QUATREVINGT-TREIZE
D’après le roman de Victor Hugo
Par la Compagnie In Cauda
Adaptation et mise en scène : Godefroy Segal
Chez nous, il n’y avait pas la télévision. Le soir, avant d’aller dormir, on nous lisait des histoires, le plus souvent c’était mon père : il avait un grand livre à couverture cartonnée posé sur les genoux. Assis de part et d’autre, on écoutait le récit en regardant les illustrations : L’île au trésor, Sans famille, Jules Verne, Alexandre Dumas, Victor Hugo…
En cette belle soirée de l’année 2011, c’est nous, spectateurs, qui sommes les enfants à qui on raconte une histoire. Deux écrans symétriquement disposés sur la scène permettent à chacun de bien voir les images.
Les cinq comédiens qui prêteront leur voix à tous les personnages se présentent, tout habillés de noir, neutres, serviteurs du texte. En fond de scène, dans l’ombre, une table supporte les nombreux instruments qui permettent de créer des ambiances sonores. Pas de bande-son pré-enregistrée, mais des bruitages en direct. Nous voilà transportés tour à tour au fond de la forêt bruissante de chants d’oiseaux et de froissement de feuilles : c’est le domaine de Jean Chouan et des rebelles vendéens dont le signal de ralliement imitait le cri de la chouette ou du chat-huant ; sur une corvette en haute mer puis sur une simple barque au milieu des récifs de la côte bretonne ; au cœur des batailles qui opposent royalistes et républicains, et ça tire dans tous les sens, et ça sent la poudre ! ; à la Convention où s’affrontent Robespierre, Danton et Marat. Dix-sept cent quatre-vingt treize est l’année de tous les dangers : les puissances étrangères coalisées contre la jeune république, les provinces en insurrection, l’anarchie au sein même des révolutionnaires, les fractions, les tendances, les clubs divergents, les rivalités personnelles.
Il semble que ce soit une gageure de vouloir transposer sur une scène de théâtre un roman aussi touffu ; et puis, Victor Hugo, c’est un texte, c’est une langue – poétique, lyrique, épique !
Le pari est gagné : reprenant dans toute leur vivacité les dialogues écrits par Victor Hugo, les comédiens incarnent indifféremment les personnages les uns après les autres, ils ne s’aident pour cela d’aucun accessoire mais inscrivent dans leur corps et dans leur voix les caractéristiques des différents protagonistes : un déhanchement claudiquant distingue le marquis de Lantenac, la gueule de travers représente l’homme des bois, le Caimand, une certaine raideur caractérise Cimourdain. Faisant le liens entre les scènes jouées, il y a les morceaux racontés : deux comédiennes assurent avec passion le rôle du « récitant », celui qui fait avancer le récit. Et là encore c’est la prose de Victor Hugo que l’on entend.
Le pari est gagné : reprenant dans toute leur vivacité les dialogues écrits par Victor Hugo, les comédiens incarnent indifféremment les personnages les uns après les autres, ils ne s’aident pour cela d’aucun accessoire mais inscrivent dans leur corps et dans leur voix les caractéristiques des différents protagonistes : un déhanchement claudiquant distingue le marquis de Lantenac, la gueule de travers représente l’homme des bois, le Caimand, une certaine raideur caractérise Cimourdain. Faisant le liens entre les scènes jouées, il y a les morceaux racontés : deux comédiennes assurent avec passion le rôle du « récitant », celui qui fait avancer le récit. Et là encore c’est la prose de Victor Hugo que l’on entend.
Jamais on ne décroche. Le son, les images et les voix nous entraînent « tambour battant », c’est le cas de le dire, dans ce roman d’aventures qui est aussi une leçon de morale : en ces temps-là, quel que soit le camp auquel il appartient – royaliste ou révolutionnaire – et quel que soit son tempérament personnel – clément ou intransigeant – l’homme avait le sens de l’honneur et acceptait, ou même réclamait, la sanction qu’il méritait.
Les écrans redeviennent noir. Le livre se referme. Bien sûr, c’était une version pour enfants, ne retenant que la trame narrative et les principaux épisodes. Mais l’adaptation est fidèle et on a entendu la grande voix de Victor Hugo : profitons-en, c’est peut-être l’impulsion qu’il nous fallait pour aborder – ou retrouver – le texte intégral, ce monument de la littérature, et prolonger le bonheur du spectacle collectif et vivant par le bonheur de la lecture solitaire et silencieuse : Dans les derniers jours de mai 1793, un des bataillons parisiens amenés en Bretagne par Santerre fouillait le redoutable bois de la Saudraie en Astillé. On n’était pas plus de trois cents …
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J’ai eu grand plaisir à entendre le texte de Hugo, de très beaux extraits sur les moments forts de la révolution, sur la Convention et enfin sur la grandeur de “l’homme pensif".
Plus difficile à suivre, le récit des batailles et affrontements.