Claude Domenech, un homme de théâtre
Claude Domenech, un homme de théâtre
Du Cercle théâtral de la reine Blanche….
Venu très jeune d’Espagne en France avec ses parents, Claude a vite adopté et aimé la langue française au point qu’il a voulu la servir en l’enseignant. Le goût des mots et des textes explique peut-être aussi ce qui deviendra dès son adolescence sa passion pour le théâtre.
Cette passion, c’est un enseignant qui la lui a révélée, Monsieur Sabathé, directeur de l’école primaire des Bruyères. Ayant lui-même suivi des cours de théâtre, cet instituteur animait un club dans la Maison des Jeunes et de la Culture située à l’emplacement actuel de la Résidence de La Sablière. Mais c’est la mise en scène surtout qui attire Claude. Dès 1967, il monte une adaptation de La nuit d’octobre, d’Alfred de Musset, avec notamment deux acteurs, Pierre Debert et Muriel Wilcox, qui sont aujourd’hui encore membres du Théâtre de La Lucarne.
La troupe s’appelle alors Le Cercle théâtral de la Reine Blanche. Les répétions ont lieu à l’école des Bruyères ou dans la salle du Sauteur, et les représentations dans le préau de l’Ecole du Centre.
… au Théâtre de La Lucarne : une activité ininterrompue
L’objectif de Claude a été de monter une pièce par an. C’est ainsi qu’étudiant en lettres à Amiens, il donne une représentation du Miracle de Théophile, de Rutebeuf, devant un parterre prestigieux de professeurs médiévistes, comme Jean Frappier, venus de La Sorbonne.
Parallèlement, à Coye, il joue le rôle du messager dans Antigone de Anouilh sous la direction de Jean-Claude Guilmart – que nous connaîtrons bien ensuite comme acteur du Théâtre de la Lucarne. Il met en scène Le Malentendu, d’Albert Camus, avec Pierre Debert, Paulette Morin et Elyane Cardon. Il y joue lui-même le rôle du domestique. Mais, reconnaît-il, les débuts sont difficiles. Les décors sont limités - une table, trois chaises - Au cinéma le Familia à Chantilly le public était moins nombreux que les acteurs sur scène ! Les éclairages sont fournis par des petits spots. « J’avais inventé une régie lumière avec un pupitre qui actionnait les interrupteurs. » Mais à Coye-la-forêt le public est nombreux dans le préau de l’école du Centre. Deux cent vingt spectateurs, dont la moitié était debout, ont assisté à la représentation de Maître Puntilla et son valet Matti.
C’est ainsi qu’au fil des ans de multiples pièces ont été représentées, environ soixante-dix, ambitieuses, fortes, comme L’Ensorcelé de Valle Inclan, La Tour de Babel d’Arrabal que Claude a rencontré auparavant. La troupe, devenue ensuite le Théâtre de La Lucarne, a fait des tournées dans l’Oise, s’est produite à Tours, au Mans, à Avignon, et même en Tchécoslovaquie.
Le répertoire est large et puise aux sources classiques avec Molière, Goldoni et Shakespeare comme il donne accès à des œuvres plus modernes, Claudel, Tennessee Williams.
1981, Le Centre culturel et le Festival Théâtral de Coye-la-forêt
La construction du Centre culturel de Coye-la-forêt a permis au Festival d’exister. Le maire de l’époque, Monsieur Macé, un grammairien, un lettré, avait confié à Claude alors adjoint, la mission de superviser cette réalisation. Et l’homme de théâtre a bien entendu voulu qu’une salle soit réservée au spectacle vivant, théâtre, musique, danse. Et dans cet esprit il a collaboré étroitement avec l’architecte, Monsieur Piclet. Pour que la culture ne soit pas la seule à bénéficier de l’attention de la municipalité, c’est à la même époque que la Halle des sports a été construite.
Le Festival est né sur une proposition d’une association de parents d’élèves, la FCPE, et le Théâtre de la Lucarne est devenu le premier partenaire de cette nouvelle association qui sera ensuite présidée par Jean-François Gabillet. A l’époque il n’y avait pas de gradins, pas de régie, la scène était en hauteur. Mais très vite les spectateurs ont été là, de plus en plus nombreux chaque année. La salle telle qu’elle est aujourd’hui a été conçue grâce au premier régisseur du festival, Rémy Bourgade. C’est la seule salle de l’aire cantilienne de cette qualité, dit Claude. Elle est très appréciée par les troupes, souvent prestigieuses, qui s’y produisent car elle favorise une grande proximité entre l’acteur et le spectateur. La construction d’une future salle de judo permettra à ce lieu de conserver toute l’année sa vocation de salle de spectacle de façon que Coye-la-forêt devienne le pôle théâtral de l’aire cantilienne.
Le théâtre à l’école… une école de théâtre
Pour que le théâtre devienne populaire, dans le meilleur sens du terme, qu’il ne soit pas réservé à une élite initiée, il faut que l’on puisse y accéder facilement, qu’il soit ouvert à tous. C’est la profonde conviction de Claude Domenech. C’est la raison pour laquelle, bénévolement pendant de nombreuses années, des membres de la troupe de La Lucarne, dont Claude, sont allés à l’école des Bruyères deux heures par semaine pour que les enfants acquièrent une pratique du théâtre et donnent leur représentation au Centre culturel. L’école est venue au théâtre. Les enfants de Coye ont vécu dans la proximité, la familiarité du théâtre. Cela explique sans doute qu’ils sont devenus maintenant des spectateurs assidus au mois de mai. Le programme actuel du Festival montre que les spectacles pour enfants et jeunes deviennent plus nombreux et connaissent un vif succès non seulement à Coye mais dans les communes voisines. Non des spectacles au rabais, précise Claude, mais des œuvres de qualité sélectionnées avec autant de soin que les spectacles dits pour adultes.
