne fait pas ces parkings, ce sera donc un frein pour les commerces. (Il n'y en a décidément que pour le commerce ! place à la voiture ! la tranquillité des riverains, la qualité de vie, le charme et l'authenticité du village, tout cela ne compte pas)
Monsieur le maire poursuit : Vous doutez quand je vous dis que rien n’est décidé, mais je le maintiens. La décision revient au Conseil municipal, et je vous assure que nous ne sommes pas toujours d’accord entre élus. Beaucoup de discussions ont lieu sur le sujet. Mais globalement le projet reçoit une adhésion, même en dehors de notre groupe.
- Y aura-t-il un referendum sur le projet ?
- Non, affirme François Deshayes
- Je n’ai pas entendu parler de l’implantation de cabinets médicaux.
Réponse : Ce serait tout à fait possible à la place des logements à l’arrière de l’école.
Yves Dulmet ajoute : Pour un cabinet médical il faut 200 m2… et il faudra une nouvelle équipe avant la fin de l’année.
- Le Centre de bien-être à l’entrée de Coye fonctionne-t-il correctement ?
Réponse : Oui, mais l’Ordre des médecins n’accepterait pas que des médecins libéraux s’y installent. Yves Dulmet explique en s’amusant : le médecin ne fait pas dépendre une prescription du calendrier lunaire. (Vieille méfiance du corps médical à l’égard des médecines douces ou alternatives…)
- Et la bibliothèque ?
Réponse : Une surface de 150 m2 est prévue. La bibliothèque occupe actuellement 50 m2. Si on ne lui donne que 90 m2, il reste 60 m2 pour la Poste, ce qui serait suffisant car elle n’utilise pas aujourd’hui la totalité de sa surface. Nous pourrons alors déplacer la Poste à côté de la bibliothèque, et créer d’autres commerces à la place de l’actuelle Poste.
(Il est curieux que l’on ne donne pas à la bibliothèque les 150 m2 qu’elle pourrait occuper, étant donné la fréquentation importante des lieux par les écoles et par l’ensemble des lecteurs. Les 50 m2 actuels sont extrêmement réduits. Aucune salle de travail, rayonnages très insuffisants, ni ordinateur pour le public, ni photocopieuse. L’actuelle bibliothèque a beaucoup de charme. Le terrain voisin, à l’arrière de la mairie, permettrait un bel agrandissement. Y a-t-on pensé ?)
Agnès Riffaut : Je suis la future directrice de l’école du Centre. La réunion des deux écoles présente des avantages, dites-vous. Or, nous avons la chance d’avoir deux petites écoles. Ce que l’on regrette dans un grand groupe scolaire, c’est un accueil moins performant pour les enfants. Le travail d’équipe y est moins facile, car les enseignants se connaissent moins. (Deux petites écoles au lieu d'une seule grande, c'est autrement confortable pour les enseignants, pour les parents et pour les enfants. Moins de bruit dans les couloirs, moins d’agressivité dans la cour, des relations facilitées, une atmosphère quasi familiale.)
- Les représentants des enseignants, les directrices d’école et les parents d’élèves ont pourtant adhéré au projet, répond François Deshayes. (Où l'on voit que l'avis de la directrice d'école n'est intéressant que s'il est conforme au souhait du maire.)
Alain Mariage, conseiller municipal : Le projet s’appuyait sur une phase d’observation et de réflexion sur le devenir des commerces. Cette phase sera supprimée si la solution 2 est adoptée. Je regrette que celle-ci n’ait pas été présentée en réunion plénière. De même le projet était conçu avec celui de Oise Habitat qui paraît enterré. De quatorze logements on passe à six. Que deviennent les logements sociaux qui étaient prévus ? Par ailleurs, qu’en est-il du plan de circulation vers les Bruyères et le chemin des Loups ? L’approche budgétaire du plan de circulation n’a pas été vue non plus.
- Nous n’avons trouvé que récemment cette solution 2, dit le maire, et même tardivement il est intéressant de la présenter. En juillet 2014, le permis de construire délivré à Oise Habitat a été annulé pour les quatorze logements prévus près du presbytère. La commune et Oise Habitat ont fait appel auprès de la Cour administrative d’Appel de Douai (3). On devrait savoir très prochainement quelle sera sa décision.
