Touche pas à mon POS, le nouveau badge du "Village Vert"
Avouez que pour une petite commune située au cœur d’une forêt de plus de 6.000 hectares, que les architectes de l’étude urbaine ont d’ailleurs joliment nommée « Village clairière », l’appellation « village vert » a de quoi surprendre. Son but est-il de purifier l’air ? Préserver l’eau ? Chasser le bruit ? Organiser des concours de balcons fleuris ? Ou bien, plus sérieusement, s’agit-il d’une nouvelle initiative écologique des Verts comme il se voit dans les grandes villes comme Paris, Lille ou Strasbourg avec « Strasbourg ville verte »? Non chers Coyens, car sur leur site « gougueulien » (http://sites.google.com/site/coyevillagevert, allez-y, y’a un joli dessin d’enfant … ), dès la première ligne de présentation, l’association s’affiche bravement comme non politique.
L’absence de coloration politique (j’allais dire chimique) de cette nouvelle association, sa grande précipitation à communiquer et la teneur des informations qu’elle distille appellent pourtant plusieurs réserves.
A commencer par celle-ci : comment peut-on s’opposer à un projet municipal, parler de développement durable et économique, vouloir s’associer aux réflexions en cours concernant l'adoption d'un PLU, vouloir mettre un pied dans la commission urbanisme, être un interlocuteur privilégié de la municipalité, tout cela sans faire de la politique au sens strict du terme? Qui me l’expliquera ?…
Ensuite, s’il fallait élargir la commission PLU à des associations intéressées par le sujet, comme l’a récemment proposé Philippe Vernier, ce serait un événement sans précédent à Coye-la-Forêt. Mais pourquoi notre édile envisage-t-il aujourd’hui, avec cette nouvelle association, ce qu'il a toujours exclu pour les autres ? Accepterait-il que notre association « Ensemble pour Coye », qui s’oppose toujours fermement au projet de vidéosurveillance, fasse partie de la commission Sécurité ?
Ce n’est certes pas nous qui condamnerions cette perspective d’ouverture de la part de la municipalité mais il nous semble ici que l’association « La Sylve » aurait davantage de poids, de connaissance et de légitimité auprès des Coyens. Son but n’est-il pas depuis près de 20 ans de protéger et mettre en valeur notre patrimoine naturel et culturel?
Comme dirait Guy Decamps ( Lettre de Coye-la-Forêt de mars 2009) qui s’intéresse lui aussi beaucoup au foncier, et qui connaît bien certains membres fondateurs du « village vert » pour les avoir présentés sur sa liste électorale en mars 2008, il faut pratiquer le grand écart... D’ailleurs, soit dit en passant, ce n’est pas le grand écart que pratique Guy Decamps dans sa dernière tribune libre, mais le strabisme divergent. C’est plus grave qu’une déchirure musculaire, mais cela se soigne aussi… Afin de dissiper sa grande confusion, remettons donc les idées dans l’ordre : non seulement notre association ne vient pas d’être créée, puisqu’elle existe depuis bientôt un an, mais elle n’est pas du tout apolitique comme il l’a écrit. S’il s’était mieux informé, il aurait fini par comprendre que notre association s’est toujours affirmée comme politique et que son indépendance à l’égard de tout parti, ce qui est différent, ne l’empêche pas de compter parmi ses membres des élus socialistes, comme Dominique Ternaux et Alain Mariage, qui suivent depuis longtemps les dossiers, comme celui de l’étude urbaine. Ce qui n’est manifestement pas le cas pour les membres du « village vert » dont la passion pour l’urbanisme doit remonter à une date assez récente puisqu’ils n’étaient même pas présents à la réunion publique, en juin 2007, où des architectes étaient venus spécialement de Lille pour présenter l’avant dernière étape de l’étude urbaine… devant un public de 10 personnes. Il faut dire qu'à cette époque, le PLU suscitait moins d’enthousiasme.
Certes, il faut bien un début à toute chose, comme dit le bon sens, et l’ignorance ne serait pas un mal si la fameuse maxime « mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose !» n’était pas devenue d’actualité. Quand la défense des intérêts privés se combine avec le large consensus sur le développement durable, les convictions écologiques deviennent rapidement alarmistes.
En effet, la présentation des informations, que vous avez pu lire sur les différents tracts distribués ces derniers temps, frise l'intoxication, l’imposture et la propagande mensongère.