L’école de théâtre a ensuite complété cette initiation. Cinq acteurs de la troupe enseignent à une centaine d’élèves aujourd’hui, qui viennent de Coye mais aussi de Lamorlaye, de Senlis, d’Orry. Dans ce cadre, des élèves de terminale se préparent à l’option théâtre du baccalauréat. Parmi les anciens élèves, certains ont fait une carrière, comme Pauline Bureau, devenue comédienne puis metteuse en scène professionnelle, et Lucy Samsoën qui s’est produite avec succès en Avignon dans La Princesse d’Elide et qui sera présente au Festival cette année dans La Flûte enchantée.
Rayonnement et projets
L’action bénévole de la troupe ainsi que l’école de théâtre ont créé une dynamique qui a fait vivre et grandir le théâtre à Coye-la-forêt. Il rayonne ailleurs. Parmi les élèves de l’école, parmi les acteurs de la troupe se sont trouvés des enseignants auxquels Claude a donné la passion du théâtre et qui, à leur tour, dans leurs collèges ou lycées de la région, l’ont transmise à leurs propres élèves. Parallèlement, un acteur de la troupe a été tenté à son tour par la mise en scène, Eric Scellier. Il a fondé sa propre troupe, La Compagnie, basée à Montataire et rassemblant plusieurs acteurs issus de La Lucarne. La Compagnie joue maintenant à Coye-la-forêt chaque année. Vous l’avez vue récemment dans une pièce de Jean-Michel Ribes, Musée haut musée bas.
Le Théâtre de La Lucarne souhaite maintenant obtenir le statut de troupe professionnelle pour avoir le droit de faire de plus nombreuses représentations. La présence dans la troupe de Lucy Samsoën, elle-même professionnelle, favorisera ce projet.
"Quelque chose est né à Coye-la-forêt, a grandi, a prospéré", conclut Claude. "Mon souhait est que cela devienne pérenne, que cela ne disparaisse pas. Les politiques passent, l’essentiel est que le théâtre reste."
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9 commentaires
Commentaire de: claire vigier Visiteur
Commentaire de: hugues_morin Membre
Claude un sacré passionné! Il a lancé cette dynamique culturelle à Coye à une époque où les moyens étaient très limités. Je me souviens de la première projection du Ciné-Club au sauteur, la famille Morin au complet pour découvrir “Les Amours d’une blonde” de Lásky jedné plavovlásky, film tchèque réalisé par Milos Forman, sorti en 1965. J’étais “pré-ado” quel souvenir! béat devant les premières images d’une femme nue à l’écran. Puis le théâtre, les premières pièces, je me souviens d’une salle presque vide à Lamorlaye, mais l’aventure a continué avec le succès qu’on lui connaît aujourd’hui. Oui il s’agit bien d’aventure, un souvenir de gamin partant au préau de l’école du centre avec Maman qui jouait dans “Maître Puntilla et son valet Matti” et j’étais figurant. Encore Bravo à Claude et une équipe de passionnés d’avoir créé et continuier cette vie culturelle à COYE!
Commentaire de: lerappeur du60 Visiteur
WEsch lé mek Viv domenek c 1 pro o teatr!
Commentaire de: Jacquin Catherine Visiteur
Je suis émue de retrouver monsieur Claude Domenech sur ce site. Je n’ai pas oublié ce professeur de Français qui m’a fait apprécier à leur juste valeur quelques grands classiques, en classe de 4ème,3ème(CES Gouvieux). Bravo au professeur et à l’homme de théatre! Catherine Jacquin
Commentaire de: delahaye bernadette(lefort) Visiteur
je ne m’étonne pas de ce parcours si mes souvenirs sont bons tu étais déjà très tête dans les livres ici dans l’Yonne un prof de math de mes enfants a créé lui aussi une troupe de théâtre et c’est un franc succès bonne continuation
Commentaire de: francis_robin Membre
Monsieur le professeur,
Vous ne vous souvenez bien sûr pas de moi, et pourtant vous comptez beaucoup pour moi, car j’ai été votre élève vers les années 73-74 ,au lycée de Chantilly en classe de première D.
Je suis aujourd’hui médecin, et je vous dois en grande partie mon intérêt pour la littérature,la poésie , et plus largement, les relations humaines, si nécessaires dans mon métier.
Vous êtes un des rares enseignants qui m’aient vraiment aidé, influencé, et je cherchais depuis longtemps l’occasion de vous le faire savoir. Voilà, peut-être, qui est fait.
Très respectueusement.
Francis Robin
Merci, si cela est possible de transmettre ce message à Monsieur Domenech
Commentaire de: Didier Barthès Visiteur
Tout mon meilleur souvenir à Claude Domenech qui me donna des cours de français et à Jean Claude Grimal mon professeur d’économie qui me donna le goût des études. Ils étaient tous deux passionnés par ce qu’ils faisaient et le faisaient avec talent.
Commentaire de: Didier Barthès Visiteur
Bonjour à Hugues Morin
Oui, je me souviens aussi de cette projection !
Commentaire de: Dubois Nicolas Visiteur
meilleur souvenir claude tu me manques, merci de m’ avoir donné l’ occasion de jouer au festival, bonne continuation à ceux qui restent et peut-être à bientôt
Bravo Claude! quelle carriere! Qd je pense qu’il y a 28 ans…ça me rappelle de bons souvenirs!! je penserai bien à vous pd le festival, depuis ma Réunion lointaine! et qui sait, on se recroisera peut-etre au festival d’Avignon??