Entre temps, nous avons fait ce nouveau projet. Si la Cour d’appel confirme l’annulation du permis de construire, Oise Habitat deviendra propriétaire du terrain (le propriétaire actuel étant l’EPFLO qui porte le foncier pour les bailleurs sociaux). Nous avons déjà discuté de la suite : nous ferions un échange de terrain avec Oise Habitat en leur proposant un autre terrain pour des logements sociaux et nous garderions celui du presbytère pour les six logements individuels de notre projet.
Pour l’instant, nous attendons.
(Monsieur Deshayes ne précise pas où se trouverait l'autre terrain proposé en échange : il était intéressant que les quatorze logements sociaux prévus par Oise Habitat se trouvent dans le centre de la ville, ce qui permettait une meilleure mixité sociale, alors que l'implantation vers la périphérie renforcerait le zonage.)
Le problème de la circulation : deux accès aux écoles sont prévus, explique le maire. L’un, pour les 130 élèves de maternelle, à l’arrière. Les places de stationnement sont nombreuses pour les parents. L’autre, pour les élèves de primaire, se situerait chemin des Loups. Beaucoup d’enfants vont seuls à l’école et les autres sont simplement déposés par le parent qui reste en voiture et n’a pas besoin de stationner. Donc, tout cela ne nécessite pas de gros travaux de voirie.
Une personne fait remarquer que cela fera beaucoup de trafic le long du chemin des Loups.
Yves Dulmet : Le phasage 1 a été totalement présenté en réunion plénière. Nous exposons aujourd’hui le phasage 2. Nous aurons donc à voter en Conseil pour le choix du phasage 1 ou 2.
(Ne pas oublier qu’avant de voter pour un phasage, il faut surtout voter pour un projet, le maintien de l’école ou son transfert.)
- A-t-on une idée quant à l’évolution démographique à Coye ?
Réponse de Sophie Descamps, maire-adjointe en charge des affaires scolaires : Il y a beaucoup de mouvements, mais l’effectif est stable. Difficile de savoir pour les années à venir.
- Avez-vous chiffré l’économie de fonctionnement ?
Réponse : Bien sûr l’objectif est aussi celui-ci. Mais nous ne l’avons pas chiffré. Il y aura d’abord une économie pour l’Éducation Nationale. Actuellement en primaire il y a deux postes de direction, il n’y en aura plus qu’un.
- Avez-vous envisagé la construction des écoles sur le terrain de l’impasse aux Cerfs (terrain de 7 000 m2 acquis en 2015 par la commune) ?
- On aurait pu mettre les maternelles impasse aux Cerfs et les primaires aux Bruyères. Mais nous avions le souhait très fort de regrouper les deux écoles au même endroit. Et la circulation aurait été difficile pour l’accès à l’Impasse aux Cerfs.
Conclure
La soirée se termine sur un constat amer. Il n’a été question que de commerce. Rien sur les enfants, leur place et leur rôle dans le village. Or, une partie d’entre eux passent leurs journées dans le centre. Leurs jeux dans la cour pendant les récréations donnent de la joie à la rue. On les rencontre souvent en rang quand ils vont à la bibliothèque, au stade, à la cantine, au périscolaire. On salue au passage les accompagnateurs et les enseignants. Après l’école, les parents et les nourrices discutent sur la place, s’arrêtent au café, font quelques courses en même temps. C’est de la vie, non ? En semaine, c’est la seule animation visible pour la population non active.
Tout cela s’envolera !
« Rien n’est décidé » mais depuis septembre 2014 (2) le projet de la redynamisation du commerce repose sur un postulat : il n’y aura plus d’enfants dans l’école du centre du village. Parmi la multitude de scénarios présentés par les bureaux d’études à la première réunion publique en octobre 2015 (1), aucun d’eux n’envisageait le maintien de l’école. Cherchez l’erreur. Pour couper court aux critiques qui s’étaient élevées alors, un scénario zéro a ensuite été ajouté (notes 4 et 5). Le moins que l’on puisse dire, c’est que le scénario zéro (maintien de l’école du Centre) a été totalement ignoré pendant la réunion de ce jour.