Pour information, disent-ils : « l’actuel POS (Plan d’occupation des sols) va être prochainement remplacé par le PLU (plan local d’urbanisme) ». Or, si l’on suit les 4 étapes obligatoires avant l’adoption d’un PLU (voir notre document en annexe : Le Guide du PLU), il faut alors rappeler que nous n’en sommes même pas à la première étape. « Prochainement » signifie donc dans 2 ou 3 ans.
Mais là n’est pas le problème. Le plus grave arrive juste après lorsqu’ils s’agit de préciser les enjeux potentiels : "forte densification des constructions, forte augmentation de la circulation, réduction des zones vertes du POS actuel." Or les enjeux du PLU sont exactement le contraire, tout le contraire. Loin d’être une menace pour notre petite ville, le PLU est un rempart nécessaire contre des promoteurs immobiliers plus soucieux de leurs intérêts que du respect de l’environnement et du patrimoine culturel. En élaborant un PLU, notre commune dessinera un projet urbain qui lui donnera, par exemple, la possibilité de préempter un grand terrain et d’en maîtriser le développement ; car sans projet clairement défini, il est impossible d’exercer ce droit de préemption. Enfin, une fois qu’elle aura déterminé son projet, dans deux ou trois ans, la municipalité ne sera évidemment pas obligée de l’exécuter. Encore une fois, le PLU reste un bouclier contre un développement urbain anarchique qui, lui, ne ferait pas l’objet d’une concertation entre élus, acteurs professionnels et citoyens.
Que signifie maintenant le plan de transformation de Coye-la-Forêt qu’on trouve au dos de ces tracts et que nous reproduisons ICI ? A quoi correspond-il ? A rien de concret, sinon à quelques propositions de l’étude urbaine dont certaines, il faut bien le reconnaître, ne sont que des élucubrations d’architectes que les élus ont d’ailleurs déjà décidé de ne pas retenir, comme ce parking de 200 places près du petit pont… Mais à quoi bon énumérer tous les points donnant lieu à une avalanche de questions et qui reposent pour la plupart sur des arguments tronqués? Cette étude urbaine n’est qu’une base de réflexion pour l’élaboration du PLU, en aucun cas l’approbation d’un projet définitif. Le bureau d’étude désigné pour procéder à la première étape du PLU commencera d’ailleurs par faire un diagnostic de cette étude urbaine qui reste contestée sur certains points. On nous expliquera tout cela le 12 mars prochain, à 20h30 au centre culturel, au cours d’une réunion ouverte à tous.
Reste une dernière question. Pour qui se bat finalement cette nouvelle association ? Pour la préservation et la protection de notre patrimoine naturel et culturel ? Nullement, sinon elle aurait dû associer la Sylve à sa démarche. Contre les risques que les promoteurs immobiliers font peser sur notre commune ? Pas davantage et l’inverse est plus probable, c’est notre refus d’élaborer un PLU qui laisserait le champ libre à toutes les dérives. Alors pourquoi ?
Il est à craindre qu’il n’y ait dans toute cette agitation qu’une défense d’intérêts privés alarmés par l’aménagement de la place du Sauteur où il est déjà prévu de construire deux immeubles (voir notre reportage vidéo « le retour du logement social à Coye-la-Forêt " ). Car ce sont bien les mêmes qui hier alertaient l’opinion publique en convoquant la presse locale, distribuaient une pétition contre ce projet et transformaient récemment la réunion publique sur la révision simplifiée du POS en un débat houleux (voir notre article). Je vous laisse d’ailleurs lire, pour terminer, le rapport du commissaire enquêteur à propos de cette réunion, rapport qui est désormais mis à disposition du public. Il est surprenant que ce document ne figure pas parmi ceux mis en ligne sur le site du « Village Vert » alors que la plupart de ses membres fondateurs s’y sont largement exprimés. Ce document y brille par son absence. Curieux. Au regard de l'intérêt du débat, l’a-t-on caché aux yeux des Coyens de peur qu’ils n’en fussent éblouis ?
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6 commentaires
Commentaire de: Philippe Champetier Visiteur
Commentaire de: Marie-Louise Visiteur
D’après Google, c’est Talleyrand. A vérifier bien sûr.
Commentaire de: Un riverain Visiteur
Bonjour,
Habitant la rue Blanche, je cherche un peu à prendre position vis-a-vis de tout ça. Oui, je me sens égoïstement concerné par le projet “îlot de la Charmée” qui au regard du projet actuel viserait plus de la moitié de mon jardin. Alors sans m’être encore engagé dans aucune association, je n’arrive pas a trouver contradiction à l’argument disant que l’existence même du projet urbanistique, même s’il est a très long terme, fait déjà perdre de la valeur immobilière à nos terrains à cause même du fait de l’incertitude du développement du quartier. Pourriez-vous m’éclairer sur ce sujet?