À entendre monsieur le maire, les membres des ateliers, les enseignants, les parents, les commerçants trouvent parfait de placer les enfants à la périphérie : il faut davantage de commerces à Coye. Mais pourquoi ? Si tant de commerces ont fermé, c’est que les clients ont déserté, ils ont pris d’autres habitudes de consommation. Un investissement important a été fait par la commune pour rénover le marché. Belle construction qui devait attirer le chaland. Le contraire se produit, le marché perd des clients. Il est bien triste de voir les allées désertes le mercredi matin, et peu remplies le samedi… même si des produits locaux sont à l’étalage.
Coye-la-forêt n’est pas sur le plateau du Larzac, ni isolé dans la lande bretonne. Quantité de magasins sont à l’entour, il n’y a que l’embarras du choix à dix minutes de Coye. Et le village dispose déjà de commerces de première nécessité.
La mode est au bio. Il faudrait donc une épicerie bio à Coye, lit-on dans les suggestions des ateliers. Mais il y en a une à Lamorlaye et une autre à Chaumontel. S’il y a à Coye une petite supérette (celle qui est en place) une supérette de 320 m2 (qui est prévue en 2018), une épicerie fine (qui ouvrira en septembre), faut-il, en plus, un marchand de primeurs et une épicerie bio ? Est-il certain que tous pourront vivre ? Vous avez dit librairie-papeterie ? Il y en a une à Lamorlaye et une à Orry. Celle de Chantilly n’a pas survécu et a été remplacée par un café. Rien ne peut donc garantir que les commerces seront viables. Rien ne garantit que la supérette, après quelques années, ne cèdera pas la place à une entreprise de pompes funèbres, une agence, une société de services, une banque, un restaurant ? Alors faut-il modifier la physionomie d’un village pour un tel pari : évacuer l’école pour que peut-être, mais rien n’est moins sûr, sept nouveaux commerces y prospèrent ?
On pourrait imaginer que devant le constat peu engageant que le bureau d’études a fait de Coye-la forêt – pas de commerces, la place livrée aux voitures — plus personne n’ait envie d’y vivre. Pas du tout, les chiffres sont en hausse : nombre d’habitants et prix de l’immobilier. Aucun des villages alentour n’est doté d’une place centrale aussi agréable que celle de Coye, ni Orry-la-ville, ni Lamorlaye, ni Chaumontel, ni La Chapelle-en-Serval, ni Pontarmé… De nombreux jeunes ménages viennent de Paris pour s’installer à Coye avec leurs enfants. Ils le font en toute connaissance de cause, préférant la qualité de vie à un dynamisme commercial, sachant aussi qu’il existe deux groupes scolaires à Coye et que cette richesse est un atout (en cas de difficulté, de quelque ordre qu’elle soit, un enfant peut changer d’école sans avoir à emprunter des transports vers une autre commune), sachant que la petite taille de ces écoles offre des conditions optimales au bien-être des enfants, sachant enfin que la vie associative est très dynamique à Coye et que les enfants, comme les parents, trouvent des activités et des sorties à proximité de leur domicile. Car tous les dynamismes ne sont pas commerciaux.
Dans le Conseil municipal du 26 février 2016 (notes 4 et 5), monsieur le maire avait laissé espérer que la question du transfert de l’école resterait en sommeil pendant encore trois ou quatre ans, le temps de voir ce que deviendraient la supérette et le petit commerce du 48. Cela avait paru une sage décision. Pour un projet de cette envergure, il est judicieux de prendre son temps et de réfléchir. Et voici, que tout à coup, on nous dit : « Rien n’est décidé aujourd’hui… tout se décidera en automne. » Il faudrait dire : Tout est décidé aujourd’hui, le Conseil votera le projet en automne. Place aux promoteurs pour des maisons individuelles, une nouvelle route, boutiques, voitures, parkings et logements dans les locaux de l’école.
Exit les enfants…
Liens :
- Réunion publique du 8 octobre 2015
http://coye29.com/blogs/blog2.php/2015/10/28/projet-ll-coeur-de-ville
- Conseil municipal du 26 septembre 2014 – Point 8 : projet « Cœur de ville »
http://www.coyelaforet.com/vie_municipale/iso_album/cr_cm_260914.pdf
- Conseil municipal du 20 juin 2014, point 11. Cour d’Appel de Douai
http://www.coyelaforet.com/vie_municipale/iso_album/cr_cm_200614.pdf
- Conseil municipal du 26 février 2016 (compte rendu de coye29)
http://coye29.com/blogs/blog2.php/2016/03/10/debat-d-orientation-budgetaire-2016#more817
Voir le paragraphe « Aménagement Cœur de ville » où les propos du maire sont rapportés.
- Conseil municipal du 26 février 2016 page 41 (compte rendu officiel sur le site de la mairie)
http://www.coyelaforet.com/vie_municipale/iso_album/rob_dob_2016_version_160216.pdf
A noter, le scénario 0 du maintien de l’école du centre est bien consigné. Mais les propos du maire ne figurent pas au compte rendu.
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3 commentaires
Commentaire de: nathalie Visiteur
Commentaire de: Jacqueline Chevallier Visiteur
Une porte se referme qu’on nous avait dit entrouverte.
Au cours du conseil municipal du 29 janvier 2016 (voir compte rendu du 11 février 2016), était évoquée la commande d’un nouveau scénario à la société d’étude afin d’examiner l’hypothèse du maintien de l’école du Centre. Yves Dulmet, adjoint au maire chargé de l’urbanisme, est même venu expliquer aux membres du conseil d’administration de La Sylve (association coyenne soucieuse de notre environnement) qu’avant de prendre une décision, on attendrait de voir comment les choses évoluent avec l’implantation de la supérette, on verrait si les habitants modifient leurs modes de consommation, on s’assurerait que de nouveaux commerces ont une réelle chance de pouvoir prospérer durablement au centre ville ; il faut prendre le temps d’observer avant de conclure et de décider une opération lourde de type irréversible. Rien ne se fera, a-t-il dit, avant les prochaines élections et c’est à la prochaine équipe municipale qu’il appartiendra de trancher. Voilà qui semblait être la sagesse même.
En fait le scénario en question n’a jamais été présenté, n’a jamais été discuté. Et on voit bien depuis le début que derrière le leitmotiv « rien n’est décidé », demeure toujours la même obsession : il faut fermer l’école du Centre. Que va-t-on y mettre à la place ? On ne sait pas, quelque chose, n’importe quoi. En octobre la solution miracle, c’était une auberge, oui mais pas n’importe laquelle, une auberge “de qualité” ; et puis quand même, en y regardant d’un peu plus près, ça n’a pas semblé très réaliste. Exit l’idée lumineuse de l’auberge. En juin on nous propose la création de six commerces, rien moins, en plus de la supérette et de l’épicerie fine au 48 Grande rue (de ce que devient l’épicerie actuelle, plus personne ne dit rien). C’est tout aussi irréaliste que l’auberge, quand depuis plus de vingt ans, de façon régulière, continue et inexorable les commerces, quelle que soit leur nature, ferment les uns après les autres ; ça ne repose sur aucune étude sociologique sérieuse, ça coûte cher aux finances communales, mais ça ne fait rien, il faut fermer l’école du Centre ; il ne faut pas prendre le temps d’observer si les greffes de la supérette et de l’épicerie prennent bien, il ne faut pas attendre de voir si les vœux pieux ont le moindre ancrage dans la réalité, non, non, il y a urgence à fermer l’école du Centre.