Merci d’avance.
Cordialement.
Commentaire de: David Membre
Votre question, tout à fait légitime, revient à se demander si un PLU, qui tiendrait compte de l’étude urbaine où il est aujourd’hui prévu un remaillage de « l’îlot de la Charmée », ne dévalorisera pas les terrains qui le composent. Difficile de vous répondre de manière catégorique, néanmoins :
Les propositions concernant cet « îlot » ont été faites par le bureau d’étude car les architectes considéraient que “ce très vaste îlot est caractérisé par un bâti hétéroclite qu’il serait souhaitable de restructurer“. Il comprend en effet de grands terrains pour lesquels il ne sera pas possible d’interdire la division s’ils venaient à être vendus, division qui est possible à l’heure actuelle. Or, le propriétaire d’un grand terrain a financièrement intérêt à le diviser lorsqu’il le vend, comme l’expérience nous l’a appris avec l’exemple récent d’une propriété de l’avenue du Bois Brandin. C’est pourquoi les architectes proposaient de se ménager la possibilité de réalisation d’une promenade parallèle à la rue Blanche. Ils précisaient : “cette allée ordonne le remaillage de l’îlot à travers de petites venelles d’accès et autorise de nouvelles constructions s’inscrivant dans le respect du patrimoine végétal existant“. Les élus de la commission ont d’ailleurs insisté pour préciser qu’ils entendaient maintenir à la rue de la Charmée l’aspect qui la caractérise même si cela nécessitait d’étudier spécifiquement les problèmes de stationnement.
Dans la mesure où cette possibilité d’un remaillage éviterait que les grandes parcelles de terrain, qui composent cet îlot, ne soient divisées et ne se transforment en lotissements si elles devaient un jour être vendues à des promoteurs immobiliers, je vous laisse vous même apprécier le devenir de la valeur de votre terrain. Qu’est-ce qui le dévalorisera le plus? Que des lotissements apparaissent à côté de chez vous sans cohérence avec les lieux d’alentour ou qu’un PLU en empêche la construction et préserve la rue de la Charmée?
Le fait de prévoir ce remaillage ne signifie pas qu’il sera mis en oeuvre sur le champ par une municipalité qui, le jour de l’adoption du PLU, préempterait d’autorité tous les terrains. Si l’exécution de ce projet devait avoir lieu, elle se ferait au fur et à mesure des ventes… L’objectif à long terme étant de “requalifier", c’est à dire d’améliorer l’aspect et la qualité des constructions ou des modifications qui peuvent intervenir, il semble que la proposition des architectes soit d’intérêt général et ne soit pas de nature à dévaluer les biens existants, au contraire.
Commentaire de: Un riverain Visiteur
Je vous remercie pour cette réponse rapide et très bien rédigée. Je ne reste pas entièrement convaincu car sur la page 26 de l’étude urbaine de Coye-la-Foret, publiée sur votre blog, il est bien precisé que dans l’état actuel des choses tous ces terrains ne sont pas constructibles, n’est-ce pas là la meilleure garantie que nous pouvons avoir pour ne pas avoir un développement anarchique? Tout cela a tendance a me faire penser que les personnes qui soutiennent ce projet cherchent surtout à augmenter, de manière harmonieuse à leurs yeux il est vrai, la densité de population de Coye-la-Foret, parfois au détriment du cadre existant.
Quoi qu’il en soit nous aurons peut-être l’occasion d’en parler lors de la réunion du 12 mars.
Commentaire de: David Membre
Si, comme le souligne la page 26 de l’étude urbaine, une partie importante de l’ « îlot de la Charmée » est composée de « terrains cultivés à protéger et inconstructibles », il n’en reste pas moins que l’ensemble des zones concernées (UDa et UAb) reste constructible avec des surfaces respectives de 250 et 500m2. Il semble donc que, sauf contraintes techniques, des divisions soient possibles, et avec elles de nouvelles constructions… Je ne saurais vous dire maintenant si la réunion de jeudi parlera des points que vous abordez, mais de toutes façons, le projet concernant “l’îlot de la Charmée", dans la mesure où il prévoit la création d’une association foncière urbaine, ne se fera pas sans une concertation ni un accord des riverains.
Ce tract m’a fait plutôt rire… Effrayer le bourgeois avec l’éventualité de “Barres d’immeubles"…. et pourquoi pas des tours de 50 étages !!!! et l’installation des zup de Creil au centre du village….
Qui a dit “tout ce qui est excessif est insignifiant"…