Pourquoi cet acharnement ? Pourrait-on nous expliquer en quoi la vie des Coyens va se trouver améliorée par l’implantation de huit nouvelles boutiques en centre ville, en quoi cela pourra augmenter notre bien-être ou contribuer à notre bonheur. Cela va bien plutôt finir de tuer le marché et mettre sévèrement en difficulté les rares commerces existants qui sont arrivés à survivre. À ceux qui s’en inquiètent, il est répondu que la supérette devra être pensée en complémentarité avec les petits commerces, et non en concurrence. « Pensée », rêvée, peut-être. En pensée tout est possible. Mais en réalité ? Le gérant de la supérette fera bien ce qu’il veut ! Qui pourra lui interdire de vendre de la viande, de la charcuterie, du pain, du fromage, de l’épicerie fine, des fleurs, des produits de beauté ? Nos élus sont-ils adeptes de l’économie dirigée tout d’un coup? Je les croyais partisans de l’économie libérale.
On nous a expliqué qu’il fallait une supérette en centre ville pour que les personnes sans voiture puissent venir se ravitailler dans un commerce de proximité ; soit.
Maintenant on voudrait que les personnes qui ont une voiture puissent venir se stationner au plus près des commerces en centre ville mais ne franchissent plus les frontières de la commune pour aller se ravitailler à l’extérieur ; on imagine même, pourquoi pas pendant qu’on y est, que les habitants des villes alentour viendront faire leurs achats chez nous ! Ainsi on veut transformer en rue passante et en parking ce qui pourrait être une jolie promenade entre la place de la mairie et le quai du Chardonneret. Permettre aux gens de venir en voiture, faire quelques pas pour rentrer dans le magasin, ressortir, remplir leur coffre et repartir : est-ce cela dynamiser un cœur de ville ? Alors que partout, les centres villes créent des zones piétonnières ? À Coye-la-Forêt, on marche, mais sur la tête.
Le projet ne tient pas debout, il ne repose sur aucune analyse concrète. Quand on met en doute sa viabilité à long terme, monsieur le maire n’apporte pas d’arguments probants, de réponses étayées et sérieuses. Simplement, « il a envie d’y croire ». Comme les enfants au père Noël. Bien sûr, les belles histoires que l’on s’invente, on a tous envie d’y croire ; mais il faut quand même savoir que le réel est têtu. S’accrocher au principe de plaisir et refuser le principe de réalité : c’est le propre de la pensée infantile ou de la pensée délirante, ça ne peut pas être le mode de fonctionnement de personnes responsables en charge des affaires publiques et du bien commun.
Bouleverser la vie du village, en défigurer le cœur historique, créer une seule grande école quand on avait la chance d’en avoir deux petites, s’endetter lourdement, tout ça pour risquer de se retrouver dans quelques années avec des locaux désaffectés dont on ne saura que faire ? Je n’ose pas y croire.
Il y a déjà, de part et d’autre de l’agence immobilière du Lys (une des trois agences immobilières que compte notre petite ville), deux anciens locaux commerciaux actuellement vacants. Le Yaerling, café-dépôt de presse derrière la Poste, est à reprendre. Le 48 Grande rue est en cours d’aménagement. La supérette est à construire… Il y a déjà beaucoup à faire sans aller imaginer des plans invraisemblables.
Commentaire de: geneviève Visiteur
Merci pour le CR de la réunion municipale sur le Centre de Ville, je dis Centre, car comme je l’ai déjà dit le “coeur” ne fait pas de commerce. Merci aussi pour les interventions des Coyens présents et du commentaire de Jacqueline, que je partage totalement. Malheureusement, je n’ai pas pu y participer, et je suis contente de voir que d’autres ont posé les bonnes questions et fait les bonnes remarques… Un seul ajout : ça y est, je comprends à quoi vont servir les jardins occupés actuellement par certains habitants des HLM, et qui devinent déjà qu’ils ne pourront pas les garder, même pour 1 euro symbolique : ce terrain va servir de monnaie d’échange : “nous ferions un échange de terrain avec Oise Habitat en leur proposant un autre terrain pour des logements sociaux” dit le Maire, mais bien sûr, cela me semble maintenant évident… et puis, il vaut mieux regrouper les logements sociaux, n’est-ce-pas, plutôt que d’en envisager au “coeur” de ville ! je trouve tout cela bien triste !
En vous installant à Coye-la-Forêt, vous rêviez d’habiter sur un parking de centre commercial ? Pas de problème la Mairie s’en occupe…